Chapitre 6

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Nous sommes face à face et nous finissons ce fameux plat de pâtes. Le meilleur de ma vie bien qu'il manque de sauce, d'huile d'olive ou même d'un peu de fromage râpé... En fait, c'est juste des pâtes avec du beurre, mais accompagnée par Jaden, il est gastronomique. Les aveux faits, nous avons parlé de tout, de son enfance, de ses parents, des miens, de mon métier. Il a tout de même trouvé courageux de ma part d'être restée toute seule ici.

Nous voilà maintenant devant les pommes du jardin et je ne peux m'empêcher de dire.

- L'autre soir, quand il y a eu l'orage. Vous le saviez, n'est-ce pas ?

Il se cale dans sa chaise et me parle avec beaucoup de douceur.

- Oui Danaé, j'ai compris ce qui s'était passé...

Je respire et finis par sourire.

- Qu'allez-vous faire maintenant ?

C'est étrange, ceci semble le perturber.

- Excusez-moi, mais je n'ai pas bien saisi ce que vous me demandez...

- Comme travail ? Car vous ne pouvez plus être militaire...

Rassuré, il enchaine.

- Bien entendu, je ne me suis pas posé la question.

- C'est bizarre, pourquoi venir ici ?

Ses paupières paraissent se rétrécir, pourtant il cherche à passer outre.

- Je vous l'ai dit, la vue est plus belle ici qu'en prison.

Je hausse les épaules.

- OK, si vous le dites.

Et je croque à pleine dent la pomme qui est si juteuse que tout le liquide sucré coule sur mon menton. Alors d'un geste il prend sa serviette et l'essuie rapidement. Je deviens rouge comme une tomate en le voyant faire, mais quand il s'en aperçoit, il retire sa main presque aussitôt.

- Décidément, vous rentrerez chez vous toute tachée, c'était écrit...

Nous restons un temps à nous observer, je le trouve de plus en plus séduisant, mais la gêne est telle que je finis par me lever.

- Jaden, je vous remercie, j'ai passé une magnifique soirée.

- Le plaisir était partagé.

Il ne décide pas de m'abandonner au seuil de sa porte, mais préfère m'accompagner au seuil de la mienne. Alors quand j'ouvre et que je le remercie encore une fois, c'est le cœur battant que j'attendrais presque un geste tendre de sa part.

Mais, il ne me fait qu'un signe de la main avant de me laisser.

***

Je ne l'ai pas revu durant les deux semaines qui ont suivi. Peut-être avions-nous besoin de faire le point sur nos histoires respectives, pourtant sa présence discrète me rassurait et j'ai même osé me promener en forêt, comme si son fantôme pouvait me défendre le cas échéant. C'est presque risible, mais c'est bien la première fois depuis deux ans, que je recommence à vivre.

Ce mardi matin, Suzanne vient d'arriver et est manifestement tout affolée.

- Danaé, tu es au courant ?

- Non de quoi ?

- On a retrouvé Antoine le berger mort.

- Quelle horreur... Où ?

- La question n'est pas où, mais comment !

- Je ne te comprends pas.

- On l'a assassiné !

MB MORGANE - Mémoire T.1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant