Chapitre un

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La nuit était vide et l'air était encombré d'une odeur fraîche. Isis était assise sur une chaise, sur le balcon, face à la table de bois clair qui supportait le poids d'un cendrier et de deux pots de fleurs pleins de mauvaises herbes. Une cigarette à la main, elle observait de tout son être les mouvements de la ville qui scintillait sous la Lune pleine.
La fumée de la cigarette s'envolait dans le ciel noir d'une nuit d'été. Elle avait croisé ses jambes, cachées sous une nuisette noire qu'elle portait avec autant d'élégance qu'une robe de grande dame.
Isis avait emménagé ici il y a bientôt deux mois et n'avait toujours pas su comment aménagé ce petit balcon qu'elle aimait pourtant énormément. Elle y avait seulement installer une table et une chaise, qui représentait plutôt bien sa solitude habituelle, se retrouver seule sur ce petit nid haut perché où elle avait rendez vous avec la nuit.
Lorsqu'elle eu recraché la dernière bouffée de fumée en écrasant le mégot au fond du cendrier de métal, elle se leva délicatement et rentra à l'intérieur.
Elle arriva directement dans son salon, à l'ambiance agréable, et s'assit sur le canapé en coton rouge, juste à droite. Un fond musical habituel résonnait dans la pièce. Elle attrapa un paquet de gâteaux qui traînait au pied du grand fauteuil, et en en avala un sans hésiter.
Tandis qu'elle luttait contre le sommeil en lisant un livre dont le nom l'avait particulièrement attiré, son téléphone se mit à vibrer.
Le prénom de sa sœur, Asla, prit place sur l'écran. Isis soupira avant d'attraper l'objet lumineux en décrochant sans émotions l'appel.
Isis ne put même pas articuler un mot que sa sœur, en sanglot à l'autre bout du fil, commença une plainte désespérée bien qu'habituelle.
Elle se plaignait à nouveau de son petit ami, qui cette fois ci, avait apparemment refusé sa demande pour avoir un enfant.
Isis n'eut toujours aucune réaction, et murmura quelques mots qu'elle ne pensait pas, mais qui avait propos à se plaindre de son beau-frère.
Elle n'eut même pas à proposer à Asla de passer chez elle que sa tendre et chère sœur s'invita d'elle-même.
Isis raccrocha juste après cela, ne pouvant tenir les plaintes d'Asla une seconde de plus.
Cet insalubre homme qu'elle pensait être son mari, n'inspirait guère Isis, qui essayait tant bien que mal de lui montrer que son cher amour n'était pas tout beau tout rose.
Isis se leva d'un air lassé du canapé, récupérant au passage les trois ou quatre tasses de thé qui traînaient la depuis un bout de temps. Isis n'était pas du genre à ranger, encore moins quand elle savait qu'elle était seule. Mais là que sa sœur passerait, elle se devait de nettoyer un minimum.
Elle emmena les tasses dans la cuisine, et les déposa dans l'évier sans regret de ne pas les laver dans l'instant.
Elle fit encore quelques allers-retours de la cuisine au salon pour débarrasser son espace de vie avant que sa sœur ne ramène le bout de son nez. Fatiguée de ces actes plus qu'exceptionnels, elle se rassit rapidement sur le canapé.
La jeune femme comptait se replonger dans son bouquin à l'eau de rose mais encore une fois, sa sœur l'en empêcha.
Elle frappa si bruyamment à la porte que Doffy, le chat qui gardait l'appartement de ses griffes acérées, se réveilla en sursautant.
Isis se leva et d'un pas lourd, avança jusqu'à la porte d'entrée.
À peine eut-elle tournée la clé dans la serrure pour la déverrouiller qu'Asla poussait déjà la porte en entrant en trombe dans le salon.
Isis soupira, et se retourna pour apercevoir sa sœur qui, pleurant des larmes grosses comme des cailloux, expliquait la raison de sa venue. Elle déposait son manteau à droite sur le porte manteaux, son sac à gauche, sur le meubles en bois, et là Isis compris qu'avoir ranger son appartement n'était pas forcément utile.
-Asla tu sais bien qu'il ne te mérite pas, arrête de le pleurer sans cesse, disait Isis en essayant de résonner sa grande sœur.
Malgré son âge plus âgé, Asla n'avait toujours pas réussi à accepter les peines de cœur. Il faut dire qu'elle n'en avait jamais vraiment eu. Elle était d'une beauté sans pareille. Ses yeux bleus aux reflets gris étaient lucides et hypnotisants, ses lèvres dansaient symétriquement à chaque paroles, et sa peau était claire et douce comme celle d'un ange. Ses longs cheveux bruns étaient toujours soigneusement coiffés dans un chignon haut, laissant tout de même trois petites mèches plus claires retomber sur ses joues rosées.
Mais là, ses yeux étaient noircis du maquillage coulé par les larmes, et ses cheveux, bien que soyeux, semblaient eux aussi réagir à la tristesse.
Isis invita sa sœur à s'assoir sur le canapé, et s'installa juste à coté d'elle.
-Que vais je faire de ma vie si Sofi ne veut pas d'enfants avec moi? pleurait-elle en prenant sa tête entre ses mains.
Bien que la vision de la vie d'Asla ne plaisait pas plus que ça à sa sœur, elle posa sa main autour d'elle en lui murmurant que tout irait bien. Elle lui proposa une bonne petite tisane en déposant sur les genoux d'Asla une couverture blanche. Isis se leva en direction de la cuisine, les yeux levés vers le ciel.
Évidement, les deux sœurs finirent pas s'endormir après un bon petit thé aux fleurs, allongées sur le canapé, malgré le lit plus confortable dans la pièce d'à côté.

Le lendemain matin, quand les 8h26 s'affichèrent sur l'horloge de la cuisine, Isis ouvrit les yeux. Elle vu dans le flou d'un réveil compliqué sa sœur, qui s'agitait à droite et à gauche. À peine avait elle été remarquée par Asla, que celle-ci commença à lui parler comme si hier n'était rien.
-Sofi m'a appelé, il s'est excusé, enfin tu le connais, c'est tout lui de se comporter comme ça, mais comme je l'aime ça va, et puis je sais qu'il va réfléchir, je suis sûre qu'il aimerait avoir une petite fille ou un petit garçon et tu sais..
Tandis qu'Asla continuait de raconter sa peine de cœur résolue, Isis ferma les yeux sans penser réellement.
Quand elle les rouvrit, il était 10h30. Sa sœur était certainement partie au travail, et rien n'inquieta Isis du fait de se lever si tard un mardi matin en plein été. Elle avait arrêté de travailler dans son agence depuis qu'elle avait emménager dans son appartement et faisait tout sur son ordinateur. Elle travaillait dans une agence de voyage et s'occupait de toutes les réservations par internet.
Elle se leva d'un pas peu galant en direction du balcon, une cigarette et un briquet à la main. Toujours dans sa nuisette noire, froissée par la nuit. Elle alluma sa clope dans une inspiration conséquente et recracha dans les secondes qui suivirent un amat de fumée qui se mêlèrent à l'air chaud de la capitale.
Isis regardait à nouveau les toits des habitations parisiennes qui, de son petit balcon, semblaient être une jungle infiniment grande. Alors qu'elle profitait de ce moment plaisant, elle entendit frapper à sa porte d'entrée.
Persuadée qu'il s'agissait de sa sœur qui aurait oublié un je ne sais quoi ici, Isis se leva en rechignant, emportant sa cigarette jusqu'à l'intérieur.
Elle ouvrit d'un geste violent la porte mais le regard qu'elle croisa n'était pas celui d'Asla.
Le regard qu'elle croisa était brun, d'une profondeur incomparable. Elle hoqueta fortement à la vue d'un jeune homme aux cheveux bruns foncés, presque noirs, assez longs, retombant sur sa peau joliment blanche.
-Je ne voulais pas vous déranger, commença le jeune homme avec un air gêné.
Les yeux de l'inconnu s'abaissèrent sur la tenue d'Isis qui en prit rapidement conscience. Elle recula pour cacher son corps dénudé sous la nuisette, se cachant derrière la porte de bois.
Désormais à l'abris du regard extérieur, elle s'excusa en baissant la tête.
-Je m'appelle Théos, je viens d'emménager sur le palier d'à côté.
Plus qu'enchantée par cette rencontre inhabituelle, Isis sourit avant d'acquiescer.
-Je me disais bien avoir entendu du bruit hier.
-Oui, je fêtais mon arrivée dans ce nouvel appartement avec des amis, expliqua le Théos en montrant du doigt sa porte d'entrée. Je voulais vous proposer de venir manger avec moi ce midi, par simple courtoisie de voisinage.
Isis repris un air soudain très neutre, réfléchit quelques instants avant de refuser poliment la proposition.
-J'ai déjà quelque chose de prévu ce midi.
Ce mensonge effaça d'une traite la sincérité qu'Isis avait jusqu'à présent eu. Elle-même ne savait pas pourquoi elle refusait. Elle avait l'impression de ne pas être à la hauteur d'une telle chose. Et sa mère lui avait toujours dit de se méfier des inconnus.
De plus, Isis était persuadée que ce jeune homme ne serait pas une fréquentation à avoir, et que par la suite, il en faudrait bien plus pour qu'elle accepte un rendez vous, même amical soit-il.
Théos fût quant à lui un peu surpris de ce refus si décisif. Il en resta bouche bée avant d'accepter sans laisser paraître d'émotion. Le nouveau voisin prit congé d'Isis assez rapidement et celle-ci fût soulager de pouvoir se retrouver à nouveau seule avec sa cigarette.
Perturbée par cet incident, elle en ralluma une ou deux par la suite, qu'elle ne prit même pas la peine de fumer à l'extérieur.
Ainsi elle finit sa matinée sur le canapé, à lire quelques chapitre du livre qu'elle avait commencé la semaine passée, les yeux dans le vide mais l'esprit toujours bloqué sur la venue de ce nouveau voisin.

À force d'y croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant