16.

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- Une autre bière ? Demanda la gérante.

Il se contenta d'hocher la tête de haut en bas, voulant simplement qu'on le laisse tranquille. Si Makarof le voyait dans cet état pour une simple fille, il lui rirait au nez. Puis il s'inquièterait de l'état de son petit fils. Lui qui était habituellement si froid et si distant au monde qui l'entourait, se retrouvait démunit devant son envie de toujours être aux cotes de la blonde, de toujours en apprendre plus sur elle.

Il s'était attaché à Lucy, plus qu'il ne le fallait, c'était indéniable.

Putain.

Il prit une bière, puis encore une autre, et encore une autre, jusqu'à ce qu'il arrête de penser, jusqu'à son esprit soit totalement embrumé par ses effluves.

Un homme, surement aussi éméché que lui renversa par inadvertance de l'alcool sur lui, et il n'en fallut pas plus à Luxus, pour se lever de sa chaise afin de lui mettre un poing dans gueule de ce  demeuré. Deux secondes plus tard, au grand désespoir de la gérante, une nouvelle bagarre commença, cette fois si plus vive, plus violente, illustrant la colère du mage de foudre. Il avait besoin de se défouler et ses cafards lui offraient l'occasion de laisser libre cours a tout ce qu'il avait cumulé depuis le début de son voyage.

- Allez tous crever en enfer. Hurla t'il avec haine.

Alors qu'il allait donner une raclée a un gars rencontrée dans la mêlée, un visage qui lui était familier, terriblement familier, apparut dans son champs de vision. Ses sourcils se froncèrent et sa mâchoire se contracta, mécontent de voire la constellationniste ici. Il voulait qu'elle parte, qu'elle l'abandonne. Il lâcha le misérable insecte qui pleurait chaudement, apeuré devant la colère du grand Luxus et se rapprocha de la jeune mage, voulant savoir ce qu'elle fichait ici.

Cette dernière regardait a travers la pièce dévastée, et le mage de foudre comprit rapidement que cette dernière le cherchait. En quelques secondes il se retrouva en face d'elle, en colère, les pensées mélangées par l'alcool.

- Dégage. Dit il froidement.

- Non. Répondit elle tout aussi froidement, lui tenant tête.

Ouais voir le grand et puissant Luxus en colère l'effrayait mais pour rien au monde, Lucy le lui aurait fait comprendre. Elle voulait qu'il comprenne qu'elle n'était pas son toutou et que par conséquent, courir derrière lui, s'adaptant a ses humeurs changeantes ne l'intéressait pas. Elle leva la tête, en signe d'affront.

- Putain. Tu vois pas que tu saouls là. J'en ai assez de te voir en permanence.

Aille, Lucy avait mal.

- J'en ai assez. Je vais sacrifier deux années de ma vie pour toi, une femme dont je m'en cogne, et tu m'imposes en plus de ça sa présence.

Que répondre à ça ?

- Tu es rien pour moi. Tu es personne.

Elle avait envie de pleurer, pleurer, pleurer. Il était injuste.

- Tu es un poids. Finit -il par dire avant de partir, tu tout rejoignant la mêlée.

La jeune mage resta quelques secondes debout, dans la hall, les bras ballants, les lèvres tremblantes, ne sachant comment réagir devant les propos du mage. Elle voulait simplement le prévenir qu'elle savait qui se cachait derrière l'homme qui les avait attaquer et le lieu où sa guilde se situait. 

Debout dans le hall, se répétant les propos du mage, elle finit par accepter l'idée qu'il avait finalement raison, qu'elle représentait pour lui une gène. Cela faisait a peine trois mois qu'ils avaient commencé le voyage, et il en avez déjà assez. 

Elle ne pouvait donc continuer ainsi. 

Alors, finalement, elle se dit que le mieux se serait de le laisser disparaître, de le laisser partir et de ne plus imposer sa présence. C'était elle qui allait mourir, pas lui.

Elle continuerait les recherches des informations sur la guilde son côté, et lorsqu'elle aura récoltée assez d'informations, elle irait les voir seule. Elle n'était pas stupide, Lucy avait bien compris que la cible se trouvait être elle. Maintenant, il fallait qu'elle sache pourquoi ils la recherchaient et ce qu'ils attendaient d'elle exactement.

Apres de longues minutes à réfléchir, le regard dans la vague, insensible au vacarme extérieur, elle se décida enfin, sous le regard discret de Luxus, de sortir de la taverne et de partir de refugier dans un petit café. Elle avait besoin de souffler, de réfléchir, de mettre ses idées au claire.

Alors qu'elle mélangeait mécaniquement son chocolat, absorbée par les fiches qui relataient les témoignages sur une la présence d'une sombre guilde cachaient dans un coin de la ville, un homme vit s'assoir sur la chaise vide placée en face d'elle et lui fit un sourire timide. Pour rien au monde Lucy aurait pu oublier ses magnifiques yeux dorés, yeux dorés qu'elle avait rencontré dans une autre ville. Se remémorant leur rencontre incongrue, elle ne put s'empêcher de lui rendre son sourire et d'entamer la discussion.

Il lui proposa un verre qu'elle accepta avec plaisir.

- Quelle heureuse surprise de vous revoir !

- En effet, j'ai hésité a vous rejoindre mais lorsque j'ai vu que vous étiez seule, je me suis dit que je ne pouvais laisser seul une demoiselle aussi charmante.

Les heures, sans qu'elle ne s'en rende compte défilèrent et a sa grande surprise, elle apprécia la compagnie de ce charmant jeune homme. La conversation, qui était animée, lui changeait de celles froides et distantes de Luxus. A cette pensée, elle se mordit la langue, se maudissant de penser a lui dans une situation comme celle ci.

- D'ailleurs, vous aviez fait tomber un morceau de papier la dernière fois, dit-elle. On aurait dit une page. 

Le jeune homme, lui sourit et secoua la main, lui signifiant que ce n'était pas important. 

- Je vous laisse le plaisir de chercher le livre qui lui correspond, répond-t-il, joueur. 

- Serait-ce un défi ? 

- Bien évidemment. 

Alors que son regard balayait la salle, ses yeux se posèrent sur l'horloge du café. 

- Mon rendez vous ! Cira t'elle subitement, se rappelant qu'elle devait être pour 17h chez le docteur. 

Elle regarda sa montre, et souffla de désespoir. Elle n'allait jamais pouvoir arriver a l'heure.

- Vous voulez que je vous accompagne ? Proposa le jeune homme. 

Elle secoua négativement la tête tout en s'excusant de son départ soudain, avant de partir d'un pas pressé. 

La chaleur du médecin ne laissa indifférente la jeune femme, et naturellement, elle se détendit lorsqu'elle s'assit sur le fauteuil en cuir. 

Bien qu'au début elle paniquait a chaque fois qu'elle rentrait dan cette pièce froide, ayant peur d'une annonce tragique, elle avait finit par accepter le fait qu'elle allait mieux, que son état s'arrangeait. Les pertes de mémoires diminuaient, la laissant enfin respirer et savourer les instants de sa fragile vie. Et bien que les males de têtes s'enchainaient, qu'elle toussait toujours autant, et qu'elle sentait paradoxalement son corps faiblir, elle ne voulait pas abandonner.

- Reprenez votre souffle et on pourra parler sérieusement, annonça doucement le médecin.

Souviens-toi ( en réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant