Chapitre 1

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Le lendemain matin de son retour assez catastrophique, elle s'était réveillée de mauvaise humeur. Son cou la tirait et elle avait un mal de crâne qui ne semblait pas vouloir la quitter. En plus elle n'arrêtait pas de se repasser la scène avec sa cousine et à chaque fois, la colère montait en elle. Elle s'était douchée rapidement et avait mangé une pauvre tartine au Nutella, les seuls trucs qu'il lui restait dans ses placards. Comme vous pouvez l'imaginer, Ludovica avait vidé son frigo et n'avait pas fait les courses.

Il était maintenant onze heure et elle décidait qu'il était temps qu'elle s'attaque au rangement. Elle avait jeté tous les résidus de soirée qui étaient éparpillés dans son salon et avait essayé de redonner forme à la pièce. D'ailleurs elle avait retrouvé son vase sur le balcon, complètement fracassé, les fleurs dedans piétinées. Autant vous dire qu'il lui a fallu quelques minutes pour se calmer à nouveau. elle avait aussi changé les draps de son lit, elle était assez réticente de les toucher à main nue mais elle n'avait pas vraiment le choix. La capote usagée était toujours dedans et elle dû retenir ses hauts le cœur pour ne pas vomir directement. Quand c'était elle, ça ne la dérangeait pas, mais là on parlait de sa cousine et d'un étranger, disons que ça restait dégueulasse.

Mais dans tout ça, sa colère n'a fait qu'être attisée avec tout ce qu'elle découvrait en rangeant son appartement. Lodovica avait renversé sûrement de l'alcool ou du sirop sur le sol et l'îlot de sa cuisine car ça collait de partout, un pochon d'herbe était coincé entre deux bols dans son placard, sa table basse en verre avait été rayée et les plantes de son balcon avaient une toute autre tête qu'à son départ. Mais le pire restait sa chambre, car sa cousine n'avait tout de même pas eu l'audace d'aller dans la chambre de Maëva. Elle avait touché à son bureau, ses cours étaient dans un désordre pas possible, et elle avait totalement retourné son dressing. Tout était déplié et des trucs avaient été portés, ça se sentait. Mais là n'était pas le pire, il lui manquait des fringues, ils n'avaient pas forcément une grande importance mais par principe ça l'enrageait. Cette connasse s'était servie dans son armoire comme si elle était mère Teresa et s'était barrée. Elle avait serré les dents si fort pour se retenir de la retrouver et de la trucider, qu'elle en avait une douleur sourde dans la mâchoire pendant quelques minutes.

Elle s'était allongée sur son lit maintenant nu de ses draps pour souffler. Ses yeux se fermèrent doucement et sa respiration se fit plus lente, elle était à deux doigts de s'endormir à nouveau quand une vibration résonna dans sa chambre. Ça ne provenait pas de son portable qui était dans la poche arrière de son jean, ni d'un autre objet qui lui appartenait. Curieuse, elle s'était penchée de son lit pour voir un portable vibrer sur le sol, sans cesse. Elle le prit et fronça les sourcils. Il y avait des tonnes d'appels manqués et de messages, principalement d'un certain Nabil. Le dernier attira d'ailleurs son attention car étrangement il lui était destiné.

"Salut, je sais pas qui t'es mais tu pourrais me filer ton adresse pour que je vienne récupérer le portable de Tarik? Il a des trucs à gérer, il peut pas lui"

Elle toisa l'écran choquée, elle ne savait même pas qui était ce gars et il voulait qu'elle lui file son adresse? Que ce "Tarik" attende alors, au moins il la connaissait déjà et ça fera un inconnu de moins dans son appartement.

"Vas-y réponds vite là! J'ai pas le temps de jouer"

Elle devait être en plein cauchemar, elle ne comprenait pas d'où il sortait pour lui parler comme ça et pour qui il se prenait mais elle avait déjà une très mauvaise impression de lui. Elle mâchouillait sa lèvre inférieure tout en fixant l'écran illuminé par le nouveau message, il la soûlait et elle n'avait pas envie de garder son téléphone de merde qui rajoutait une préoccupation de plus à sa liste déjà assez grande. À contre cœur, elle lui avait donc donné son adresse et l'heure à laquelle il devait venir, en fin de soirée avait-elle plutôt écrit.

Ok. C'était tout ce qu'il avait répondu. Même pas un désolé d'avoir dérangé ou un merci. Elle sentait déjà le regret l'envahir, elle aurait dû jeter son foutu portable par la fenêtre. Il fallait qu'elle se calme car, certes ce n'était nullement de sa faute, mais il avait été introduit de force dans sa vie par sa détestable cousine alors il était difficile de faire la part des choses.

La journée passa lentement, entre le ménage de l'appartement et sa solitude car sa colocataire était encore sur Bordeaux, elle n'avait pas eu le délire d'une vie on va dire. Elle était du coup allongée sur son canapé, à traîner sur son portable ne se souciant de plus rien enfin.

Seulement, sa sonnette retentit à peine dix minutes plus tard et elle se rappelait que le pote du mec au téléphone devait passer. Elle se leva en refaisant son chignon qui s'était complètement défait. En traînant des pieds, elle arrivait doucement vers la porte, un air blasé déjà collé au visage. elle avait une flemme immense et souhaitait absolument que tout se règle au plus vite, c'est à dire qu'il récupère l'Iphone, qu'il dise un simple merci, même s'il n'était pas honnête et qu'il se barre aussi vite qu'il était arrivé.

Elle inspira un grand coup en fixant sa porte puis tourna la clé dans la serrure. Le mécanisme bruyant résonna dans l'appartement et elle entendit alors du mouvement de l'autre côté de la paroi en bois. Elle ouvrit enfin la porte, le téléphone prêt à être tendu dans sa main gauche. La silhouette de l'homme se dévoilait devant elle et elle faisait parcourir ses yeux tout le long de son corps jusqu'en haut.

Elle planta son regard dans le sien, ses pupilles brunes la scrutant.

Sprezzatura // N.O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant