PLATJA DE CALA (LLORET DE MAR – ESP) — 7 Août 200816 : 30
BAHYA BECHIR
Quand je me suis retrouvée sur cette petite plage, et que j'ai vu les garçons, j'ai d'abord été énervée. Melha ne m'avait pas prévenu de leur présence. Et je lui avais bien stipulé que je ne voulais pas les voir, j'avais espéré pouvoir passer une petite journée tranquille en tête à tête avec ma meilleure amie. Et sans mentir, j'appréhendais assez le fait de revoir Nabil. C'était assez gênant de revoir une personne qu'on avait rencontré et qu'on avait galoché sans grande gêne sur un trottoir bondé de monde.
Il ne m'avait pas calculé. Et je ne m'en suis pas plaint. Il avait l'air assez contrarié, il n'a pas parlé avec son frère, alors qu'en boîte de nuit ils ne s'étaient pas lâchés, multipliant les accolades fraternelles. J'en ai déduis qu'ils s'étaient disputés et l'ai laissé dans son coin. Nader par contre, s'était montré assez tactile et collant. Il était peut-être très drôle, mais il répugne sur certains points. Il avait beaucoup trop de confiance en lui. Il ne se prends clairement pas pour une merde. J'ai été assez soulagée qu'il s'en aille à l'eau, et ai été assez contente que Nabil se décide à engager une discussion.
Nous sommes allongés sur un rocher, côte à côte, nous regardons le ciel bleu. Un sentiment de plénitude s'est emparé de moi à l'instant même où nous nous sommes posés. Nous avons crapahutés du banc de sable où nous étions initialement, jusqu'au haut de la petite falaise, à une quinzaine de mètres de l'eau. Nous sommes bercés par le bruit des vagues, celui de la brise qui souffle dans nos oreilles, et l'écho des rires de nos amis, qui s'amusent plus bas.
J'ai l'impression que je suis revenue des années en arrière, quand je traversais Marseille avec mon frère Karim, Melha et nos autres amis, et que nous passions des journées entières sur les rochers qui bordent la Corniche Kennedy. On brûlait sous le soleil de l'été, enchaînant les plongeons depuis les hauteurs des falaises, nous goinfrant des sandwiches que nos mères nous préparaient. J'y ai passé certains des plus beaux moments de ma vie.
Je sens le regard de Nabil sur moi, alors je tourne la tête vers lui, il me sourit. Il a un air assez idiot scotché sur le visage, j'ai l'impression qu'il se plaît bien ici.
- On est bien là, dit-il doucement.
J'acquiesce silencieusement, tandis qu'il se décale contre le sol pour se rapprocher de moi. Une nouvelle fois nos visages sont très proches, on se dévore du regard, il semble analyser chacun des traits de mon visage, et je ne me gêne pas à faire la même. Comme la nuit dernière, je suis stupéfaite par sa beauté, par sa mâchoire carrée ornée d'une barbe naissante, ses yeux clairs, son long nez, par la balafre qui traverse son sourcil gauche. Le trouver aussi attirant me gêne presque.
- Quand j'étais à Marseille, je romps le silence qui commence à devenir gênant, avec mon frère et nos collègues, on passait nos journées d'été à plonger de falaises comme celle-ci.
- Ah bon ? Il hausse les sourcils. Mais vous avez pas peur de la mort wesh.
- Mais ça craint pas, je sautais de beaucoup plus haut ! Je dis en riant. C'est tarpin bien !
- T'es folle !
Il a l'air sur le cul.
- Y'a rien de plus plaisant ! Tu sens plus ton corps, tu sens juste le vent partout sur toi, et l'eau t'engloutir. Quand tu es dans l'eau, tu ne vois que le soleil à la surface, et quand tu ressors tu reprends tant bien que mal ta respiration et la seule chose que tu veux faire c'est ressauter. Je soupire d'aise au souvenir de ces sensations. J'te jure qu'il y a rien de mieux.
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LES PLAIES | V O L #1 | N.O.S
Fanfiction𝐁𝐀𝐇𝐘𝐀 𝐁𝐄́𝐂𝐇𝐈𝐑 & 𝐍𝐀𝐁𝐈𝐋 𝐀𝐍𝐃𝐑𝐈𝐄𝐔 Bahya a le cœur en miettes, Nabil est perdu. Bahya fuit sa mère, Nabil cherche la sienne. Ils ne savent pas ce qu'ils veulent faire de leur vie. C'est dans une rue bondée de monde qu'ils se ren...