Chapitre 4

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Le cœur gros, Isaac referma sa prise sur la hanse de son sac de voyage. Il ne s'était pas retrouvé devant ces portes depuis tellement longtemps. Suffisamment pour que son âge se lise davantage sur son visage. Il semblait éteint et ce, depuis le jour où il avait quitté ce centre. Depuis qu'il avait quitté Maxence. Il ne savait toujours pas ce qui l'avait décidé à revenir. Le fait que Maxence allait atteindre sa majorité ou qu'il vivait de plus en plus mal l'éloignement. Il était tout de même parti trois ans.

Une crise d'angoisse pointa le bout de son nez lorsqu'il se demanda si l'adolescent -qui n'en était plus vraiment un- voudrait encore de lui. Il l'avait abandonné après lui avoir dit des choses horribles. Maxence était sans doute passé à autre chose. Il était jeune à l'époque, leur lien ne l'avait sûrement pas autant marqué qu'Isaac. Oui, peut-être qu'il l'aurait même oublié et cette pensée fit atrocement mal à Isaac. Il retint de justesse ses larmes, prit une grande inspiration et se décida à passer les grandes portes du centre.

Il fut accueilli à grands sourires, à grandes tapes dans le dos et à grandes étreintes qui manquaient de lui briser les os. Tous ses anciens collègues étaient plus que ravi de le voir et c'est Paul, le surveillant bêta qui l'avait surpris en pleine dispute avec Maxence, qui eut le plaisir de l'accompagner jusqu'à sa chambre. Son ancienne chambre, dans laquelle il avait repoussé l'adolescent. Isaac se mordit la lèvre à cette pensée et posa son sac sur son lit en essayant de ne pas trop y penser.

- T'es besoin d'aide pour réemménager ? Proposa Paul, adossé au chambranle de la porte.

- Non, ça ira, merci, répondit Isaac avec un petit sourire avant de tirer sur la fermeture éclair de son sac.

Sans qu'il ne l'ait entendu ou vu venir, deux bras se glissèrent autour de sa taille pour l'enserrer et un nez se nicha dans son cou.

- Tu m'as beaucoup manqué, souffla Paul, la voix chargée d'émotion.

Isaac était gêné par cette démonstration d'affection. Pas parce qu'il était timide mais parce que ce n'était pas les bras de Maxence qui le serrait, ni sa voix qui murmurait à son oreille. Si ce n'était pas lui, ça n'allait pas. L'adulte se tortilla pour s'extirpé de la prise de son collègue et lui fit un rapide sourire en essayant de caché ce qu'il pensait vraiment.

- Moi aussi ça m'a manqué tout ça.

- Non, je voulais dire...

- Je suis un peu fatigué du voyage, on se voit plus tard ? Coupa Isaac.

Déstabilisé, Paul hocha la tête et sorti de la chambre en fermant la porte. Est-ce qu'il venait de se faire rejeter ? Dire qu'il n'avait même pas eu le temps de faire sa déclaration. Il avait vraiment été affecté par le départ d'Isaac, il avait mis tellement longtemps a instauré une complicité entre eux. C'était seulement à son départ qu'il avait compris la nature de ses sentiments et maintenant qu'il était revenu, il allait prendre son courage à deux mains et se comporter en homme.

Isaac respirait vite, les mains crispées sur son sac. Cette sensation qui lui collait à la peau était pire que lorsque Maxence l'avait embrassé de force à l'époque. Il avait l'impression d'avoir été tripoté sans son consentement et cette pensée lui donnait la nausée. Laissant son rangement de côté, il se précipita sur la douche et se frotta la peau pour retirer la sensation des mains de Paul. Pas lui, ce n'est pas lui qu'il voulait.

Les gouttes d'eaux qui coulèrent le long de son visage masquèrent les larmes d'Isaac. Maintenant qu'il le savait si proche, son désir d'avoir Maxence près de lui était plus fort encore. Il voulait courir à travers les couloirs, nu s'il le fallait, et se réfugié dans ses bras. Lui dire qu'il ne l'avait jamais oublié et lui demandé si, lui, l'avait oublié.

Un oui suffira [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant