Chapitre dix

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-Et mes cheveux ça va?
-Mais oui, tu es magnifique.
Isis se regardait depuis 20 minutes dans le miroir de la salle de bain. Ses parents devaient arriver dans les minutes suivantes. Théos essayait de la rassurer du plus qu'il le put.
Isis avait malgré tout dû insister pendant deux ou trois soirées pour qu'il ne quitte pas l'appartement, qu'il accepte. Ce qui n'avait pas été facile pour lui.
A vrai dire, ça ne l'était pas pour Isis non plus. Elle ne cessait de paniquer depuis le moment même où elle avait su qu'elle allait revoir sa famille. Trop de souvenirs remontaient dans sa tête, trop de tristesse mais aussi beaucoup trop de joie.
Car tout cela la rendait joyeuse. Même si elle appréhendait.
Bien rapidement, on toqua a la porte. Isis avala sa salive avec insistance avant de bloquer son regard dans celui de Théos. Maintenant qu'elle se retrouvait dans cette situation elle n'assumait plus du tout ce choix. Accepter de les revoir, c'était compliqué. Car le dernier souvenir qu'elle avait d'eux était la tristesse qui les rongeait à cause du décès de son frère.
-Allez, murmura Théos en se dirigeant vers la porte d'entrée. C'est à toi de leur ouvrir.
Isis avança donc. Elle prit sur elle-même et ouvrit la porte. Une larme coula instantanément lorsqu'elle croisa le regard bleu de sa mère. Elle l'observa pendant bien une minute, remarquant ses longs cheveux noirs toujours aussi soyeux, et son sourire ensorcelant de maman. Et juste à sa gauche, son père. Toujours aussi grand et aussi fort.
-Ma fille, murmura Inaya.
Elle s'approcha d'Isis, et la serra fort dans ses bras.
Pourtant, rapidement, Isis se détacha et invita ses parents à rentrer.
-Que c'est joli, s'exclama le père d'Isis, Alphonse, en découvrant l'appartement.
Tout avait été soigneusement rangé par Isis et Théos qui ne voulaient ni l'un ni l'autre faire mauvaise impression. Alors que les parents traversaient la salle à manger pour se retrouver devant la baie vitrée, Isis perdit son sang froid. Elle chercha du regard Theos, sa tête tournait. Elle allait perdre l'équilibre. Et soudain plus rien.

Isis rouvrit les yeux un peu plus tard, elle était allongée dans son lit et à ses côtés, sa mère et Theos se penchaient en la voyant se réveiller.
-Tu nous a fait une de ces peurs, s'exclama Inaya en mettant la main sur son cœur.
-Je vais bien maman, murmura Isis en se frottant les yeux.
Theos quitta la chambre en précisant qu'il allait lui faire un thé. Sa mère, se retourna à plusieurs reprises puis, après avoir vérifié que personne n'approchait, elle se rapprocha jusqu'à se retrouver à quelques centimètres de sa fille.
-C'est un garçon charmant.
Isis sourit niaisement en se demandant que faire. Elle aimerait tant pouvoir lui dire à quel point elle aimait ce garçon plus que tout, à quel point elle avait envie de vivre sa vie entière à ses côtés.
Elle se contenta pourtant juste d'acquiescer.
L'amour était trop instable et inconscient.
-Ne me mens pas Isis, tu l'aimes, s'acharna Inaya en s'approchant encore plus d'Isis.
Isis toussota avant de sourire bêtement. Rien ne pus l'en empêcher.
-Il faut que je te dise maman, commença Isis.
Elle-même ne savait pas vraiment quel sujet elle voulait aborder. Pourtant sa langue autant que son esprit surchauffait. Mathias. Elle voulait pouvoir parler de Mathias à sa mère. Pouvoir lui expliquer à quel point elle avait été détruite sans que personne ne voit rien. Sans même que elle, sa propre mère, ne puisse sentir ce mal.
Pourrait elle un jour? A vrai dire, elle n'avait pas la réponse. Elle était passée à autre chose, elle avait fait le deuil de cet amour pudique et toxique. Pourtant, les séquelles restaient. Elle n'était pas totalement guéri finalement.
Ses yeux se remplirent de larmes pourtant, elle ne put rien dire. Aucun mot, rien. Un silence long et pesant qui invita Inaya à prendre sa fille dans ses bras. Isis se retrouva donc le visage sur l'épaule de la maman qu'elle aimait tant. Et au lieu de s'y sentir bien, elle ressentit une rage impressionnante. Elle pleura, encore et encore. Mais ces larmes n'étaient que rage, colère et hantise. Rien de positif. Que du mal.
Isis n'osait pourtant pas repousser sa mère, de peur de la blesser. Encore une fois, elle pensait à sa mere avant de penser à elle.
Théos revint dans les minutes qui suivirent avec deux tasses de thé à la main, l'une qu'il tendit à Isis, et l'autre à Inaya en lui proposant poliment.
-Tu as l'air d'un charmant jeune homme, commença Inaya en s'adressant à Théos qui en fût gêné.
-Maman, la coupa Isis, stop.
Inaya dévisagea sa fille, et se leva d'un air vexé, quittant la pièce.
-Qu'est ce qui te prends, demanda Theos violement.
-Comment ose-t-elle revenir comme si elle avait toujours été là, me parler de toi comme si l'amour avait toujours été dans ma vie, alors que pas une seule fois auparavant elle ne se serait souciée de ma vie sentimentale.

Cela faisait deux jours que les parents d'Isis étaient arrivés à Paris. Et ce soir, Asla organisait chez elle un repas pour réunir <<la famille à nouveau unie>> comme elle disait.
Isis avait toujours beaucoup trop de choses en travers de la gorge, mais Théos avait réussi à trouver les arguments pour qu'ils y aillent tout de même. A croire que même lui, voulait que tout se passe du plus simple possible.
Isis appréhendait pourtant ce qu'Asla allait bien pouvoir dire. Peut-être allait-elle parler de sa grossesse. Et cela inquiétait drôlement Isis. Certainement à cause de la femme de son frère qui était enceinte lorsqu'elle est morte. Peut-être Isis avait peur que ses parents n'acceptent pas d'être grands-parents d'un autre enfant que celui de leur fils à cause de tout cela.

À force d'y croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant