Chapitre 10

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"Peut être qu'on se retrouvera et qu'on sera meilleur l'un pour l'autre"


Tout est question d'un équilibre complexe qui nous échappe totalement. L'univers, les relations humaines, notre personne. On a pièce par pièce tenté de construire cet équilibre de couple, toutes les deux. Par la force des choses, tout tenait debout. Une question, une phrase plus forte que l'autre, une porte qui claque et tout s'écroule. J'ai senti la colère monter en moi, grandir et prête a exploser. Lâchement, je suis parti.

J'entre sans frapper, ferme la porte un peu fort et m'écroule dans le canapé à ses côtés. Elle ne lève pas les yeux du film qui tourne à la télé et me laisse seule avec mes émotions. C'est seulement après dix minutes de silence qu'elle m'adresse la parole :

-Déjà, pourquoi tu es là alors que c'est le seul week-end de l'année où je me retrouve seule sans enfants et sans mec ? Et si tu comptes rester là pour râler, apporte-moi une bière avant de commencer.

Sans un mot, je me dirige vers le frigo et ramène deux bières.

-Pourquoi tu fais une tête de personne qui va mettre son poing dans un mur ? Demande Lina.

-Je me suis pris la tête avec Marine.

-Ce n'était pas le grand amour sous le soleil ? Pourquoi ça a pété ? 

-Elle a voulu parler de mon travail et c'est monté dans les tours. Comme quoi mon travail ne me rend pas heureuse, que je ne suis pas épanouie et que je devrais faire autre chose.

-Elle a pas tort. Fais remarquer ma cousine.

Comme toute à l'heure l'envie de tout envoyer valser monte. Je porte mon attention sur les images qui défilent a la télé tout en ignorant les paroles de ma cousine du mieux que je peux. Ce silence pesant dure une vingtaine de minutes. Rien que mes pensées et la bière que j'amène a ma bouche mécaniquement a intervalle régulier.

-Ca fait combien de temps que vous vous reparlez ?

Sans réfléchir plus d'une demie seconde, je réponds à sa question.

-6 mois.

-Et combien de temps que vous êtes ensemble ? Enchaine Lina.

-Un peu moins de 2 mois.

Elle réfléchie un instant. Un trop long instant. De but en blanc, elle lance : 

-Abandonne maintenant, ça va pas fonctionner cette affaire.

Je manque de m'étouffer avec ma bière. Le plus calmement possible je lui demande de développer.

-Ca fait 2 mois que c'est sérieux et vous n'arrivez déjà pas a vous parlez. Je t'ai vue à la fin de ta relation il y a 10 ans, croit moi c'était pas beau à voir.

-Autre chose à dire ? Je demande ironiquement.

-Je ne rigole pas, Alexis, j'ai pas envie de te ramasser a la petite cuillère une nouvelle fois. Vous vous aimez très fort, c'est super, mais est ce que c'est suffisant ?

-Tu as fait des enfants avec un coup d'un soir, pourquoi tu te permets de juger mon histoire ?

-Je suis encore avec ce « coup d'un soir ». Dit elle en mimant des guillemets. Et tu adores les jumeaux et Milo.

-Je ne peux pas parler avec toi, bonne soirée.

Je pose ma bouteille vide sur la table basse, récupère mes clés et part sans attendre de réponse. Je me retrouve dans ma voiture à conduire sans but comme il y a une heure quand je suis parti de chez ma copine. C'était une mauvaise idée de venir chez Lina et je suis maintenant encore plus énervé qu'au début. Elle n'est pas là pour voir que mon visage s'illumine dès qu'elle rentre dans une pièce. Elle n'est pas là pour sentir mon cœur s'emballer quand elle me sourit. Elle n'est pas là pour comprendre qu'il n'y a qu'elle qui m'apaise et me rend heureuse. Elle n'a pas le droit de juger.
J'ai fui comme une lâche dans les deux situations. C'est ce que je suis devenu au fond. Une lâche. J'ai peur d'affronter ces vérités et problèmes qui vont me faire du mal. Le premier problème est mon travail, et elle l'a su dès le premier jour. 

Et puis viens on s'aime encore un instantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant