L'attaque

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Troisième nuit blanche. Je n'y arrive pas, je ne trouve plus le sommeil. Je me lève, de véritables valises sous les yeux. J'allume la radio ne souhaitant plus revoir d'atrocités comme la veille...

Les informations annoncent de nombreux cas de disparitions dans des villes de l'Ouest de la Russie...

Cette nuit même, des postes de police auraient reçu de nombreux appels provenant de Moscou qui serait à l'heure actuelle déserte...

Une interview est retransmise. Une des seules personnes encore présente dans cette immense ville est interrogée :

- Cette nuit, j'ai entendu d'étranges grognements en bas de mon immeuble, j'ai décidé d'aller me cacher, de peur. Puis j'ai entendu des hurlements horribles venant de plus loin dans le quartier... Apparemment, la police aurait même retrouvé des cadavres dans le centre-ville...

L'interview s'est arrêtée là, et c'est déjà bien suffisant... Si la voix du traducteur n'était pas d'une grande expressivité, celle du Moscovite, elle, trahissait une angoisse terrible...

Je me pose beaucoup trop de questions : Que sont ces créatures ? Que nous veulent-elles ? Et surtout, si les choses devaient tourner au vinaigre, serions nous capable de les vaincre ?

Avant d'aller à l'université, je me demande vraiment si c'est une bonne idée de sortir aujourd'hui. Je repense ensuite à ce que m'a dit Maya, ces monstres sont loin d'ici, il faut bien que la vie suive son cours...

J'ouvre la porte quand Croustibat, caché derrière ma jambe, se met à cracher en direction de l'extérieur. Qu'est-ce qui lui arrive ? Il ne fait jamais ça...

Je deviens véritablement paranoïaque... Je me secoue la tête essayant de me remettre les idées en place. Je me décide enfin à aller attraper mon bus.

Arrivé en cours, aucune trace de Maya...

Aujourd'hui, je suis seul et particulièrement anxieux. J'ai un très, très mauvais pressentiment...

Après trois heures de cours qui m'ont paru une éternité, je vais enfin manger. N'ayant pas réussi à trouver l'appétit ce matin, je suis affamé... Durant la pause je ne me sens pas bien : je suis très blanc et j'ai un terrible mal de crâne...

Est-ce que tout ce qui prépare n'est qu'un rêve, enfin, un cauchemar ? Je me passe de l'eau sur le visage tentant de retrouver mes esprits. Je retourne par la suite en cours pour mes quatre dernières heures, la boule au ventre...

Au terme de mon cours de Français, ma professeure m'interpelle :

- Est-ce-que tout va bien Théo ? Tu es tout pâle...

- Oui... ça va, j'ai juste un peu mal à la tête...

- Tu veux aller à l'infirmerie ?

- Non, ne vous en faites pas...

Après ma dernière heure de cours, je peux enfin partir de l'université.

Je rentre chez moi, livide, un mal de crâne immense suite à mes réflexions ininterrompues. Je n'allume même pas la télé et m'endors immédiatement sur mon canapé, exténué.

Après ma première nuit de sommeil depuis trois jours, je me réveille difficilement et n'ai quasiment aucun souvenir de ma journée d'hier... Pourtant, ça me revient petit à petit : la radio, les disparitions, les cadavres, je me souviens avoir entendu parler de tout ça.

Je m'en vais pour étudier, mon chat n'est pas là pour me dire au revoir. Bizarre, c'est toujours notre petit rituel du matin... J'essaie de ne pas m'inquiéter, mais j'avoue que ça devient très compliqué...

Arrivé là bas, rien d'étrange, mais en allant vers mon casier, j'entends un bruit vague au loin. Ça ressemble à un rugissement, un son glaçant tout droit venu des enfers qui ne semble terrifier personne à part moi...

Je dis à tout le monde de se taire pour tenter d'entendre la chose mais personne ne m'écoute évidemment. Je hurle " TAISEZ-VOUS !!! " avec toute la rage du monde, étant apparemment le seul au courant de ce qui se passe.

Tout le monde se tait, non par respect mais par étonnement.

Le silence est brisé par Thomas, un des étudiants :

- Oh merde, je saigne du nez, il y a un vaisseau qui a dû péter...

- TAIS TOI !

Lui dis-je avec sévérité.

À cet instant précis, un claquement provenant de l'autre côté du mur se fait entendre... Il est là, dehors... Ces bruits, je les reconnais... Je suis convaincu que c'est ce que j'ai entendu le jour où cette interview a tourné au drame...

- C'est quoi ça ?! dit avec peur un autre élève.

Plus personne ne bouge, le silence est total. La seule source de bruit est le claquement sinistre régulier de ce qui semble être le monstre. Ça semble logique, une école est le meilleur endroit pour se nourrir, des centaines de corps à disposition...

Le claquement s'arrête...

Soudainement, un des murs se brise et Thomas se fait transpercer l'abdomen en une fraction de seconde. Le silence est désormais rompu et des hurlements résonnent dans le couloir, des dizaines d'étudiants courent dans tous les sens, horrifiés...

La créature, énervée par le mouvement des élèves pousse un rugissement et avec ses deux énormes pattes à l'apparence de deux énormes pics, fauche une vingtaine d'étudiants qui tombent K.O voire morts...

La bête s'énerve encore, ouvre soudainement sa gueule et crache un fumée jaunâtre...

Je réfléchis à ce que ça peut être et maintenant c'est clair !

- Ce sont des spores !!! dis-je avec effroi...

Je retire mon pull le plus vite possible et me fabrique un masque de fortune. Mon objectif principal, survivre ! Je dois alors trouver une cachette...

Trouvée ! Je cours vers le casier le plus proche et m'enferme à l'intérieur.

Je fais le moins de bruit possible, le silence est revenu. Tous les étudiants sont à terre...

Ma respiration est saccadée et je suis terrifié... La chose approche sa tête du casier où je me trouve...

Soudainement, une de ses pattes transperce la porte, m'évitant de justesse. Cela aura eu pour effet d'arracher la porte qui me cachait jusque là. Le monstre m'extirpe de mon abri et me plaque au sol... Je suis clairement en position d'infériorité... Pour ne pas dire que je vis mes derniers instants... Si je me dis que je peux m'en sortir, je suis clairement dans le déni, seul un miracle pourrait me sortir de là...

C'est à ce moment qu'un nouveau bruit sourd retentit dans le couloir macabre. Le regard de la bête s'obscurcit et elle tombe sur moi, m'écrasant de tout son poids...

Un extincteur à la main, Maya a frappé le monstre assez fort pour réussir à l'assommer ! C'est un véritable miracle !

- Ça va ? me demande-t-elle.

- T'attends sincèrement une réponse positive ? Tu veux pas qu'on y aille d'abord, il va peut être pas rester comme ça longtemps...

- T'as raison, allons-y !

Arrivés à l'abri de toute nouvelle attaque :

- T'as vu comment je l'ai dégommé ?!

C'est la première fois que je la voyais décrocher un sourire. Mais bon, cela n'a aucune importance après ce qu'il vient de se passer...

- Ouais c'est clair ! Pourquoi t'es revenue au juste ?

- T'es la seule personne qui voulait bien m'adresser la parole, j'allais pas te laisser mourir...

- Oui c'est vrai merci !

- Attends... Tu es sûr que ça va, t'es tout pâle... me demande-t-elle inquiète.

- Oui... Oui, ça va...

Et je me suis évanoui...

InvasionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant