Cité Jean Jaurès (MARSEILLE 14)
POINT DE VUE EXTERNE
Le bâtiment D était le plus calme de tout le quartier, on y voyait peu les jeunes gens qui tenaient les murs, il n'y vivaient que des personnes âgées et des familles assez discrètes. Il y avait deux familles sur les chaque paliers des neuf étages, chacune avait sa propre histoire et chacune était connue des autres. Les Béchir habitaient au premier étage, la famille se voulait discrète, pourtant on entendait souvent la mère Zahya hausser le ton et rouspéter sur ses enfants. On la savait peu tendre avec sa descendance. On l'entendait souvent crier après ses gosses, les rabaisser et on avait souvent vu les deux aînés sortir de chez eux sous les insultes, le visage tuméfié et ne revenir qu'une fois celle-ci calmée ou rendue au travail, tard le soir.
Ces enfants étaient tous très différents les deux plus jeunes allaient et venaient à l'école sans forcément faire de vagues, les deux plus âgés étaient plus problématiques.Karim aurait pu avoir un avenir prometteur, repéré dès son plus jeune âge par le centre de formation de l'Olympique de Marseille, il avait longtemps été la fierté du quartier. C'était le genre de gosses dont on prenait souvent des nouvelles, et à qui on fantasmait un avenir radieux et glorieux. À la maison de quartier, on avait découpé les quelques articles où il avait été cité et on les avait épinglés à l'entrée.
Un soir on avait entendu hurler, pleurer, les portes claquer, et vu Karim sortir en larmes, un baluchon sur le dos. On ne l'avait pas vu pendant de longues semaines, puis on avait entendu parler des vols pour lesquels il avait été soupçonné et sa carrière dans le football avait été oubliée. Désormais il tenait les murs, il trafiquait avec ses amis, vendait barrettes sur barrettes, sans grandes ambitions. Il était ce qu'on appelait souvent « un gâchis ».
Puis, il y avait Bahya, le genre de petites qu'on ne sait pas trop cerner. Elle a grandit entre les tours du Jean Jaurès, elle y a fait ses premiers pas et tous les « anciens » l'avaient déjà tenus dans leurs bras, elle avait longtemps été leur mascotte. Elle était le portrait craché de sa mère. Elle tenait d'elle son teint basané, ses yeux en amande, sa masse de cheveux peu facile à dompter, et son petit nez. C'était une perche, elle avait toujours été la plus grande, surplombant d'une tête tous ses camarades de classe.
Contrairement à son frère elle n'avait rien de maigrichonne, bien au contraire, elle était enrobée, trop enrobée, si bien que Zahya s'en plaignait sans-cesse. On lui avait dit de ne pas la déprécier, qu'elle ne le méritait pas, qu'en soit elle était gentille et qu'elle finirait par s'arranger, maigrir.Mais le temps passait. Et plus il passait, plus elle prenait du poids. Plus elle prenait du poids, plus elle se renfermait sur elle-même. Les jolies robes que sa maman lui avait jadis fait mettre, avaient laissés place aux larges joggings, et le jolie sourire qu'on lui avait connu avait laissé place à une mine maussade.
Ses yeux noirs étaient cernés par une consommation presque excessive de cannabis, et par des nuits blanches à errer avec des amis qui venaient la chercher à peine sa maman partie au travail ou endormie. On l'entendait souvent pleurer ou brailler après sa mère .Cité Jean Jaurès (MARSEILLE 14) — 2 JUIN 2007
22 :43
BAHYA BÉCHIRElle avait ses jours, les jours avec étaient supportables et les jours sans étaient horribles à vivre. Ma mère était tyrannique au possible, elle menait chacun de nous à la baguette, tout devait être comme elle le voulait et si les choses ne lui convenaient pas, elle entrait dans une fureur folle. Elle me rendait dingue, braillait sans cesse pour des raisons plus futiles les unes que les autres. Elle me donnait souvent l'impression que ma tête était sur le point d'exploser. Il m'arrivait de me boucher les oreilles aussi fort que possible afin de ne pas l'entendre, mais il y avait toujours un moment où je n'y arrivais plus, où je finissais par me lever, par lui tenir tête et ça, elle le détestait.
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LES PLAIES | V O L #1 | N.O.S
Fanfiction𝐁𝐀𝐇𝐘𝐀 𝐁𝐄́𝐂𝐇𝐈𝐑 & 𝐍𝐀𝐁𝐈𝐋 𝐀𝐍𝐃𝐑𝐈𝐄𝐔 Bahya a le cœur en miettes, Nabil est perdu. Bahya fuit sa mère, Nabil cherche la sienne. Ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire de leur vie. C'est dans une rue bondée de monde qu'ils se ren...