Paris, quelques années plus tard.
Iris se réveilla en sursaut, le poing serré autour de son pendentif qui tenait le même rôle sacré qu'un doudou pour une enfant de cinq ans. Le métal froid contre sa paume la rassura immédiatement. Ce collier unique se composait de deux pendants. L'un représentait une feuille de chêne en argent et l'autre, une jolie perle ronde orangée et translucide dont le centre s'agrémentait d'une bulle aussi lumineuse que la lune. Cet objet était le plus précieux qu'Iris n'eût jamais possédé, la seule preuve matérielle de sa vie passée.
Le front en sueur, elle se redressa et inspecta les alentours. Rien n'avait changé. La jeune femme se trouvait toujours dans la chambre douillette de son appartement parisien. À gauche, masqué derrière d'épais rideaux marrons glacés, se trouvait son dressing, sa pièce favorite. À droite, à mi-hauteur du mur, une immense palette patinée de blanc cassé abritait une tonne de livres soigneusement rangés par ordre alphabétique.
Tout le monde a ses préférences. Celles d'Iris se tournaient indéniablement vers les livres. Ils étaient son refuge dans les moments difficiles. Un moyen pour elle de se vider la tête et d'oublier, l'espace d'un précieux instant, tous les soucis qui l'accablaient. Préférant largement cette occupation, aucune télévision ne meublait sa chambre. De toute manière, ces machines se faisaient rares depuis l'Hécatombe.
En face d'elle résidait sa lourde commode en bois massif surmontée d'un gigantesque bouddha orné de touches dorées par endroit. Celui-ci arrivait tout droit d'Indonésie, pays qu'elle avait visité trois ans plus tôt et dont elle était littéralement tombée amoureuse. Fouler le sol indonésien vous transporte dans un autre monde. Un monde simple et pur, aimait-elle à se rappeler.
Iris régularisa sa respiration avant d'essuyer la sueur qui perlait sur son front. Ce cauchemar étrange était encore venu la hanter comme chaque nuit depuis quelques semaines maintenant. C'était toujours le même, jusque dans les moindres détails.
Dans ce rêve, elle mourait percutée par un Floater suite à une chute vertigineuse. Avant de tomber, elle embrassait un garçon d'une beauté sans pareille. Grand, des cheveux châtains avec des reflets de miel et les traits d'un ange. Son visage lui apparaissait avec une précision des plus réels et c'était sans doute ce qui rendait ce rêve si troublant.
Balayant l'air d'un geste de la main, elle essaya de se rappeler où et quand elle aurait bien pu l'apercevoir. Probablement l'avait-elle entrevu sur une affiche publicitaire et avait ensuite retranscrit son visage par le biais de ses songes. Iris avait déjà entendu parler de ce genre de phénomène. C'était tout à fait plausible.
Le plus étrange était qu'une nuit sur deux depuis que ce cauchemar venait la hanter, elle voyait la scène de ses yeux à lui, et c'était cela qui la déroutait le plus. Faire un cauchemar plusieurs fois de suite passait encore, mais le faire de différents points de vue, là, cela devenait bizarre.
Lorsqu'elle était dans la peau du jeune homme, Iris apercevait son propre visage d'une toute autre façon. Quand elle se regardait dans le miroir, celui-ci lui renvoyait l'image d'une fille au teint blafard. Elle était plutôt petite, ce qui était loin d'être un avantage. Son seul point fort résidait au niveau de ses yeux qui possédaient une teinte bleue-mauve plutôt originale. Mais pour le reste, c'était une fille tout à fait banale.
Elle n'avait rien de la pin-up cool qui passe son temps à sortir avec des garçons plus beaux les uns que les autres. Iris était plutôt sauvage et préférait se réfugier dans les études ou dans ses livres. Être une fille sage ne lui apportait jamais d'ennuis et puis, elle avait fait le deuil de devenir un jour populaire. Or dans ce rêve, elle se percevait comme une beauté de la nature. Elle était magnifique, forte, envoûtante.
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Amnésia : l'Enfant de la Lune (Sous contrat d'édition)
ParanormalTout a changé à l'instant même où ses yeux ambrés ont croisés les miens. Se repousser, s'attirer. S'aimer, se détester. Je n'ai compris qui j'étais réellement qu'au moment précis où ses mains lestes ont caressé ma peau, où son souffle brûlant de dé...