Et puis viens on s'aime encore un instant

Chapitre 9

"Aimer c'est savoir dire je t'aime sans parler."

Marine est devenue une drogue avec le temps. J'étais déjà accro, mais c'est encore pire. Une drogue douce qui me mènera a ma perte. Et je plonge chaque jour la tête la première un grand sourire sur mon visage.
Assise sur mon plan de travail, un verre a la main elle m'observe cuisiner pour nous ce soir. Son regard me brûle la peau, je me sens épié de la tête au pied.

-Tu sais que j'ai des chaises et que tu n'es pas obligé de rester sur ce petit coin de meuble ?

-Très jolies chaises, mais non je suis très bien ici. Je peux plus facilement faire ça.

Elle attrape ma main, me rapproche d'elle et m'embrasse furtivement.

-Il y aura qui demain midi ? Me demande la brune.

-Milan, sa femme et ses filles, Mika et ses filles, Lina avec les jumeaux et son chéri.

-Comme à l'époque. Elle murmure.

Je rigole doucement, car je comprends bien que ce repas la stress, un peu. Cette famille que j'ai rencontrée il y a si longtemps que l'on a agrandi avec le temps reste impressionnante. Je sais d'avance qu'ils sont heureux de la savoir dans ma vie à nouveau. Je pose ma main sur sa jambe pour la rassurer et laisse le silence nous entourer un instant.

-Vous faites ça tout les dimanches, vous retrouvez pour un repas ?

-Au moins une fois par mois, voir plus suivant les occasions. Et on se réserve une soirée par mois qu'entre adultes responsable.

C'est à son tour de rire doucement. On a rien d'adultes responsable quand on se retrouve tous. C'est peut-être pour ça que notre dynamique tient aussi bien, car de temps en temps, on laisse les problèmes de côté pour profiter les uns des autres et redevenir des gamins.

-Ils ont quels âges tous ces enfants ? Demande t'elle curieuse.

Ma main toujours sur son genou, mon regard qui oscille entre mes préparations et elle, je lui parle de tout ce petit monde. Mes nièces, ces petites princesses que mon frère aime tant, les jumeaux de Lina ces terreurs qui nous font tant rire, les filles de Mika qui sont la sagesse de ce petit groupe. J'imagine déjà Timéo prendre place dans ce groupe infernal. Elle m'écoute avec attention et retient chaque détail que je peux lui donner.
À la fin de ma tirade, ma main quitte sa jambe pour s'occuper de notre repas. Deux petites minutes, c'est le temps qui lui faut pour se perdre dans ses pensées. Je ne sais pas ce qui se passe la haut, je ne le saurais jamais, mais j'ai l'impression que toutes ces questions ne la laisseront jamais en paix plus d'une heure. Je m'approche doucement d'elle et pose mes lèvres sur les siennes une demi seconde. Automatiquement, un sourire prend place sur son visage. 

-À quoi tu penses ? Je chuchote.

-Tu prévois quoi pour la suite ? L'avenir et tout ce qui va avec. 

-À tous les coups, tu y as déjà réfléchi. Qu'est que tu penses que l'avenir nous prévoit ?

Elle sourit et me fait remarquer que je la connais un peu trop. Elle m'explique ses rêves un peu fous où je suis là. Elle veut un chien, voyager, acheter une maison un jour. Qu'on soit une vraie famille tous les 3, qu'on organise des repas le dimanche avec mes amies, les siens et son frère et sa sœur. Elle imagine les grands barbecues après les après-midi au lac avec tous les gens qu'elle aime. Elle veut s'endormir dans le même lit que moi le plus souvent. Tous ces détails qu'elle ne m'a jamais dits. C'est à mon tour de boire ses paroles, et de les garder dans un coin de ma tête. Je me fais la promesse de réaliser au moins quelqu'un de ces rêves. À la fin de sa dernière phrase, son regard fuit le mien. Elle plonge ses yeux dans son verre de vin avant d'en boire le contenu. C'est timidement qu'elle me demande de répondre à la question. Je marque un temps d'arrêt dans mes caresses que j'applique sur sa jambe. Mes réflexions sur l'avenir n'ont jamais été plus que des hypothèses. C'était elle mon avenir rien de plus.