Chapitre 23

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FEVRIER 2019



J'ai quand même eu le droit à un tribunal quand je suis arrivée chez moi. Il y avait même la mère de Yacine qui l'accompagnait. Apparement il était puni mais quand il a dit sa sa daronne que c'était un cas de force majeur elle a accepté qu'il se déplace jusqu'à chez moi à condition qu'elle l'accompagne. Le boug a vingt-trois ans, mais les mamans reubeu on les connaît, jusqu'à la tombe elle lui mettra des coups de torchon.

Ça c'est pas vraiment bien passé, les mecs étaient silencieux mais les dames, Inès, Romy et la mère de mon meilleur ami étaient révoltées. Si je les avait pas calmées elles auraient pris fourches et torche pour monter sur la capital. Les garçons quant à eux je les connais, un peu comme moi il garde leur colère silencieuse. A quoi ça sert de se scandaliser dans le vent ? Balancer sa haine et sa frustration, personnellement, ça ne m'a jamais apaisée.

Par la suite, les jours passent et ma vie continue son cours classique. J'ai passé les fêtes de Noël avec mes parents et mon frère, et nouvel an seule. J'ai bien été invitée à une soirée mais déjà elle sentait le bourbier à plein nez, puis je travaillais donc l'un dans l'autre, c'est pas plus mal. Puis pour fêter quoi ? Une nouvelle année qui sera plus ou au moins aussi flinguée que la précédente ? Pas envie.

Mes semaines se ressemblent toutes mais je trouve un certain plaisir dans la routine, je suis au moins certaine que rien ne viendras me déranger. Comme promis, je me suis plutôt vite détachée de la bande parisienne, en fait je les ai tous bloqués, partout. Ça m'a fait mal au cœur mais c'était nécessaire. Une semaine après mon retour, ils insistaient encore à m'appeler et tentaient de me contacter sur tous les réseaux mais j'en ai eu marre alors j'ai boycotté tout le monde. Même Manel quand ils ont commencé à utiliser ses comptes pour me parler.

Ils sont déterminés mais je le suis d'autant plus.

On est déjà en février et je ne sais pas ce qu'il deviennent. Si mes souvenirs sont bons, Mathieu devait commencer sa tournée au début de l'année et grand bien lui fasse. J'espère pour lui qu'il kiff sa vie parce que j'ai beau dire ce que je veux, je suis loin de kiffer la mienne.

Au début j'étais blasée, puis en colère, puis j'me suis sentie bête en me regardant dans le miroir et en me demandant ce qui n'allait pas chez moi. Alors j'étais à nouveau en colère, et je me suis sentie salie. Et maintenant, bah j'me sens bizarre. J'essaie de ne plus y penser mais il faut avouer qu'il y a toujours quelque chose qui me rappel les six derniers mois. Et que je le veuille ou non, ils ont tous laissé un grand vide quand je les ai chassé de ma vie.

Certains matins, quand je me réveille à trois heure trente pour aller bosser, j'ai parfois le réflexe de vouloir appeler Mathieu pour le réveiller. Comme je faisait avant, quand j'ai compris que ça l'embêtait plus qu'autre chose. Puis je me reprends, et j'me sens stupide. Je pensais pas qu'il prendrai autant de place dans ma fameuse routine, et qu'il allait falloir que j'en reconstruise une de A à Z.

Et cette routine, elle reprends avec mes amis, à rien glander de nos samedis parce qu'on est trop flemmard pour sortir. Je suis assise entre les jumeaux qui jouent à la play sur leur canapé. A part les quelques insultes de Samir, on est plutôt calme. Moi je mange et eux sont absorbés par leur jeu. On attend Yacine et Inès qui devrait déjà être là mais comme d'habitude ils sont en retard. Mon téléphone sonne et le prénom de ma copine s'affiche.

- Ouais, je décroche.

- Viens devant le bâtiment A, bébé, c'est urgent.

- J'ai la flemme.

- Non mais vraiment, faut que tu viennes la !

Elle me raccroche au nez. Je crois qu'elle était inquiète et savoir Inès dans cet état, ça me retourne le bide. Je sais pas ce qu'il se passe, mais ça doit être chaud pour qu'elle se mette dans cet état là.

𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant