Chapitre 24

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L'odeur du café me réveille doucement, je suis apaisée et j'entends la pluie qui tombe avec force sur les graviers de l'allée. J'ouvre les yeux et contemple Jaden qui porte un plateau, il n'a presque plus de marques sur son corps, je ne sais pas si c'est lié à sa profession, mais il récupère drôlement vite. Alors je me cale sur la tête de lit et essaye de comprendre ce qui s'est passé cette nuit.

- Bien dormi ?

- Oui, je crois.

Je lui souris timidement.

- Tiens, prends une tasse.

Je la saisis, et bois ma première gorgée, ça fait du bien.

- Danaé, je crois qu'il va falloir qu'on parle sérieusement.

Sérieusement ? Ça ne présage rien de bon, mais je le laisse continuer.

- Qu'on parle de ce qui s'est passé cette nuit.

- Je comprends.

OK, c'est sans doute une manière élégante de m'annoncer que c'est fini avant même que tout ait commencé.

- Je suis un mec plutôt à l'aise, comment, dire ça... à l'aise sexuellement. Si j'ai stoppé court cette nuit, ce n'est pas par tabou, mais plus parce que je ne te sentais pas vraiment toi-même...

Je pique un phare monstrueux, là j'ai juste envie de me réfugier dans la salle de bain et d'y rester durant une décennie.

- Je m'excuse par avance de ce que je vais te demander.

Je relève la tête vers lui.

- Comment s'est déroulé ton viol ?

Je panique à la simple idée de lui raconter des détails, j'ai les mains moites, le cœur qui bat vite.

- Tu veux savoir quoi au juste ?

- Tout, si tu en as le courage.

- Est-ce que c'est vraiment nécessaire ?

- Je pense que oui, s'il te plait.

Je respire avec force et bois une nouvelle grande gorgée de café. Je pressentais bien qu'un jour ou l'autre on allait avoir ce genre de conversation, mais je n'imaginais pas si tôt ! Tant pis, je me fais violence et commence.

- Un soir, j'ai entendu comme une porte de voiture qui claque à l'extérieur du château, et je suis sortie pour voir qui pouvait être là, mais il n'y avait personne. J'avais un chien que j'adorais, et lorsque je l'ai appelé, il n'est pas venu.

- Décris-moi ce chien.

- C'est drôle comme question, un chien que j'aimais beaucoup.

- Oui, mais encore.

- Avec plusieurs couleurs.

- Tu as des photos ?

Je me lève et ouvre la porte de mon placard. Tout en me mettant sur la pointe des pieds pour saisir une boite à chaussure sur l'étagère, je soulève le couvercle et commence à chercher : il y a des clichés de moi et de Laurent, du château, nous étions jeunes. Mais, je suis incapable de trouver une seule photo de mon chien, de Toby ! Alors je lui tends la boite et lui demande de regarder plus attentivement la pile. Il devient sérieux avant de rompre le silence qui m'angoisse.

- Pas de chien...

- Mais c'est impossible ! Il s'appelait Toby ! Je l'adorais.

- En attendant, il n'y a aucune photo de chien, juste ce petit chat noir sur le rebord de ta fenêtre.

MB MORGANE - Mémoire T.1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant