Pyramide Noire

Chapitre 6

Le lendemain matin après le petit-déjeuner, M Champollion appela les deux chefs et la jeune égyptologue dans sa tente. En effet ce Français de 40 ans avait fait une importante découverte.

- Mesdames et Messieurs, expliqua-t-il, l'Histoire de ce pays vient d'être réécrite. D'après ces quelques hiéroglyphes, un étranger est arrivé avant l'unification de l'Égypte, sous le règne du pharaon Hor-Aha, vers 3095 avant notre ère. On ignore d'où il venait, mais tout le monde s'agenouillait en le voyant, sans savoir pourquoi. Certains ont prétendu qu'il venait des étoiles. Selon ces inscriptions, il ressemblait à un pharaon et il offrait un savoir mystérieux à ceux qui vendaient leur âme. Le dirigeant en place, très contrarié, envoya son armée contre lui. On ignore ce qu'il s'est passé ensuite, mais on sait que l'étranger est monté sur le trône d'Égypte sous le nom de Nephren-Kha, soit le « Pharaon Noir ». D'après ces écritures, il aurait régné de 3095 à 2625 avant J-C.

Un silence médusé régnait dans l'assistance mais soudain un fou rire s'empara des deux chefs des fouilles.

- Hahahahaha... C'est impossible, et même grotesque ! Plus de 400 ans ! De la première dynastie jusqu'à Djoser ! Etes-vous certain de ne pas faire erreur ? Peut-être avez-vous abusé de la bière Stella par hasard ?

- Je suis certain de ce que j'avance, ces écritures ne mentent pas. Et je ne vous permets pas de m'insulter de la sorte ! se fâcha le linguiste.

- C'est tout simplement impossible ! Vous êtes un abruti Champollion ! Sortez de mes fouilles tout de suite ! s'écria le vieux scientifique.

- Professeur ! Enfin ! lui répondit Cécilia.

- Laissez mademoiselle, répondit la victime. Je ne veux plus travailler avec vous !
Et il partit.

La jeune femme, stupéfaite, se retourna vers son mentor.

- Comment avez-vous pu ? Dominique est un spécialiste. Il sait ce qu'il fait et ce qu'il avance. Certes, cette histoire semble extraordinaire mais nous sommes loin de tout connaitre sur les mystères de cette civilisation.

Le professeur Olivier Perdu se tourna vers sa protégée, le regard vide, et demanda :

- Excusez-moi, ai-je dit quelque chose ?

Ses compagnons, interdits, le regardèrent avant que M. Klaus n'intervienne.

- Monsieur, je pense qu'il vaudrait mieux que vous alliez à l'hôpital du Caire. Cécilia et moi-même, nous veillerons à la bonne marche du camp.

- Vous avez sans doute raison, approuva le concerné. Je partirai tout à l'heure avec une jeep.

L'après-midi passa et, après avoir fait ses adieux à l'équipe, M. Perdu partit pour le Caire. Cécilia alla voir Mme Cote et les deux femmes engagèrent la conversation. La jeune égyptologue parla longuement de son parcours avec son mentor et de l'étrange attitude de celui-ci un peu plus tôt. La psychologue lui répondit :

- Ne t'en fais pas, je suis sûre qu'il va bien. Cela est sans-doute dû à l'excentricité de la chose et de la découverte de cette mystérieuse pyramide. Il ne faut pas s'inquiéter.

- Merci Mme Cote, répondit Cécilia avec douceur.

- Oh, je t'en prie, c'est mon travail, répliqua son interlocutrice. Allons dormir, cela ira mieux demain.

Sur ces mots, les deux femmes regagnèrent leur tente. Pendant ce temps, Stéphane Laroche, accablé par la perte de son frère, sortit du camp pour profiter de l'air nocturne. L'esprit de ce Français de 31 ans était mis à rude épreuve. A deux kilomètres du camp, alors qu'il était plongé dans ses tristes pensées, un sifflement le fit se stopper net. L'homme regarda autour de lui, rien !

- Je devrais rentrer à la base, pensa-t-il.

Alors qu'il rebroussait chemin, il ne vit pas le sable bouger juste derrière lui. Sans bruit, un être serpentiforme sortit lentement du sol. Son torse squelettique était surmonté d'une coiffe de pharaon. Sa partie inférieure était celle d'un serpent de six mètres de long. Dans ses mains, le monstre tenait un grand fauchard, aiguisé comme une lame de rasoir. Lentement, le Rôdeur Sépulcral se dressa derrière sa victime. Quand celle-ci se retourna par instinct de survie, la créature lui trancha le buste en deux si rapidement que le pauvre bougre n'eut même pas le temps d'émettre un son. Puis l'être abominable s'enfonça dans le sable, en laissant la tête de sa proie à l'entrée du camp...