Et puis viens on s'aime encore un instant

Chapitre 2

« Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécus. »

Une semaine à ressasser tous les scénarios qu'il pourrait se passer. Nous avons rendez-vous ce soir, dans un bar. J'ai longuement hésité, est ce que je dois vraiment venir perturber son petit équilibre ? Elle n'a rien demandé et je débarque avec toutes mes questions. J'ai tant bien que mal mis de côté ces questionnements pour envoyer ce message. Rapidement, nous avons trouvé un lieu de rencontre, la conversation s'est fait d'une manière si fluide.

Ma cigarette a la main, une mauvaise habitude que je n'ai pas perdue en 10 ans, je tente de calmer mon esprit et mon impatience. Une main se pose sur mon épaule, je me retrouve face a cette jolie femme un sourire rayonnant sur le visage. Sans un mot, nous allons nous installer et c'est toujours sans un mot entre nous que nous passons commande. On se détaille, on se juge du regard. Aucune bague a son doigt, je déduis qu'elle n'est pas mariée. Un soulagement ?Peut-être.
Ce genre de silence ne dure jamais longtemps, elle le brise avec une question simple.

-Tu vas bien ?

-Sans te mentir, je dirais stressé.

-Moi aussi. Me confirme la brune.

Un petit sourire se créer en symbiose sur nos visages.

-J'ai été surprise de te voir là-bas, la semaine dernière. La dernière fois, c'était, il y a presque 10 ans. Comment tu as su ?

-C'était, il y a presque 10 ans oui. Comment j'ai su ? Cloé.

Je réponds sans laisser place au doute. Ses sourcils se froncent et sa mâchoire se contracte.

-Pourquoi ma sœur ? Il me faut un peu plus de détail.

-Je peux reprendre du début, du pourquoi on est là aujourd'hui. Elle hoche la tête dans un oui. Il y a quelques semaines, j'étais dans un bar et j'ai rencontré une fille qui m'a fait penser a toi. Pas que je t'ai oublié, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas autant pensé a toi. Cette fille, brune et les yeux bleus, têtus, pleines d'ambition comme toi. J'ai eu ce besoin viscérale de savoir ce que tu étais devenu. 10 ans, il s'en passe des choses. Comme le fait que tu ne sois plus sur les réseaux, et un déménagement. J'ai cherché dans la ville où tu étais parti il y a 10 ans, les cabinets d'avocats, le palais de justice sans jamais trouver une adresse mail ou un numéro. J'ai retrouvé le mail de ta sœur et coup de chance elle m'a répondu.

-Ça t'a pris combien de temps toutes ces recherches ?

-À tout casser 2 ou 3 heures ou peut être une après-midi. Mais je t'avoue que si ta sœur ne m'avait pas répondu je ne serais pas allé chercher plus loin. C'est le destin qui a bien voulu qu'on soit là aujourd'hui.

« Le destin » répète t'elle doucement. On se l'était dit que si nos chemins devaient se croiserà nouveau se serait un signe du destin. Je l'ai peut être forcé cedestin en fin de compte.

-J'ai déménagé, il y a presque 5ans, avant la naissance de Timéo. Commence Marine. Je voulais me rapprocher de ma famille. Nathan, le même qu'il y a 10 ans, m'a suivi dans mon idée. On est bien là pour ça, se raconter nos vie sautour d'un verre ? Je ne voudrais pas monopoliser la parole pour rien.

-Je n'en demande pas moins. Tes paroles ne m'ennuie pas, donc continue, je vais sûrement avoir mille questions.

-Tu me raconteras ce qu'il t'est arrivé ? J'ai du mal à croire que tu ne sois pas en couple. Demande t'elle timidement.

Un oui de la tête et ses lèvres se délient. En 10 ans mille et une chose peuvent arriver. L'évolution de sa vie amoureuse avec Nathan, d'un appartement, ensemble, à un déménagement à l'autre bout du pays et enfin un enfant. Sa carrière qui a évolué, les affaires qui la passionnent toujours, sa spécialisation dans l'écologie pour aider son frère lorsqu'elle est revenue ici. Alex son meilleur ami devenu son voisin, car il traversé le pays à nouveau avec elle. Sa séparation avec son compagnon, comme elle l'appelle, car il n'avait plus de sentiment l'un pour l'autre. Ils étaient passés d'amant à parent, mais des parents magnifique pour Timéo pendant 3 ans côte à côte. Ce petit garçon dont elle parle avec des étoiles dans les yeux.

À mon tour, je me suis confié. De coach sportive à directrice de cette même salle de sport. Ce rythme de vie qui ne me convient pas vraiment, mais ce sentiment glorifiant voir grisant d'être arrivé à bout de mon projet. Ma relation avec Laura, qui ne démarrait pas comme je l'espérais à l'époque, mais qui aura duré presque 8 ans. 8 ans de bonheur, avec une fin en douceur ou du moins c'est ce que j'ai essayé. Je n'ai pas eu le choix, je suis parti et je l'ai laissé vivre sa vie. Mes amis, mon frère ou encore ma cousine toujours là pour me soutenir quoi qu'il arrive.
10 ans, l'eau à coulé, le temps a filé, mais elle écoute toujours aussi bien. Elle s'imprègne de chaque mot, chaque réponse, chaque émotion.

-C'est beau ce que tu as fait, partir pour la laisser vivre sa nouvelle histoire d'amour. Mais pourquoi avoir entamé cette histoire si tu savais cela perdu d'avance ? Demande la jeune maman doucement.

-Honnêtement ? Je ne sais pas. Peut-être que je pensais pouvoir la faire changer. Qu'elle abandonne son côté polyamoureuse pour n'aimer que moi.

-Pourtant, vous avez dû en parler ensemble avant. Je ne comprends pas pourquoi tu t'es lancé la dedans sachant que tu allais en souffrir. Avant que je ne puisse répondre elle ajoute. Je suis désolé de la manière dont je le présente, mais c'est comme ça que je le vois.

-Elle m'a expliqué, peut être après 6 mois à se fréquenter, qu'elle était polyamoureuse. J'ai tout de suite dit qu'avec moi, c'était la monogamie ou rien. Et en quelque sorte on est arrivé à un compromisou nous deux on serait un couple, et que le jour ou elle tomberait amoureuse de quelqu'un d'autre je m'éclipserais.

Elle lève les yeux au ciel, face a mon explication. Je ne peux m'empêcher de sourire face à son comportement. Elle est toujours aussi têtue et s'arrête seulement quand la réponse finale lui convient.

-Mais toujours est il que je ne comprends pas pourquoi tu as accepté toutça sachant...

-Et je ne te demande pas... Je le coupe.

-Tu ne me demandes pas de comprendre ton choix, juste de l'accepter, je sais. Me coupe t'elle à son tour.

Nos regards se croisent et deux grands sourires naissent. Je me permets de la rassurer une nouvelle fois.

-Ca m'a fait un mal de chien de partir, mais j'ai été la plus heureuse pendant 8 ans à ses côtés. Aujourd'hui, je suis heureuse dans ma vie et c'est tout ce quicompte.

-C'est faux, mais si tu veux, je peux faire semblantde croire ce que tu me dis. Je fronce les sourcils et elle ajoute. Tu n'as plus cette flamme, qui donnait l'impression que tu allais conquérir le monde dans les yeux. Donc, non, je ne te crois pas quand tu dis que tu es heureuse. Ou alors tu l'es, mais pas totalement.

-Je n'ai plus 20 ans et je ne compte plusconquérir le monde. Je réponds simplement. Et toi, tu es heureuse ?

Elle semble réfléchir un instant, ses yeux se perdent dans la foule environnante. Il lui faut quelques secondes avant de se reconnecter et de dire :

-Je fais en sorte d'être en accord avec chacun de mes choix. Je suis entouré de personne que j'aime. Mon fils me comble d'amour. Alors oui, je crois que je suis heureuse. Et si tu veux savoir, avoir croisé ta route contribue à ce bonheur.

Sa réponse me fait sentir plus légère. Elle n'a pas tort, je ne suis pas totalement heureuse dans ma vie, mais je suis bien avec moi-même et mes décisions. Je sais que je fais les choses pour les bonnes raisons et cela me suffit. Elle est heureuse, bien entourée, je ne pouvais pas rêver mieux pour elle.

La conversation continuesur une note plus légère. Les sujets s'enchaînent sans jamais de silence pesant. On rit, on confronte nos avis et nos expériences, on se confie et surtout, on écoute, on récolte chaque petite info que l'autre laisse.

La nuit tombe et dans la pénombres ces deux femmes commandent un dernier café. Il a le temps de refroidir sur la table. Aucune ne souhaite stopper ce moment. Deux amies, autrefois amantes, qui se retrouvent 10 ans plus tard. Une nouvelle énergie qui parcourt leur corps et leurs cœurs. Leur secret et leurs fissures se dévoilent pour finir à vif face a l'autre. Elles n'iront sûrement pas conquérir le monde, mais elles se reconstruisent l'une avec l'autre. Sous les étoiles, au milieu de ce brouhaha, sur la table de ce petit café - bar, un nouveau lien se tissent. Pas aussi puissant que celui qui est née sur ce banc, quelques kilomètres plus loin quelques années plus tôt, mais peutêtre plus solide. Différent et plein de surprise.

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Prochain chapitre mardi !