𝟷𝟷. 𝙻𝚊 𝚙𝚒𝚛𝚎 𝚍𝚎𝚜 𝚐𝚞𝚎́𝚛𝚒𝚜𝚜𝚎𝚞𝚜𝚎𝚜

27 6 44
                                    

***

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

***

La pire des guérisseuses

     A Londres, les rues étaient encombrées de feuilles mortes aux jolis tons orangés, rouges ou dorés, en cette saison, gratifiant des sublimes couleurs de l'automne les côtés sorciers et moldus de la ville sans aucune distinction. Un peu de couleurs ne faisait pas de mal et permettait de rompre la grisaille morne et éternelle qui semblait vouloir envelopper le Royaume Uni tout entier durant les neuf dixièmes du temps.

     De son côté, Dawn voyait défiler octobre de cette année 1976 d'un œil particulièrement désintéressé. Non contente « d'oublier » de se présenter en cours la moitié de la semaine, elle passait le plus clair de son temps le nez plongé dans d'épais grimoires d'anatomie ou de pathologies magiques, fascinée par ces millions et ces millions de manières de rendre dysfonctionnel un corps humain. Comment était-il possible d'être en vie et de le rester, avec ces centaines de milliers de mécanismes internes qu'un rien était capable de dérégler ?

     Je vous le concède, il n'est pas très approprié pour une future guérisseuse d'être bien plus intéressée par la manière dont retirer la vie plutôt que la sauver, mais que voulez-vous ?

     Et non contente de prendre ses études totalement à l'envers, Dawn passait également une grande majorité de son temps à réfléchir à la manière dont attirer l'attention du Seigneur des Ténèbres. Pour l'heure, vous serez certainement heureux d'apprendre qu'elle se limitait à l'intimidation et l'agression gratuite de moldus une fois la nuit tombée, non sans oublier de récupérer un petit souvenir parmi leurs effets personnels. Etrange, d'être contraint de se réjouir de ce type d'état de fait. Curieusement, ils étaient assez nombreux à ressembler de près ou de loin à son « regretté » oncle Audric. Les mêmes yeux clairs et vitreux, les mêmes cheveux sombres... De quoi alerter les autorités magiques ou non cependant, se heurter à des victimes mutilées privées de leur mémoire d'un simple sortilège ne permettait pas tellement à une quelconque enquête d'aboutir.

     Dans les journaux moldus, l'on pensait à un voleur à la sauvette mentalement diminué qui userait de violence bien plus par ignorance que par véritable sadisme. De toutes manières, vous verrez par vous-mêmes qu'au fil de ses méfaits, le portrait médiatique de Dawn n'aura eu de cesse d'évoluer, d'être redéfini sans jamais réussir à s'approcher de la vérité.

     Mais je m'égare, et notre jeune sorcière aussi qui, laissant se dessiner sur ses lèvres un sourire réjoui en resongeant au pauvre type de la veille qu'elle avait gratifié d'un pentacle sur le front – les moldus adorent les histoires de satanistes fous – se reconcentra sur sa lecture.

     Penchée qu'elle était sur son grimoire, ouvert depuis des jours et des jours sur une illustration représentant les circulations sanguine et lymphatique du corps humain, Dawn était comme hypnotisée par l'encre qui n'avait de cesse de se mouvoir avec élégance sur le parchemin vieilli. Sa chambre de bonne miteuse ne lui permettait pas réellement plus ample manœuvre aussi, elle était affalée de tout son long sur son sofa-lit d'appoint-table à manger. Laisser son regard courir entre les veines et les artères avait au moins le mérite de lui faire oublier avec une efficacité redoutable l'inconfort de sa position.

𝙻𝚊 𝚏𝚒𝚗 𝚍𝚎 𝚕'𝙰𝚞𝚋𝚎Où les histoires vivent. Découvrez maintenant