𝐏𝐋𝐊 | 𝙄𝙢𝙥𝙖𝙧𝙛𝙖𝙞𝙩 - ʟᴀᴅʀ

Chapitre 28

MARS 2019

Encore un première fois pour moi. Mon premier enterrement. Vraiment, c'est pas ouf niveau ambiance. Je suis pas particulièrement triste d'avoir perdu mon grand père, je n'avais que très peu de contact avec lui donc en soit je réalise pas vraiment l'impact que ça a. Par contre, de voir ma mère fondre en larme toutes les trois minutes, mes tantes et mes oncles et mes cousins en pleurs, ça, ça me détruit.

J'essaye de paraître froide aux yeux de tous, mais quand le visage de ma mère se plisse de chagrin, je n'arrive pas à m'empêcher de pleurer aussi. Un voyage dans le nord de la France qui aura été épuisant, moralement mais surtout physiquement. Il a fallu vider la maison de mon grand-père et avec ça quatre-vingt ans de souvenirs, je me suis promis qu'à partir de ce jour je serai organisée et je ne m'encombrerait plus de choses inutiles pour éviter ce calvaire à ma descendance.

Le pire restera la cérémonie à l'église, avant ça, la bataille avec ma mère pour qu'elle me voit enfiler une robe à été tendue, bien sur j'ai gagnée puisque je me retrouve en jeans noirs avec mes baskets de la même couleur au milieu de mes cousin tirés à quatre épingles. Mais c'est le discours du diacre ou du prêtre ou je ne sais pas ce que c'est qui m'a complètement achevé. C'est d'un ennuie ! Je déteste tout ce qui se rapporte à la religion, je respecte ceux qui y croit, chacun fait ce qu'il veut, mais moi j'y crois pas et ça me gonfle. Et ça n'a rien à voir avec la tristesse du moment, l'année dernière, au mariage de mon oncles j'ai tapé ma meilleure sieste, cette fois je me retiens parce que maman est déjà bien remontée contre moi à cause de mes fringues et mon attitude désinvolte.

Après la cérémonie vient le moment gênant des embrassades et des condoléances. Ils commencent tous leurs phrases par « désolé » et encore là je me retiens de tout peter. Désolé de quoi ? C'est pas vous qui l'avez tué, le boug avait deux cent ans et demi au bout d'un moment fallait partir, c'est la nature les gars ! C'est le jeu de la vie, en décidant de vivre on accepte de mourir un jour ou l'autre, pas besoin d'en faire des caisses, ça arrivera à chacun d'entre nous.

Cela dit, c'est la première fois que ma nature pessimiste a sa place dans une réunion de famille alors, même si les moments larmoyants me mettent mal à l'aise, c'est pareil, il faut accepter tout le package.

Ma grand-mère paternelle, qui n'a aucune raison d'être ici si se n'est pour exhiber son hypocrisie, réussit à me tenir là jambes pendant de trop longues minutes. Ma santé mentale est presque en train de sauter dans le vide quand je remarque du coin de l'œil deux silhouettes que je ne m'attendais pas du tout à croiser aujourd'hui. Je laisse mère-grand de côté pour les rejoindre, comme souvent je me retrouve dans la forte étreinte de Manel.

- Qu'est-ce que vous faites la ? Je leur demande.

- C'est Inès qui nous a prévenu, me répond Manel. Elle a dit que tu été seule avec ta mère puisque ton père et ton frère n'ont pas pu se libérer. Que t'étais là pour la soutenir mais que personne n'était là pour toi, alors nous voilà !

Je pouffé de rire parce qu'effectivement j'ai besoin de soutiens aujourd'hui. Mais absolument pas pour les raisons qu'elle croit, j'ai surtout du mal à garder mon calme quand je me retrouve entourée de ma famille et c'est bien plus triste de les entendre brailler du vent que de savoir mon grand-père six pieds sous terre. Je me retiens de lui faire la remarque, histoire de passer pour quelqu'un qui a un minimum de cœur.

J'observe la silhouette de mon amie, vêtue d'une jolie robe bleu marine, à tous les coups si ma mère la voit, elle va me faire un remarque et vouloir nous échanger. Elle a les yeux brillants mais un petit sourire sur les lèvres. A côté de lui, je ne peux m'empêcher de sourire quand je vois Mathieu. Il porte un jean noir rafistolé au genou, un t-shirt à manche longue gris et des basket, au moins on est dans la même équipe niveau fringues.