Partie 1: Alesia

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Avez-vous déjà eu la sensation que votre existence, dans la moindre de ses composantes, ne tenait qu'à un fil ?

Un fil invisible, d'apparence fragile, mais qui s'était bien gardé de vous confier ce secret : le destin se jouait de vous, depuis le début.

Souvent, la fin a quelque chose de déchirant, mais parfois et heureusement pour moi, elle ne présage que le début d'une nouvelle ère. Elle est l'héritage d'un échec, l'amertume de la déception qui se mue en un renouveau plein de promesses.

Boom. Boom. Boom.

La sensation afflua, électrisant mon corps et martelant mon cœur.

Je me réveillais, haletant et totalement désorienté. J'avais fait ce rêve, encore, un songe qui submergeait mes nuits et mes pensées depuis plusieurs semaines déjà. Il me fallut quelques minutes pour réordonner mon esprit et pour forcer ce corps qui semblait cloué au matelas à quitter son nid douillet afin de pouvoir, comme chaque matin, faire soigneusement mon lit.

Mes paupières s'étaient naturellement entrouvris vers cinq heures du matin, et je remerciais mon horloge interne pour m'avoir extirpé de cette même vision d'un simulacre de Jungkook entrain de fuir sans savoir quoi, ni pourquoi.

La sensation de chute libre qui me prenait à chaque fois que je plongeais dans ce rêve m'était insupportable. Enfermé dans mon propre subconscient, j'étais en total perte de contrôle, arpentant les quartiers de mon enfance sans comprendre ma panique naissante. Je connaissais chaque parcelle des ruelles que je parcourais et pourtant je me sentais totalement étranger à mon environnement, à la dérive.

Si les rêves étaient le reflet de notre inconscient, je serais bien curieux de connaitre la signification de celui-ci.

De toute manière, l'heure n'était plus à la réflexion. L'aube qui se profilait doucement à travers la fenêtre de ma chambre m'indiquait que cette journée un peu spéciale était enfin arrivée. A ma plus grande surprise, j'avais eu l'honneur de recevoir hier soir une convocation pour me présenter devant le Conseil aujourd'hui même.

Profitant des premiers rayons du soleil et de la végétation naissante de ce début de printemps, je ne perdis pas de temps et exécuta mon habituel footing autour de la résidence, quarante-cinq minutes, ni plus, ni moins.

Ma séance de méditation terminée, je me hâtai de nettoyer consciencieusement ma dague, l'objet qui m'étais le plus précieux et qui m'avait naturellement été transmis lorsque j'eus atteint ma majorité.

En dépit de l'heure plus que matinale et sans grande surprise, je me retrouvais à nouveau seul, père ne s'encombrant que de très peu de repos. C'était dans ces moments-là que la présence de ma mère me manquait. Mon cœur se serrait, mais mon agenda m'empêchait comme toujours de m'attarder sur le passé.

Vérifiant à deux fois l'heure sur l'horloge murale de la cuisine pour m'assurer que le temps était toujours de mon côté, je me dirigeai vers mon vaste dressing pour y récupérer mon uniforme.

J'aimais décrire celui-ci comme un hanbok, mais à l'épreuve des balles. Cette version revisitée était entièrement constituée de tissus nobles aux couleurs sombres anthracites et confectionné sur-mesure, assez prêt du corps, afin d'épouser le moindre de mes mouvements.

Le geste précis, j'enfilais avec soin le noble habit et apporta la touche finale en nouant la ceinture noire qui me permettait de transporter mon arme de service. Ma dague rejoignit le fourreau et j'apportais la touche finale en nouant d'un ruban pourpre ma longue chevelure brune en un chignon serré, parfaitement exécuté.

L'évadé. ◐Taekook◑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant