Que devait-elle chercher ? Iris n'en savait rien. Elle inspecta les alentours. La nuit était sombre et une atmosphère angoissante régnait sur la forêt. Le vent s'engouffrait parmi les arbres faisant vibrer leurs branches décharnées.
Elle continua de marcher pendant plusieurs minutes, mais à l'instant même où elle se sentit terriblement bien d'être seule, débarrassée du bruit et des mauvaises odeurs de la ville, le sentiment de plénitude s'inversa brutalement, la laissant pantelante, et prise de vertiges intenses et impitoyables. Les arbres, le sol et tout ce qui l'entourait se mirent à tournoyer comme dans un manège. Elle ferma les yeux, mais le sentiment de malaise l'assaillit plus violemment encore. À bout de souffle, elle s'effondra sur le sol.
De puissantes nausées la menacèrent de rendre l'étendue de son dîner à tout moment. Sa paume la démangea de plus belle. Que lui arrivait-il ? Maudites merguez pas fraîches, s'insurgea-t-elle. Tâtonnant le sol, elle réussit tant bien que mal à s'asseoir en tailleur sur la terre humide. Après plusieurs minutes atroces, les vertiges commencèrent à se dissiper, ce qui lui permit de rouvrir doucement les yeux.
Le spectacle qu'elle découvrit alors, lui fit lâcher un hoquet de surprise. Elle tomba à la renverse une nouvelle fois, complètement déboussolée. Tout autour d'elle, là où son corps entrait en contact avec le sol, un halo de couleurs changeantes passant du violet au doré et du vert au rose éclairait vivement la nuit. Fébrile, elle se redressa tant bien que mal, vacillant lorsqu'elle se releva.
La lumière donnait l'impression de provenir du sol lui-même, comme si celui-ci était devenu une vitre transparente permettant d'entrevoir toutes ces nuances de couleurs. La jeune femme releva la tête, observa la cime des arbres, mais là-haut, rien n'avait changé.
Un craquement sonore attira son attention. Elle fit un pas de côté et se rendit compte avec surprise que le halo se déplaçait en même temps qu'elle. Iris se sentit enivrée d'un sentiment si fort, qu'une larme roula sur sa joue rosie par le froid. C'était inexplicable, incomparable, impossible ! Tout ce en quoi elle croyait s'effondra à ce moment là.
La jeune femme resta un moment immobile, s'accommodant petit à petit avec ce qu'elle venait d'apprendre, avec cette personne qu'elle était réellement, pesant le pour et le contre de cette nouvelle information.
Puis, un pas après l'autre, elle se mit à courir dans la forêt, s'élançant à toute vitesse parmi les arbres. Un rire incontrôlable s'échappa de sa poitrine. La jeune femme dévala la forêt à toute allure, ne désirant plus s'arrêter. Pour la première fois depuis quasiment quatre ans, Iris se sentait elle-même, libre, sereine, comblée. Alors tout était vrai, c'était une Alva ! Elle avait une famille quelque part...
Les arbres défilaient autour d'elle et devenaient de simples silhouettes floutées. Le halo la suivait, virevoltant en dessous de ses pieds tel un ruban multicolore, éclairant la terre à chaque pas qu'elle effectuait.
Félix n'était pas fou. Une pensée lui vint en tête. Si la légende disait vrai, il était peut-être son âme-sœur. Qu'était-ce vraiment que ce mythe ancien ? Ralentissant le rythme, jusqu'à s'arrêter totalement, elle s'adossa contre un arbre, le souffle court. Celui-ci se teinta du halo coloré au moment même où sa main entra en contact avec l'écorce rêche.
Les entrailles d'Iris se nouèrent. Ils ne pourraient jamais être ensemble si l'histoire de la Lune et du Soleil existait réellement. Elle ne préféra pas y penser. Après tout, la jeune femme n'était même pas sûre qu'il voudrait encore d'elle, ni de ce qu'elle éprouvait exactement pour lui. Sans compter qu'il avait également précisé que son peuple à lui ne croyait pas à toutes ces légendes. Cela remettait légèrement leur véracité en doute.
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Amnésia : l'Enfant de la Lune (Sous contrat d'édition)
ParanormalTout a changé à l'instant même où ses yeux ambrés ont croisés les miens. Se repousser, s'attirer. S'aimer, se détester. Je n'ai compris qui j'étais réellement qu'au moment précis où ses mains lestes ont caressé ma peau, où son souffle brûlant de dé...