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Avenue Just Marlés Vilarrodona (LLORET DE MAR – ESP) — 7 Août 2008

02 : 15

                   NABIL ANDRIEU

Nader est défoncé. En réalité il est tellement défoncé qu'il a du mal à tenir debout, et qu'il s'est fait recaler de la boite de nuit où nous voulions aller. Il a clairement abusé lors du Before que nous nous étions organisés. C'est à son cinquième verre de vodka/RedBull que j'ai compris qu'il ne tiendrait pas la route. Il ne connaît pas ses limites et ça me brise les couilles. C'est mon meilleur pote, je le connais depuis le berceau, mais j'ai du mal à comprendre pourquoi je reste avec lui, alors que le reste de notre bande fait la fête plus haut. Si il n'avait pas pour habitude de se foutre dans la merde, je l'aurais laissé sur le trottoir.
Il dégueule tout ce qu'il a mangé dans la journée contre un mur, et sue comme un porc, une auréole de sueur tache le dos de sa chemise bleue. J'ai l'impression que toutes les personnes présentes dans la rue bondée me regardent, nous regardent.

            Le cadre est idyllique, les néons colorés qui décorent les devantures du grand nombre de boites et autres clubs, donnent de faux airs de Las Vegas à l'endroit. Les touristes encombrent les rues et les jolies jeunes femmes sont de sortie, j'ai du mal à garder un œil sur mon ami quand je vois la flopée de demoiselle qui font la queue pour entrer dans la boîte et qui le toisent avec dégoût. Il gâchait ma soirée. Je tire sur le join que j'ai roulé plus tôt, alors qu'il est encore prit d'un haut le cœur.

-    Igo ? Ça va ? Lui dis-je alors qu'il galère à se redresser. J'vais te ramener à la maison parce que w'Allah t'es éclaté.

Il se redresse, comme si il avait été frappé par la grâce, s'appuyant d'un bras contre le mur sur lequel il avait vomis. Je le sens arriver, je vais devoir marchander pour pouvoir le convaincre de bien vouloir me suivre. L'enfoiré va se donner en spectacle.

-    Mais non frère, j'suis frais, regarde, il fait quelques pas en avant, comme si sa démarche titubante pouvait me faire aller dans son sens, et sur le coran que je rentre pas sans une meuf à mon bras.

Je suis à deux doigts de lui mettre une patate, histoire de lui remettre les idées en place, je serre du poing. Heureusement, mon frère Tarik se démarque de la foule, suivi de près par une jeune femme que je ne connais pas. Il sourit de toutes ses dents en se dirigeant vers nous, je prie pour le miracle. Il assène une tape dans le dos de Nader, qui manque de tomber, tandis que je le regarde avec espoir.

-    Truc de ouf ! Zazou a rencontré une meuf, sa pote va nous faire rentrer, elle connaît le videur. Il va laisser rentrer ce gros lard, dit-il en pointant Nader de la tête, et toi tu vas pouvoir faire ta ive.
-    C'est toi qui nous fait rentrer ? Je demande à la jeune femme qui grimace en fixant mon ami qui s'appuie sur Tarik. Merci w'Allah.

Elle semble subjuguée par Nader, elle le fixe, les bras croisés. Je prends le temps de la détailler, les lumières colorées s'écrasent sur sa peau basanée, elle est grande et assez bien en chair. Elle a des yeux magnifiques, en amande, cernés, qui scrutent mon frère et mon ami comme si ils étaient d'étranges créatures. Ses lèvres sont charnues, elle les pince entre ses dents, et semble aussi dépitée que moi. Ses cheveux sont une masse de boucles noires qui entourent son visage rond, j'aurais presque envie d'y passer une main. À vu d'œil, je dirais que c'est une fille des îles. Je tire une nouvelle fois sur mon pétard, avant de la relancer.

-    Miss ? T'es sourde ?

Elle semble surprise, décroise les bras, et pointe les garçons du doigt, Tarik a prit Nader par les épaules. Il le sermonne car il sait qu'il est capable de tout et n'importe quoi.

LES PLAIES | V O L #1 | N.O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant