II.

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Je courais aussi vite que je le pouvais, ma robe m'empêchait de faire des mouvements trop amples et mes talons m'obligeaient à me concentrer sur chaques pas, me faisant mal à chaque enjambées.

Je traversais les couloirs, arrivant dans un jardin extérieur.
J'enlevai ma robe et toutes ses décorations et mis quelque chose de plus léger, enfin ce que j'avais sous la main, bien sûr.

Un tee-shirt de jeune fille, un peu court avec un pantalon qu'une servante m'avait donné.

Je regardais autour de moi en soupirant, alors que les murs de ma prison se dressait fièrement au dessus de ma tête, je détaillais alors les quelques fissures de celle ci ; les imperfections de la pierre, le lierre qui se frayait un chemin assez maladroitement jusqu'en haut et les beaux motifs des vitres encore intactes.

La verdure prenait le dessus dans cette partie à moitié abandonnée du château. C'est pour ça que c'est mon endroit préféré, c'est ici que je me repose, tout semble plus détendu et l'air semble plus respirable.
Malgré ça, l'ambiance de cet endroit reste toujours la même, comme ci ma vision était bloquée dans cette couleur sépia, quelque chose manquait à ma vie.

Je terminai de me mettre à l'aise en posant mes chaussures dans un coins. Après avoir pris une bouffée d'air, c'était l'heure de passer à l'action.

Je me levais en frottant mes genoux un peu sales et continuait mon exploration.

En effet, cette partie là du château étant à l'abandon. Je n'y avais pas accès mais bien évidemment, ça m'attirait comme un aimant.
Cette verdure omniprésente ici et pas autre part...
Ça m'intriguait énormément.
J'avais commencé à cartographier cette partie du château avec ce que je connaissais déjà, j'avais déjà explorer la partie est et aujourd'hui je comptais bien m'aventurer dans la partie ouest.

J'avançais dans un couloir au toit de verre, on pouvait voir depuis l'intérieur de grand arbre se dresser et monter jusqu'à très haut dans le ciel, comme des échelles.

C'était une autre dimension, une autre vie.

Un peu plus tard, je tombai sur un hall, avec un bassin et des escaliers autour, j'imaginais déjà la vie ici, avant que ce ne soit abandonné.

Un peu plus de clarté, de joie de vivre et de bonheur sans doute...

J'étais dans ma bulle, obnubilé par le décor. J'imaginais déjà les grands bals organisés ici.

Ici, dans ce grand hall, tous les couples étaient en train de danser sur leur ultime chanson, leur dernière danse.

D'un coup une note vint chatouiller mes oreilles, puis une autre. Je ne savais pas d'où venait ce bruit de violon mais c'était comme un ange venant me tenir compagnie et ce fut plus fort que moi...

Mes pieds nus sur le carlage et les mauvaises herbes qui l'accompagnait et mes jambes, gracieuse me guidait naturellement sur la piste de danse.

La musique s'intensifiait alors, mon regard cherchait la source du bruit mais en vain, d'où est ce que cette mélodie vient elle?

Des accords dramatiques, la dernière danse avant le drame, la dernière danse avant la catastrophe, c'est comme ci mes pieds eux mêmes ressentaient cette pression meurtrière, se faisant plus léger.

Un pied devant l'autre, j'avançais les yeux fermés, sereine. L'histoire se faisait dans ma tête, comme ci j'y avait déjà assisté auparavant.

Tournant sur moi même, sautillant, faisant des bons et des figures, j'avais l'impression d'être le temps. Aussi fragile que ça, aussi rapide que les aiguilles des secondes qui passaient.

Comme si je touchais du verre à chaque fois que mes orteils heurtaient le froid du carlage, j'osais à peine m'appuyer complètement sur le sol, par peur de briser ce souvenir qui ne m'appartenait pas.

Je dansais alors, en plein milieu de la pièce, luttant contre les notes aigues de l'instrument.

Je n'en pouvais plus, je voulais que ça cesse.
Une perle de sueur sur la tempe, je m'arrêtai net quand l'echo de la dernière note rettentissait entre les murs. Faisant vibrer l'air et en venant caresser mes tympans.

C'est alors que j'entendis des bruits de pas. La personne mystère s'approchait lentement.

Le son de talons sur le sol se rapprochèrent, prenant leur temps.
Je n'osais pas me retourner, j'avais envie de faire durer le suspense encore un peu.

Qui était donc cet/te inconnu/e qui m'a accompagné ici? Qui m'a fait dansé comme jamais auparavant ?

Le bruit de pas cessèrent à une cinquantaine de centimètres de ma position. Je me retournais timidement.

- J'ai adoré votre performance, c'était d'une grâce sans nom.

Un homme, peut être 1 ou 2 ans de plus que moi se tenait là. Sa voix calme et posé faisait écho dans la salle, me laissant un frisson dans la colonne vertébrale.

Il me dépassait d'au moins 3 têtes et ses cheveux châtains était illuminé par le couché de soleil. Il était magnifique.

Il posa son instrument sur le sol et vint me rejoindre.

-Desolé si je vous intimide, je ne me suis pas encore présenter. Je m'appelle Vincent, je suis l'homme avec qui votre père avait rendez-vous... Il se gratta la nuque, l'air gêné. Il vous cherche partout depuis une heure et j'ai donc naturellement proposé mon aide. Et vous voilà enfin donc. Vous êtes ravissante, Sarah.

Je ne savais pas quoi dire, j'avais l'impression que mon cerveau essayait d'assimiler trop d'informations en même temps et c'était impossible pour moi de réfléchir.

- Vous voulez dire que... Vous êtes LE prince Vincent? Celui qui...

Mes joues devinrent rouges. Si j'avais su..
Si j'avais su que ma première rencontre avec lui serait le coup de foudre, est ce que j'aurai été aussi difficile avec mon père?

Il me fixa quelques secondes de ces yeux émeraudes, aussi précieux que cet instant.

-Oui, les gens sont souvent déçus quand ils me voient pour la première fois... Bredouilla-t-il, en baissant son regard.

Sans contrôlé mes gestes, je pris ses mains et les dirigeais vers ma poitrine.

- Je ne suis pas du tout déçu ! Au-...Au contraire !

Il releva la tête et posa à nouveau ses yeux sur moi. Je me rendis compte de ma bêtise et rougis. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, c'était à se demander comment il n'avait pas encore exploser.

Je détournai vite mon intention sur nos pieds, pratiquement collés.

C'est là que je réalisais que j'étais toujours en pantalon, j'avais laissé ma robe à l'extérieur...
Je n'avais pas pensé que quelqu'un viendrait à ma rencontre ici, et surtout pas le prince Vincent.

Le jeune homme releva doucement ma tête de son index sur mon menton. Il paraissait gêné mais arriva à articuler :

-A-..Apprenons à nous connaître Sarah, je vous en prie, nous avons l'air d'avoir beaucoup de chose en commun.

Je souris timidement et me détachais lentement de lui en lui redonnant son violon.

-Bien, commence donc déjà par me tutoyer Vincent, lui répondis-je.

1148 mots.



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⏰ Dernière mise à jour : Jan 17, 2021 ⏰

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