Chapitre 3

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La semaine qui a suivi était pour moi un véritable supplice. Je regardais sans cesse vers chez lui, la nuit je me levais pour voir s'il y avait de la lumière, dès que j'entendais un bruit suspect, je faisais une ronde avec le vieux fusil de chasse de mon père. C'est idiot, car vu son grand âge, si j'appuyais sur la détente, il pourrait me péter au visage... enfin faudrait-il que j'aie la force de tirer, ce qui n'est même pas du tout sûr ! Je n'ai aucune envie de reprendre des calmants, je devrais lutter de toutes mes forces pour percevoir le bon côté des choses, ce n'est pas parce qu'il est un ancien détenu qu'il est encore coupable... Mais je n'arrive pas à oublier que je partage ma propriété avec un tueur !

J'ai demandé son nom de famille à Lisa et il s'appelle : Jaden Olender. J'ai évidemment cherché sur internet, mais rien. Comment ça se fait ? Pourquoi n'y a-t-il pas un article sur ce qu'il a fait ? Aussi, je me persuade qu'il a agi par légitime défense...

Ce soir, il y a encore un orage d'été qui s'annonce. Il semble assez puissant, pourvu qu'il soit dévié par les montagnes derrière le château... Je m'approche timidement de la fenêtre nord, et vois que le vent devient de plus en plus fort. Merde ! Je déteste ce genre de mini tempête, tout peut arriver. Je me souviens il y a quelques années, bien avant "l'événement", qu'un arbre avait reçu la foudre et avait pris feu comme une torche ! J'ai eu si peur que je m'étais réfugiée dans la cave ! Espérons que cette fois-ci rien ne s'enflamme...

Un éclair lézarde le ciel, et le son qui suit fait trembler le plancher instantanément. Ce n'est pas possible, il est au-dessus de nous, je vais mourir d'une crise cardiaque si ça continue. Je dévale les escaliers, mais à peine suis-je arrivée en bas qu'un autre coup de tonnerre fait sauter les plombs du château. Je me retrouve dans le noir, à tâtons, et aidée finalement par les nombreuses lumières de la nature, je m'approche de la commode qui contient des bougies. J'ai le cœur au bord des lèvres, il va exploser... Je tremble tant, que je ne parviens pas à griller une seule allumette sans la casser en deux. Enfin, une s'allume et je me dirige au sous-sol pour atteindre le général électrique et j'entreprends de le lever, mais sans succès.

L'orage et le vent se déchainent ! À l'évidence, je pourrais prendre maintenant la moitié de la boite de calmant si je l'avais sous les mains ! Je ne comprends pas, le plot ne tient pas, il doit y avoir des dégâts dans le château, ou en extérieur. Je remonte en prenant garde de ne pas éteindre ma bougie salvatrice. Dans l'entrée, je ne sais plus quoi faire quand soudain j'entends qu'on utilise le heurtoir de la porte en chêne...

Mon Dieu ! Il y a quelqu'un !

C'est la panique, j'ai peur ! J'hésite, mais trois autres coups résonnent plus fort entre deux éclairs. Alors je prends le fusil de chasse et doucement déverrouille le loquet pour ouvrir le ventail principal. À cet instant, je vois une large silhouette en contre-jour devant moi, il ruisselle. Un flash me surprend et je le vise de mon arme ! Mais d'un geste étonnement rapide, il la saisit et en un tour de bras me fait lâcher l'objet qu'il réceptionne. Alors je hurle, complètement dévorée par la peur :

- Non ! Pitié !

Je recule, mais il s'avance les paumes devant lui. Je presse mes pas et ne vois pas le tapis, aussi je perds l'équilibre et pars en arrière, mais une main me retient. Je supplie plus fort encore :

- Ne me touchez pas ! Non, pitié...

Il me lâche au moment où je commence à pleurer toutes les larmes de mon corps. Il reste devant moi sans faire le moindre geste. J'imagine qu'il va se jeter sur moi pour me violer, alors je me mets à genoux :

- Ne me touchez pas, s'il vous plait, prenez tout ce que vous voulez dans la maison, mais ne me touchez pas...

Je place mes mains sur ma tête, je respire si fort que j'en ai mal aux poumons. Mais au bout de quelques secondes où il ne se passe rien, je l'entends enfin.

MB MORGANE - Mémoire T.1 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant