Encore un instant

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-Marine-


« C'est une bonne chose d'avoir peur, ça prouve qu'on a encore quelque chose à perdre ».

Qu'est que c'est aimer correctement ? Comment on peut aimer doucement quand on pourrait donner notre cœur à cette personne ? Comment on trouve un équilibre quand notre seule certitude, c'est elle et l'amour qu'on lui porte ?
On sait vivre l'une sans l'autre, on l'a fait. On apprend à vivre avec ce vide, on n'oublie jamais. Mais comment on peut à nouveau vivre sans cette femme quand on a touché ce bonheur une nouvelle fois ?
On s'était promis de ne pas faire les mêmes erreurs. On a fait toutes les autres. Avec la seule constante, la seule certitude qu'on s'aime.

Doucement.
S'aimer moins fort donc se voir moins. C'est le seul compromis qu'on a pu trouver. Seulement une fois ou deux par semaine, on se retrouvait. Moins de contact, moins de baiser, moins de long regard, moins de long discours. Des discussions de circonstance et des longs silences. On ne sait pas faire semblant, alors doucement, on s'est à nouveau séduit. Son sourire, son regard, ses petites attentions, me faisaient fondre un peu plus a chaque fois pour elle. Quand sa main rencontre ma peau par inadvertance, mon corps brûle pour elle. Le désir et l'amour qui font ragent au fond de sa pupille, me déstabilise.
C'est étrange de se retenir d'aimer. C'est comme si on essayait de piéger un monstre, sauvage et indomptable, au fond de sois. C'est étrange et impossible quand la personne qu'on aime est là à nos côtés.

6 mois doucement. 6 mois sans sentir sa peau contre la mienne. 6 mois sans pouvoir l'embrasser quand j'ai envie, sans pouvoir lui dire « je t'aime » quand j'ai envie. Un jour, cette frustration explose.

Ça ne fonctionne pas, ce n'est pas viable pour nous. On a tous balayer d'un revers de la main, peut être trop vite encore une fois. On avait chacune de notre côté nourri ce monstre d'une colère nouvelle.
On essaye de construire un équilibre de famille. Une famille aimante et stable avec Timéo. On sourit, on rit, on discute, on s'aide devant lui. Une fois qu'il n'est plus là les mots sont ferme, abrupte, crue.
On s'est retenu de s'aimer pendant si longtemps que cette fois tout est dit. Chaque mot est là pour faire réagir. Blesser l'autre. J'ai arrêté de compter le nombre de fois ou les larmes ont coulé. Combien de fois est-elle partie de chez moi les joues encore humide à cause de ma colère ? Combien de fois je suis partie pleurer loin de son regard en colère ? Chaque rancune, reproches étaient une lame qu'on porte près de notre cœur. La vérité est ce qui fait le plus mal. J'ai eu peur de la décevoir, de ne pas être à la hauteur de cette femme que je met depuis toujours sur un piédestal. Alors je l'ai lâchement blessé.

J'ai crié pour qu'elle me voie. Qu'elle voit que derrière toute cette colère, je l'aime et j'ai besoin d'elle. J'aurais voulu crier au monde entier que je l'aime. Comment je peux le dire à la terre entière quand je ne peux pas lui dire à elle ? Une colère constante brillait dans ses pupilles. Alexis était devenu une inconnue. J'étais devenu une inconnue.

3 mois sans aucun répit. 3 mois à ce lancer de cruelles vérités. 3 mois sans sentir ses caresses sur ma peau.
Un soir les mots ont été plus fort que les autres, plus tranchant que les jours d'avant. Son masque s'est brisé, le mien était couvert de larmes tordu par la rage et la douleur. Après de trop longues semaines, j'ai retrouvé ces bras, dans lesquels je me suis réfugié. Ce monstre qu'on avait nourri au fond de nous est mort ce soir-là. On s'est aimé. C'était brutal, puis doux. Destructeur. Je me suis enivré de sa peau, de son odeur, de son touché.
La collision de deux âmes, avant le calme. On s'est endormie dans les bras l'une de l'autre. Sans un mot, mais avec une infinie tendresse. Au petit matin, ses doigts se promenaient sur la surface de ma peau sans vraiment me toucher. Face au dilemme qui prenait place dans son esprit, j'ai fait semblant de dormir. Elle a hésité une seconde puis c'est levé. Sans un bruit, elle a ramassé ses affaires, elle s'est rhabillée avant de s'approcher doucement de moi.

Et puis viens on s'aime encore un instantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant