Chapitre 7

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"On transforme sa main en la mettant dans une autre."


La vie est faite de série, un élément qui se répète. C'est le chiffre 10 qui nous suit. 10 ans séparé, une dizaine de rendez-vous, 10 s pour briser la magie, 10 jours de silence. Je pourrais en trouver encore bien d'autre, mais ce sont les plus flagrants. J'ai noyé ce sentiment dans le travail et le sport comme je sais si bien le faire. Un jour après l'autre. Un morceau de mon cœur après l'autre, je tente de le recoller et de le rendre plus fort. Une belle illusion. Quand elle a poussé la porte de mon bureau, il a tenté de battre un peu plus fort. Pathétiquement, ce petit bout de cœur fragile tape un sprint dans ma poitrine quand elle s'assoit sur la chaise face a moi.

-Installe-toi, ne te gêne pas. Qu'est que tu fais ici Marine ?

-Je suis venu m'excuser, te dire que je regrettai mes paroles et m'excuser une nouvelle fois.

Pour seule réponse, je laisse tomber le silence dans la pièce.

-Je n'aurai pas dû m'exprimer comme ça la dernière fois. C'est loin d'être de la nostalgie tout ça, je m'en suis rendu compte bien trop tard. Je suis désolé, je sais que je t'ai blessé et je m'en veux. Toujours aucune réponse et c'est presque dans une supplication qu'elle demande. Tu me manques, parles moi s'il te plaît.

Je pourrais tendre la main, la toucher, lui sourire et balayer tout ça. Je me souviens de cette sensation, de mon cœur qui se fissure une fois de plus. Il faut qu'on stoppe cette catastrophe maintenant.

-C'est bon, tu as fini ? J'accepte tes excuses si c'est ce qui t'angoisse tant. Mais il faut qu'on s'arrête la, tu me parles de nostalgie quand je veux construire une vraie relation solide.

-Lexi s'il te plaît...

-Non, tu viens ici dans mon bureau, c'est moi qui parle. Comme tu l'as dit ça va être beau et fort, puis on va se détruire une nouvelle fois. La nostalgie va se transformer en colère ou haine, et ça va finir de tout gâcher. On arrête les frais ici et tout ira bien.

-Ce n'est absolument pas ce que j'ai dit, tu tentes juste de te protéger derrière ton grand discours. Je hausse les épaules aussi indifférente que je le peux. Je n'aurai pas dû dire ça, j'en ai bien conscience, et je n'aurai pas dû partir après cette phrase. Mais s'il te plaît, ne me repousse pas comme ça.

Je me pose dans le fond de mon siège et l'observe. D'ici c'est moi qui suis supposé avoir le pouvoir. Et pourtant, sur sa petite chaise, elle se tient droite, le regard dur, prête a en découdre avec moi. Je pourrais presque deviner la Marine qu'elle est dans son travail.

-Qu'est qu'il faut que je te dise ? Je me suis trompé, car au fond, tu m'impressionnes toujours autant. Je suis capable de faire de grand discours, de défendre mon point de vue devant des juges, mais pas devant toi. Je me suis trompé, salement trompé, je le reconnais. Et ça, c'est quelque chose qui n'a pas changé en 10 ans, je n'avoue jamais que j'ai tort.

-Tu as toujours eu trop de fierté. Je fais remarquer un petit sourire en coin.

Mon sourire doit encourager le sien à se dessiner. Ses épaules se détendent et son regard me couvre.

-J'ai bien compris que tu ne jouais pas et moi non plus. Ose me dire que si je pose ma main sur la tienne tu ne ressent rien ? Que si je m'approche de toi pour t'embrasser, tu vas me repousser ? Est ce que tu veux vraiment que je parte de ta vie ?

Je ne réponds rien. Elle s'approche du bureau, attrape mes mains, le regard planté dans le mien. C'est de cette femme-là que je tombe amoureuse. La femme déterminée, obstinée, sur d'elle, mais sensible. Il n'y a pas à chercher plus loin, j'aurai beau la repousser autant de fois que possible je suis éperdument amoureuse de Marine. Sa peau contre la mienne me brûle, son regard insistant pourrait me faire rougir et ses lèvres m'attirent à chaque fois.

Et puis viens on s'aime encore un instantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant