Chapitre 15. Est-ce que tu sais voler ?

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      Ils venaient juste d'arriver devant l'arche en pierre, lorsqu'Iris le devança et appuya malicieusement sur la petite pierre apparente. Un trou béant s'écarta à quelques centimètres de leurs pieds. Félix la fixa avec étonnement avant d'éclater de rire.

– Tu vois Iris, tu ne te souviens pas de qui tu étais, pourtant, lorsque tu agis ainsi, je me dis que tu n'as pas changé, s'amusa-t-il l'air heureux avant de s'engouffrer dans l'espace noir qui était apparu, lui faisant signe de le suivre à l'intérieur.

Les entrailles de la jeune femme se retournèrent. Cela la bouleversait inévitablement d'entendre Félix évoquer celle qu'elle avait été par le passé. Iris ne pouvait s'empêcher de s'y accrocher comme à une bouée de sauvetage en pleine tempête. Il l'avait connue avant alors qu'elle-même n'avait pas la moindre idée de la personne qu'elle avait pu être. Cette information lui donnait le tournis.

Iris le succéda dans l'escalier en contrebas. Sa vision mit un certain temps à s'adapter à la pénombre ambiante. Au début, elle ne distingua que les ombres de la pierre, puis, peu à peu, discerna la nuque de Félix, ses doigts de pianiste effleurant la roche à mesure qu'il descendait dans les entrailles de la terre.

– Tu joues du piano ?

La phrase avait jailli toute seule. La jeune femme eut envie de se taper la tête contre le mur. Un jour, sa curiosité la tuerait, c'était certain.

– C'est quoi cette question ? s'étonna-t-il, une moue narquoise imprimée sur ses lèvres vermeilles.

Il avait passé sa tête par-dessus son épaule pour jauger l'expression de la jeune femme.

– Euh... c'est que... laisse tomber !

– Oui, je joue du piano, avoua-t-il en secouant la tête, clairement amusé.

Le reste de la descente se fit dans le silence le plus total, entrecoupé des excuses d'Iris quand elle lui marchait sur les talons ou du bruit sourd de la chute de petits cailloux qu'ils shootaient à leur passage.

Peu à peu, Iris aperçut une lumière tamisée au loin. Elle finit par reconnaître une des torches enflammées pendue au mur. Ils étaient arrivés dans le tunnel. Félix lui indiqua la voix de gauche.

La jeune femme aperçut quelque chose qu'elle n'avait pas remarqué la première fois. Des centaines de lucioles vertes s'incrustaient dans la pierre brute du tunnel, donnant l'impression à ceux qui passaient par là, qu'il était constellé de milliers d'étoiles. C'était magnifique.

Elle ne comprit toujours pas comment Félix faisait pour s'y retrouver dans cet enchevêtrement de tunnels. Passant de l'un à l'autre sans montrer aucun signe de doute. Ceux-ci s'entrecroisaient à l'égal d'une fourmilière grandeur nature.

Après plusieurs minutes d'une marche silencieuse, ils débouchèrent sur une grande, ou plutôt immense salle circulaire creusée à même la roche. Le même genre de torches s'alignait sur les murs. Les plus hautes se trouvaient à plus de dix mètres du sol. Le plafond était si profond qu'on ne pouvait que le deviner. Cependant, un immense lustre doré en forme de soleil pendait, les éclairant de sa lumière aveuglante.

Une vingtaine de tables en bois massif qui pouvaient accueillir, à vue de nez, jusqu'à quinze personnes étaient disposées sur la partie droite de la vaste salle. Entreposées dessus, des lanternes au style baroque contenaient une lumière qui imitait à s'y méprendre celle du jour. Sur la gauche, des enfants jouaient à un jeu d'épée. Iris aurait juré que la lame était forgée dans l'acier. Elle ne put retenir une vague de frissons. Le reste servait de lieu de passage. Des portes en bois de cerisier s'étendaient tout autour de la salle, encastrées dans la roche et espacées de quatre ou cinq mètres entre elles.

Amnésia : l'Enfant de la Lune (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant