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DISCO PRIVÉ (LLORET DE MAR – ESP) — 7 Août 2008

04 : 55

                  BAHYA BECHIR

Melha était scotchée aux lèvres du garçon sur qui elle a jeté son dévolu, elle ne l'avait pas vraiment lâché, et avait à peine fait attention à moi. Dieu merci, entre deux danse, Nader, le garçon que j'étais sortie récupérer m'avait prit sous son aile. Il m'avait noyé sous les blagues vaseuses et s'était moqué d'une bonne partie des personnes qui avaient passés la soirée à nos côtés. L'alcool et le shit m'avaient rendus assez euphorique, rendus beaucoup plus désinhibée et fait de moi un assez bon public (j'avais ri à en avoir mal au ventre).

Lorsque Nabil est arrivé, j'ai été assez soulagée, le videur nous avait repris de nombreuses fois concernant la clope à l'intérieur, et je n'avais pas eu le cœur de sortir seule.

Nous avons galérés à nous frayer un chemin à travers la foule, tout du long, il n'a pas lâché ma main, au contraire il l'a serré tellement fort que j'en ai presque eu mal. Nous sommes enfin face à l'escalier qui mène à la sortie, l'air frais frappe mon visage, et caresse la moindre parcelle de ma peau dénudée quand on dévale les marches. C'est plaisant.

Mes paupières sont lourde, et j'ai l'impression que mon corps réagit en différé avec les ordres que mon cerveau lui donne, c'est totalement le genre de sensation que je cherche lorsque je m'enfume ou que je bois, celle d'être là, sans vraiment l'être. Les lumières des néons m'agressent, tout à l'air beaucoup trop lumineux.

Nabil ne me lâche que lorsque nous sommes assis sur l'un des bancs faisant face à la discothèque. Il se hâte à rouler, tandis qu'un silence assez agréable s'installe entre nous. Je me tourne, faisant en sorte d'avoir mes jambes de part et d'autres du banc. Je le regarde faire, les yeux plissés. J'examine le moindre de ses faits et gestes, ses grandes mains roulent de manière experte. Sa chemise ouverte laisse entrevoir un torse légèrement musclé, à la peau dorée par le soleil. Je discerne une balafre sous son œil. Je ne peux m'empêcher de tendre le bras pour passer l'index dessus. Je ne l'aurais jamais fait si j'avais été sobre.

-    Ça va, je ne te dérange pas trop ? Il me regarde du coin de l'œil, avant de lécher la feuille à rouler.

Je pouffe de rire, appuyant mon front contre son épaule. Je me sens horriblement ridicule.

-    Désolée, je dis penaude, c'était vraiment tentant.

-    T'es vraiment une meuf cheloue, beauté étincelante.

Pour la deuxième fois ce soir, il me tend de quoi fumer, je note aussi qu'il ne m'a pas appelé par mon prénom.

-    Je fais P2. Qu'il reprends, je grimace.

-    Tu pourrais m'appeler par mon prénom aussi.

Il rit, je ne comprends pas pourquoi. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle.

-    Le truc, c'est que j'ai oublié ton prénom. Désolé.

-    Bahya, dis-je lentement. Répète après moi, BA-HY-A !

-    Bahya. C'est joli, et c'est enregistré. Je ne l'oublierais plus.

Je lui fais mon plus beau sourire. Je tasse le pétard contre ma cuisse nue, je lève les yeux et l'aperçoit zieuter mes cuisses. Je me hâte à tirer sur mon haut afin de les couvrir, je suis peut-être saoule, mais je ne perds pas le nord. Je sais qu'il a vu les cicatrices boursouflées qui ornent le haut de mes jambes. Souvenirs des moments de détresse durant lesquels ma mère me poussait à bout. Il semble comprendre et détourne le regard.

LES PLAIES | V O L #1 | N.O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant