3-La fin du début

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𝙹𝚎 𝚜𝚞𝚒𝚜 𝚏𝚘𝚞𝚝𝚞𝚎.

Je n'arrive pas à croire ce que je vois à l'écran.

Un bébé.

Il est là, sous mes yeux, et pourtant je refuse d'y croire.

Je n'arrive même plus à le regarder, cela signifie beaucoup trop de problèmes:

Un bébé à mon âge signifie une grossesse risquée, j'ai peur de prendre ce risque, je ne peux pas laisser Paula et ma mère toute seule.

Sans oublier les problèmes d'argent !

Je ne travaille plus depuis 2 mois, et je ne pense pas que un seul chômage sois suffisant pour s'occuper de 4 personnes, surtout d'un bébé et d'une grand-mère Alzheimer !

Et la honte...

Lorsque ma grossesse sera visible et que mes proches seront au courant, ils me tourneront tous le dos car oui, je suis enceinte de l'un des criminels les plus recherchés au monde.

A ce moment là je serai VRAIMENT la risée de la police madrilène.

Et le père...

Je n'arrive pas à concevoir d'élever une nouvelle fois un enfant sans son père.

Je vois les ravages que ça à pu créer chez Paula de grandir avec un père indifférent.

Mais pourtant...

Pourtant cet enfant est là, et il n'y est pour rien du tout, je me suis mise dans la merde toute seule.

Moi et Sergio...

Je finis par regarder l'écran, j'avais oublié le bonheur que cela pouvait procurer, de voir son bébé à travers un si petit écran.

"-Il a l'air si paisible... et très petit non ?
Tout est normal ?"

Je demande, anxieuse.

"-Oui tout va bien ne vous inquiétez pas, votre bébé est une vraie petite crevette !
D'ailleurs je crois que je peux vous donner dès maintenant une estimation quand au sexe, vous voulez le savoir ?"

Me questionne-t-il, le sourire au lèvres.

"-Non, non c'est gentil mais je préfère la surprise."

Je ne voulais pas le savoir maintenant.
Pas toute seule.
Je sais que je risque de ne jamais le revoir, pourtant je ne peux m'empêcher de me dire que Sergio aurait aimé être là pour connaître le sexe de notre enfant.

Le médecin finit par retirer le gel puis me donne les dernières indications quand à la poursuite de la grossesse avant de me raccompagner à la porte.

Je le remercies puis sort en direction de ma voiture.

Je décide de ne pas rentrer tout de suite chez moi et part me balader dans les boutiques du centre-ville, qui se situent d'ailleurs non loin de mon ancien lieu de travail.

Je déambule dans les rues, les mains dans les poches en train de penser à la vie que cet enfant pourrait avoir si je décidais de le garder:

Est-ce que ce serait une petite fille avec
une bouille d'ange ?

Ou un adorable petit garçon qui passerait son temps à taquiner sa grande sœur et sa mère ?

Trop de questions...

Je finis par sortir de mes pensées et décide de m'arrêter devant la boutique la plus proche.

Et bien évidemment comme par hasard je tombe sur une boutique de maternité...

Mais je n'arrive pas à tracer mon chemin et m'arrête devant la vitrine.

Je regarde touts les produits: des cosys, aux pyjamas, en passant par les biberons, les babys-phones ou les vêtements.

Pendant mon lèche-vitrine je me surprends à m'imaginer en train de me servir de touts ces objets au quotidien:

Je me vois en train de préparer les biberons sur l'îlot de la cuisine, je vois Paula en train de jouer avec le bébé sur un tapis d'éveil dans le salon ou encore ma mère complètement gaga en train de tricoter un pyjama en regardant un de ses feuilletons.

Mais voilà.
Il reste une part d'ombre dans mon plan.
Un père.
Cet enfant va avoir besoin d'un père.

Oui, mais comment retrouver Sergio ?

Lui-même ne m'a laissé aucun indice pour le retrouver, lors de notre dernière rencontre il s'était juste contenté de m'embrasser tendrement avant de me souhaiter bonne chance pour ma visite à Àngel à l'hôpital.

Je sors rapidement de mes pensées en entendant une voix qui m'appelle.

Je regarde dans la direction d'où vient la voix et reconnaît un visage familier:

Àngel.

Décidément quand on parle du loup !

Il est vrai que je me suis énormément renfermée sur moi-même ces derniers mois:

Je refusais de voir du monde et déclinais chaque proposition de sortie que l'on pouvait me proposer.
Et ça, Àngel le savait !
On peut dire qu'il s'en est pris beaucoup des râteaux !
J'ai compté:
En 3 mois il m'a proposé près de 12 fois d'aller boire un verre ou d'aller manger au restaurant, mais je trouvais toujours quelque chose pour refuser:
Paula qui était malade, ma mère qui avait besoin d'aide pour faire la cuisine, ou alors l'excuse du ménage de printemps (qui, à mon grand malheur n'a fonctionné qu'une seule fois d'ailleurs.)

"-Raquel !"

M'appelle-t-il avant de traverser la route pour me rejoindre sur le trottoir.

Je ne peux réprimer un petit soupir qui, heureusement passe inaperçu.

"-Àngel, comment ça va ?"

Je lui demande, poliment.

Ce dernier s'empresse de m'enlacer rapidement avant de m'embrasser la joue.

"-Écoutes ça va, tu nous manques tu sais à l'hôtel de police ! Et toi dis-moi, qu'est ce que tu faisais dans le coin ?"
Il finit par regarder la vitrine que j'admirais quelques minutes auparavant.

"-Une bouffée de nostalgie ? Tu regrettes l'époque où Paula était encore un bébé c'est ça ?"
Me questionne-t-il, un petit sourire en coin.

"-Tu lis dans mes pensées,"
Je soupire.

"-Ça te dirait de prendre un verre un de ces jours pour que tu me raconte un peu ta vie, ces derniers mois ?"

Et de 13...

"-Euh...Oui, oui si tu veux..."

Je finis par craquer, me disant que ce n'est que un mauvais moment à passer.
Je commence a m'éloigner discrètement de lui.

"-Super ! Je t'enverrai un message pour te proposer une date d'accord ?
Me dit Àngel, tout enjoué.

"-Oui, oui pas de soucis, je dois te laisser, j'avais promis à Paula de revenir tôt pour qu'on puisse faire un gâteau au chocolat ensembles..."
Je finis par mentir, histoire d'écourter au plus vite la conversation.

"-Pas de soucis, à plus ma belle !"
Conclut-il avec un signe de la main avant de traverser la route.

"-Salut..."
Je marmonne avant de partir le plus vite possible dans le sens opposé.

A partir de maintenant il va falloir que je pense à ne plus jamais revenir dans le quartier et ses environs.

Un Rayo de Sol  ( Serquel )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant