MAI 2019
Le matelas qui s'affaisse, la couverture relevée qui fait courir un filet d'air frais sur mes bras nus, la chaleur de mon radiateur humain qui s'éloigne et le grognement presque animal de ce même radiateur m'arrachent des bras de Morphée. Il se passe une seconde de flottement durant laquelle je me retrouve dans cet état de semi conscience très désagréable. Le corps chaud de Mathieu revient s'allonger à côté de moi et dans ma recherche de chaleur je me colle contre lui.
- Hum ?
Je l'entends se racler la gorge et alors que je crois que le bruit sourd qui vient de traverser ses cordes vocales m'est destiné, je me redresse quand j'entends le son d'une voix mais que je ne comprends pas un traitre mot de ce qu'elle dit. Mathieu a son téléphone mollement posé contre son oreille alors que ses yeux son fermés prêts à retomber dans un profond sommeil.
- Parles moins vite, il marmonne en soufflant.
Si son interlocuteur n'avait pas compris qu'il venait de réveiller l'ours, c'est maintenant chose faite. La voix rocailleuse et le ton peu chaleureux ne trompe personne.
- Non, dit-il finalement un peu trop sec.
La voix au bout du fil change pour devenir un son presque inaudible à mes oreilles. Mathieu tourne davantage son visage dans l'oreiller mais c'est parmi la masse de mes cheveux qu'il se perd. Il soupire très fortement, tellement que je sens chaque parcelle de mon cuir chevelu frémir.
- Dit à ta mère que c'est une sorcière.
Du à sa position, le téléphone se trouve presque contre mon front et j'entends distinctement un rire enfantin sortir du combiné avant que la conversation ne se coupe. Mathieu balance son téléphone à l'aveugle derrière lui et comme si je ne me retrouvais pas à moitié asphyxiée sous lui, il prend ses aises pour se réinstaller confortablement.
- On doit garder mon neveu aujourd'hui, ma sœur est en galère de nounou.
- Cool, je lui réponds doucement, j'vais passer la journée avec Manel.
Maintenant que je suis pleinement réveillée, je me redresse pour me lever définitivement. Je pivote pour poser mes pieds sur la première barre de l'échelle, foutu lit mezzanine. Avant que je n'amorce un geste pour descendre, Mathieu passe son bras autour de mon ventre pour me ramener sous les draps.
- Hors de question, tu restes avec moi.
Ses yeux sont toujours fermés comme si son corps dormait encore alors que son esprit non. Je me retrouve, la tête contre sa poitrine, le regard levé vers le plafond bien trop proche de mon visage.
- Tu sais que les minots ça me mets mal a l'aise Mathieu.
Je l'entends soupirer et se redresser sur ses coudes alors que ma tête glisse sur son ventre dans son mouvement. Je le regarde, ses yeux plissés, les cheveux en bataille sur le haut de sa tête. Il tente d'y passer une main pour les discipliner mais il se cogne les phalanges contre le plafond.
- C'est pas n'importe quel gamin Andrea. Et moi non plus j'suis pas doué avec les gosses, j'ai besoin qu'tu m'aides.
- Il à quel âge ?
- Quatre ans, j'crois.
Ça signifie qu'il va falloir jouer avec le marmot, il va falloir répondre a ses questions, lui faire à manger, faire attention à notre langage. Quel calvaire.
Je lève les yeux pour voir l'expression suppliante de Mathieu.
- On peut lui donner un truc pour qu'il dorme toute la journée ?
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𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀ
Fanfiction𝐋'𝐀𝐌𝐎𝐔𝐑 𝐃𝐔 𝐑𝐈𝐒𝐐𝐔𝐄 - « 𝘑'𝘢𝘪 𝘮𝘰𝘪𝘯𝘴 𝘥'𝘢𝘵𝘰𝘶𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘥'𝘥𝘦́𝘧𝘢𝘶𝘵𝘴 » « Être heureux ne signifie pas que tout est parfait. Cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections. »...