Chapitre 10.

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[Restaurant Dutch Kitchen ; Dalton, Ohio ; aube]

Temps écoulé depuis le début de l'épidémie : 4 mois et 18 jours.


En silence, le petit groupe rassembla leurs affaires et chercha des cachettes. Le bâtiment avait été une ancienne ferme si on en croyait la brochure qu'ils avaient trouvé le premier jour et les pièces de l'étage étaient toutes des chambres transformées pour remplir d'autres fonctions ou des salles de bain. Simon fut installé dans le grand placard de la salle de repos avec pour mission de garder Echo calmer et silencieuse. La chienne avait repris du poids et des muscles, l'homme était le plus à même de la maintenir en place. Alors que Winnie la caressait pour la rassurer -et elle-même-, Adam et Sasha déplacèrent le canapé pour créer un petit coin dans l'angle des deux murs. Il serait assez grand pour que l'adolescente toute fine s'y faufile et y tienne en position fœtal mais trop petit pour attirer l'œil. Quand ils aidèrent la jeune fille à s'y insérer, elle les arrêta d'une pression sur l'avant-bras chacun.

‒ Pourquoi on se cache ? murmura-t-elle, les pupilles vacillant entre peur et incompréhension. Et s'ils étaient gentils ?

‒ Et s'ils le sont pas ? contre-attaqua Adam, lui aussi à voix basse. Tu entends comme ils hurlent ?

Et c'était vrai. Même si la conversation d'en bas était inaudible pour eux, ils pouvaient entendre le ton énervé et agressif. Les cris de douleur ne s'étaient pas arrêtés non plus.

‒ Mais et si tout ce qu'ils ont besoin c'est de l'aide ?

‒ Ca vaut pas le risque Winnie...

‒ Tu es sûr ? Je pense que-

‒ Je vais aller voir, la coupa Sasha. Toi tu te caches, OK ?

‒ Sasha, dit le jeune homme entre ses dents. C'est pas une bonne idée.

‒ Elle a raison, peut-être qu'ils sont sympas et ont juste besoin d'aide.

‒ Ils ont l'air vachement agressifs pour des mecs sympas.

‒ On est tous un peu à cran avec le bordel qui nous est tombé dessus ces derniers mois, raisonna la jeune mère. Je vais juste jeter un œil, pas plus. Je ne me montrerais pas.

‒ Tu resteras cacher ?

‒ Promis, confirma-t-elle.

‒ D'accord alors... mais fais attention ! Si tu le sens pas, tu fais demi-tour.

‒ Merci Sasha ! s'exclama l'adolescente presque trop fort alors qu'elle l'attirait dans une rapide accolade.

La jeune femme lui tapota le dos puis s'éloigna et la força à s'accroupir derrière le canapé. Elle lui passa son sac à dos et se tourna vers Adam.

‒ Caches-toi, je reviens vite.

Afin d'être plus légère et furtive, elle lui confia son sac à dos et sortit à pas de loup de la pièce. Sa bouche tordue dans une grimace étrange due à sa concentration, elle referma doucement la porte et marcha vers les escaliers. Plus elle avança dans cette direction, plus les voix étaient claires, ainsi que la discussion.

‒ Arrête de beugler putain, tu vas attirer tous les mordeurs du coin !

‒ J'arrive pas à voir s'il s'est fait mordre, il bouge trop !

‒ Fais-le s'arrêter de gueuler ! reprit la première voix.

En haut des escaliers, Sasha se baissa au ras du sol et tenta d'apercevoir les individus mais elle ne voyait pas grand-chose si ce n'était des pieds en demi-cercle. Si elle voulait avoir une vue plus dégagée, elle devrait descendre de quelques marches et il en était hors de question. À la place elle s'allongea à plat ventre et colla sa joue au sol. Si elle faisait fit des disputes et des cris de douleur, elle pouvait entendre des infectés grognaient et tapaient contre les vitres du restaurant. L'ensemble rendait l'atmosphère plus que pesante. C'était comme si l'air s'était épaissi et rendait la respiration de la jeune femme difficile. Son cœur battait à tout rompre et, au moindre bruit un peu fort elle sursautait.

Le lendemain, le monde existait encore.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant