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PASSATGE SANT PERE (LLORET DE MAR – ESP) — 7 Août 2008

13 : 07

                    BAHYA BÉCHIR

    Melha et moi avons la routine d'un couple marié depuis des années, nos journées, et ce depuis que nous avons emménagés, se ressemblent toutes. C'est généralement elle qui se lève en première, elle se prépare puis me tire du sommeil, je ronchonne et finis par me lever. Nous prenons la plupart du temps notre petit déjeuner toutes les deux sur notre balcon étroit. Puis je me prépare et nous allons travailler ensemble.

Aujourd'hui elle ne déroge pas à la règle, elle me tire du sommeil en ouvrant la fenêtre et les volets de notre chambre. M'arrachant des bras de Morphée, sans grande douceur. Elle tire sur ma couverture alors que j'essaye de me cacher dessous.

Treize heure, il est relativement tôt, du moins pour quelqu'un qui s'est couché à sept heures du matin. Alors je ronchonne. Elle finit par abandonner.

Ma tête est au bord de l'explosion, elle est lourde, j'ai l'impression qu'une barre traverse mon front. Mes paupières sont tout aussi lourdes, j'en déduis que yeux sont enflés, car je peine à les ouvrir en grand. La lumière du jour semble brûler mes rétines. Je me traîne jusque dans la salle de bain, qui porte encore les vestiges de notre soirée. Le maquillage de Melha est éparpillé de part et d'autre de l'évier, et les diverses tenues qu'elle a essayé jonchent le sol carrelé.

Je fais peine à voir. Je n'ai pas enlevé le haut que je portais hier, mes yeux semblent minuscules et mon visage est bouffis par le sommeil. Je me rafraîchis, et essaye de dompter mes cheveux, en vain.

Ce n'est que dix minutes plus tard que je la rejoint. Elle est seulement vêtue d'une serviette de bain enroulée autour d'elle, ses long cheveux décolorés sont encore trempés de sa récente douche. Cette fille est vraiment belle, et sûre d'elle, il m'arrive de l'envier. Pas son physique, mais d'envier la manière dont elle s'aime, la manière dont tout ses faits et gestes sont effectués avec une assurance folle. Elle est tout mon contraire, et c'est sûrement pour ça que nous nous entendons aussi bien. Affalée sur le petit matelas que nous avons installés au sol, son téléphone en main, Melha lève les yeux vers moi, et me sourit.

-    Oh, voilà la belle au bois dormant ! Elle tapote la petite place à ses côtés. Viens manger.

Je grimace, et refuse d'un signe de tête. J'ignore les mets présents sur le petit plateau qu'elle a installé au sol, et m'affale. Je ne mange pas grand-chose, la plupart du temps je me contente d'un repas par jour. Et c'est sûrement la raison pour laquelle j'ai perdu une bonne quinzaine de kilos depuis que je suis partie de chez ma mère. Il m'arrive toujours de me goinfrer à en dégobiller, ou de me faire vomir, mais ce n'est plus quotidien. Je vais mieux, je pense.

-    Tu as passé une bonne soirée ? Elle demande en installant sa tête sur mes cuisses.

Il y avait fort longtemps que je ne m'étais pas autant amusé. Le souvenir du baiser échangé avec le parisien me frappe, plaisant, tout comme les semblant de discussions que nous avons eu. Je n'ai pas envie de le raconter à Melha, d'une part car je sais qu'elle va me charrier, et d'une autre car je ne trouve pas utile de lui parler d'un garçon que je ne verrais plus.

-    Oui, je réponds en lui souriant, c'était tarpin bien. Mais la gueule de bois m'arrache la tête.

LES PLAIES | V O L #1 | N.O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant