Chapitre 1

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« J'aime maladroitement peut être ...
mais tellement sincèrement. »


Monter les échelons pour arriver au sommet de sa carrière. Acheter une maison avec la personne aimée, fonder une famille, adopter un chien. Vieillir ensemble, cultiver son jardin, regretter notre jeunesse perdue, ronchonner sur cette jeunesse qui ne fait rien. Mourir, en paix, remplie de souvenir et de fragment du passé qui ne se raconterons plus. Les rails de la vie, monotone et linéaire, qu'on nous pose à la naissance qui devrait ressembler à ça. Parfait, simple et qui apporte le bonheur. 

J'ai 40 ans, propriétaire d'un appartement, une carrière au sommet, pas de chien et des histoires d'un soir. Mon petit train a déraillé. Sept ans avec la même femme et depuis j'enchaînent les histoires à courtes durées. Un soir, une semaine ou quelques mois, mais jamais plus longtemps. Les soirées dans mon bureau a crouler sous les papiers sont devenu mon quotidien. Quand on m'a proposé ce poste, j'ai vu la une consécration, la dernière étape de ma carrière. On ne m'avait pas prévenu que je passerais plus de temps à remplir et signer des papiers qu'à m'entraîner. Je suis aujourd'hui la propriétaire et la directrice d'une salle de sport, après avoir passé plus de 20 ans comme coach sportive.

Encore une heure maximum et je vais pouvoir rentrer chez moi. Dans ce grand appartement vide. Ces dernières feuilles à signer et un dernier tour sur ma boite mail. Parmi les spams, les pubs, les fournisseurs et les clients, je trouve ce mail que j'attendais tant. Cloé m'a répondu, après plus de 10 ans d'absence. Je cherchais des nouvelles de sa sœur, mais après avoir supprimé tous ses réseaux il y a 10 ans impossible de la retrouver sur Internet. Seulement une vielle page d'un cabinet d'avocat, qui indique qu'elle ne travaille plus là-bas depuis un moment.
Dans son mail, elle m'indique que sa sœur va tous les soirs à un parc pour enfant. Elle ne me donne pas plus d'information, car ce n'est pas à elle de le faire, selon ses mots. Un numéro de téléphone est aussi joint, mais je ne sais pas a qui il appartient. Cloé ? Marine ?
Le parc de jeu en question est à quelques rues de salle de sport où je travaille. Je me tasse au fond de ma chaise, et me perd dans mes souvenirs. Il y a presque 10 ans, ce petit bout de femme à passer le pas de ma porte pour la dernière fois. Je ne l'ai jamais revue, et je ne sais pas ce qu'elle est devenu. Si elle va dans un parc pour enfant, c'est qu'aujourd'hui, elle doit être maman. Combien d'enfants peut-elle avoir ? Ça se trouve elle est mariée. Est ce qu'elle est heureuse ? Est ce qu'elle a réalisé tous ses rêves qu'elle avait à l'époque ? Je meurs d'envie d'avoir toutes ses réponses et en même temps elle me terrifie. Qu'est que je vais pouvoir lui raconter, sur mes 10 dernières années. Que mon cœur est encore un peu plus brisé, que l'âge m'a fait perdre de mon panache et de ma superbe. Je suis une copie ternie de la personne que j'étais à l'époque.

***

Il m'aura fallu 10 jours pour me décider. À 17 h, j'ai ignoré tous les appels, les demandes, et les clients pour fuir. Les mains dans les poches de ma veste, je suis parti d'un pas décidé pour rejoindre celle qui occupe mes pensées. Je n'ai pas chercher à savoir a qui appartenais ce numéro, je n'ai pas répondu a Cloé et il est possible qu'elle ne soit pas là-bas ce soir.

Arrivé devant ce parc, rempli d'enfants qui jouent, un pincement ce fait ressentir dans mon cœur. Cette famille que je rêvais d'avoir a une période, a été mise dans un coin reclus de mon esprit. Je m'installe sur un banc et observe autour de moi. Il m'a fallu une dizaine de secondes pour la reconnaître un peu plus loin. Une brune les cheveux tirés sur le haut de son crâne, ce visage malgré le temps qui a passé que je reconnaîtrais toujours et son regard qui oscille entre le toboggan et son téléphone. Elle a l'air d'aller bien. Je suis trop loin pourvoir si son visage respire la joie ou s'il y a une bague à sa main. De loin, elle me paraît sereine. Je dois passer pour une folle, assise sur mon banc dans un parc pour enfant, à fixer cette femme. Je détourne le regard et observe le module de jeu. Pendant un temps, j'ai rêvé d'emmener mon enfant ici ou dans n'importe qu'elle parc. Le voir jouer, rire avec les autres petits de son âge. Mais aujourd'hui cette famille, j'ai fait une croix dessus, elle n'existe pas et elle n'existera pas.
Mon regard balaye la scène de long en large, sans jamais vraiment se poser. Je ne sais pas si je dois aller la voir. Je pose à nouveau mes yeux sur elle et à ce moment son regard se plante dans le mien. Une, deux minutes, je ne sais pas. Elle m'a vue et elle m'a reconnu. Je ne bouge pas pour autant de ce banc. Je suis comme paralysé. Je me perds dans une contemplation du bac a sable devant moi.
Une présence se faire sentir à mes côtés. C'est elle, cette énergie, je la reconnaîtrais entre mille. Son parfum est différent, un peu plus corsé, mais toujours floral. C'est elle à quelques centimètres de moi, et je n'ose pas la regarder.

-Tu comptais venir me dire bonjour ? Ou juste rester sur ce banc a observer ? Demande t'elle dans un sourire que je peux deviner.

Cette voix, qui sonne comme une douce mélodie, à mes oreilles. Il ne m'en faudrait pas beaucoup pour retomber pour cette femme.

-Je t'avoue que je n'étais pas encore décidé. Je relève enfin les yeux vers elle, et avec un petit sourire, je continue. Bonjour Marine.

-Bonjour Alexis.

Son sourire irradie son visage. Je peux enfin la détailler à mon aise. Quelques rides ont pris place au coin de ses yeux, ses yeux pétille toujours autant et son sourire est toujours aussi beau. Sa coiffure lui donne un air bien trop sérieux. Aucun mot n'est échangé, on profite de ce moment l'une à côté de l'autre. C'est trop tôt pour demander comment elle va, ce qu'elle devient et toutes ses questions qui fusent dans mon esprit.

-J'imagine qu'il y a un ou une petite là dedans qui est a toi ? Je demande.

-Il fait la queue pour descendre le toboggan. Avec les bouclettes brunes et le sweat rouge. Il s'appelle Timéo et il a 4 ans. Le petit homme de ma vie.

Je distingue le petit garçon qu'elle me pointe. Il saute partout et descend le toboggan à toute vitesse. Ses cheveux lui tombent devant les yeux et il a ce grand sourire, presque aussi beau que celui de sa maman, collé sur le visage. Elle est heureuse juste en le regardant. Comme s'il y avait senti qu'on parlait de lui, il déboule et vient se jeter dans les jambes de Marine. Cette image restera gravé à jamais dans mon esprit, Marine dans son rôle de maman qui lui va si bien. Il demande rapidement dans son babillage d'enfant qui je suis.

-C'est Alexis, une amie que je n'avais pas vue depuis très longtemps. Lui confie t'elle. Un dernier tour et on y vas.

Il acquiesce et repart aussi vite qu'il est arrivé. Elle se tourne vers moi et demande :

-Comment tu savais que j'étais là ? Je ne t'ai jamais vue ici, et je n'ai vu aucun enfant venir te voir.

-Je n'ai pas d'enfant et j'ai mes sources secrètes.

Elle rit à ma remarque, mais ne pose pas plus de questions. Son rire qui sonne toujours aussi bien. Le toboggan, le bac à sable et tous ses enfants qui courent n'ont jamais été aussi distrayant. Son fils fini par revenir après une dizaine de tours de toboggan. Il prend son sac sur son dos, elle récupère ses affaires et je les regarde faire. Des au revoir maladroit et je ne bouge pas. Il me faut bien trois minutes avant de me lever et courir après eux.
À quelques pas d'elle, je l'appelle.

-Marine ! Elle se retourne pour m'écouter avec un petit sourire. Viens boire un verre avec moi, la semaine prochaine. S'il te plaît. J'ajoute.

-Pourquoi j'accepterais ? Je ne sais pas si je vais avoir le temps.

-Je te dirais qui m'a dit que tu serais la ce soir. Juste un verre, une heure ou deux pas plus. Elle semble réfléchir, et le plus sincèrement, j'ajoute. Je veux découvrir ce que tu as fait de ta vie et si tu es heureuse.

-Un verre, pas plus ? Elle demande. Je hoche positivement, et un fin sourire me vient en réponse.

Elle s'approche de moi et me demande mon téléphone. Elle enregistre son numéro et me demande de la contacter quand je veux qu'on aille boire ce verre. Le pouvoir est entre mes mains qu'elle me dit. Un dernier signe de la main, et elle repart avec le petit Timéo main dans la main.


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Prochain chapitre mardi !

Et puis viens on s'aime encore un instantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant