Chapitre onze

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Alors qu'il devait être huit heure du soir, Isis et Théos marchaient dans la rue. Il avait été compliqué de trouver une place dans le quartier d'Asla.
Bouteille de vin à la main, Théos avançait d'un pas serein. Isis, elle, l'était beaucoup moins. Elle n'était pas intimidée mais pourtant, son regard trahissait son appréhension.
Ils arrivèrent bien vite devant le portail noir, qu'ils poussèrent. La cour avant était toujours aussi propre, les buissons bien taillés, aucunes feuilles mortes à terre, et le tout illuminés par des guirlandes qui partaient de part et d'autre du jardin.
Ils rentrèrent sans toquer et tombèrent directement sur Asla qui arrivait des escaliers.
-Ma sœur! cria-t-elle en la serrant dans ses bras. Nous avons réussi, enfin. La famille au grand complet !
Isis ne réagit pas et passa bien vite à autre chose. Isis mena Théos jusqu'à la salle à manger où la table était chaleureusement garnie.
-Isis, salua Sofi en se levant.
Les deux amoureux s'asseyaient à des places respectives, en face de Sofi et Asla.
La soirée passa petit à petit. Mais Isis n'arrivait pas à se détendre. Elle était persuadée que le mal arriverait tôt ou tard. Alors elle buvait. Se resservait. Buvait encore. Théos lui répéta à plusieurs reprises de s'arrêter mais rien n'en fût.
Et le moment qu'Isis attendait tant arriva.
-Papa, maman, j'ai quelque chose à vous annoncer.
Asla se leva, resplendissante comme à ses plus beaux jours. Elle regarda Sofi et commença un discours presque préparé.
-Je me demande encore comment je ferai si je n'avais pas mon merveilleux homme à mes cotés. Papa, Maman, Sofi fera bientôt réellement parti de la famille. Parce que j'attends un bébé.
Asla sourit, en laissant quelques larmes de joies s'échapper. Sofi se leva lui aussi, et la prit dans ses bras.
A la mauvaise surprise d'Asla, seul Alphonse, son père, réagit. Par de grands applaudissements et des félicitations que Theos et Isis reprirent en coeur.
Mais Inaya non. Ce qu'Isis redoutait venait de se produire. Les seuls mots que la mère put murmuré n'ont même pas été sincères. Asla ressenti cette nonchalance et sortit de table en pleurant. Sofi lui couru après, Alphonse de même. Ne restaient donc à table que Theos, Isis et sa mère.
Isis, sous l'emprise de l'alcool et de la fatigue, ce qui ne lui allait pas du tout, commença à parler.
-Tu rates vraiment tout maman, ta fille t'annonce que tu vas être mamie et tu ne sais même pas être heureuse. - Inaya resta bouche bée. - Tu nous a délaissé pendant tout ce temps et quand tu reviens tu es incapable de nous rendre heureuses.
-Parles moi sur un autre ton, Isis.
-Et pourquoi je ferai ça?
-Parce que je suis ta mère !
-Eurk, parce que c'est ça une mère ? Une femme qui délaisse ses filles pour un enfant mort ? On n'a jamais été responsables de la mort de Reuil mais on en a toujours payé le prix ! Tu n'as jamais été capable de voir qu'on allait mal, pas une fois tu nous a demandé comment nous on allait, comment on le vivait. Jamais. Alors si c'est ça être une mère, crois moi je préfère être orpheline !
-Isis calme toi, murmura Theos.
-Non ! Il faut qu'elle entende la vérité ! Elle croit qu'elle a été la seule à souffrir !
-J'ai perdu un fils Isis!
-Le malheur c'est qu'à cause de ça tu as aussi perdu deux filles, et nous on a perdu notre mère. - Inaya commença à pleurer mais Isis ne s'arrêtait pas. - Tu es restée tellement longtemps absente. Tu ne nous connais plus.
-Bien sur que si!
-Tu as oublié d'être là. Et c'est trop tard, il fallait être là quand on avait besoin de toi nous aussi.
Isis prit la bouteille qui traînait sur la table et posa ses lèvres sur le goulot. Elle laissa la liqueur délicate couler dans sa gorge, puis, repris son texte.
-Si tu avais été là tu saurai à quel point j'ai souffert. Oses tu croire que rien ne s'est passé pendant tes années d'absence ? Asla s'est faite opérée du bras, elle a perdu son meilleur ami dans un accident de voiture. Et moi, moi j'ai rencontré un homme qui a tellement abusé de moi que j'en ai perdu l'envie de vivre maman. Et est ce que tu as été là ? Non. Trop occupée à pleurer un mort pour s'occuper des vivants.
Theos s'approcha d'Isis et la prit par le bras.
-On va rentrer.
-Non ! J'ai pas fini ! Dégage !
Theos la tenait toujours par le bras et tentait de l'amener jusqu'à l'entrée.
-Lâche moi ! Si tu m'aimais tu me soutiendrais !
-Je t'aime Isis, mais là tu fais n'importe quoi.
-C'est que tu ne m'aimes pas alors !
Theos resta figer. Il lâcha Isis et, le regard noir, se retourna pour prendre la porte.
Isis sentit une vague de tristesse l'envahir, mais préféra l'ignorer. Elle continua de cracher sa haine sur sa mère pendant trois bonnes minutes avant de sentir, cette fois ci, une espèce de fatigue lourde et inhabituelle. L'alcool n'était pas une bonne idée.
Bien vite, elle réalisa que tout ce qui se passait était réel. Théos était parti. Alors, elle accouru violement vers la porte d'entrée, manquant de peu de se prendre les meubles sur son passage.
Dehors la nuit régnait. Dans la rue, aucune silhouette. Théos devait être déjà bien loin.
Pourtant, Isis continua de marcher. Elle ne savait pas vraiment où, car les liqueurs lui avait fait oublier beaucoup de choses ce soir là, à commencer par le chemin pour rentrer.

À force d'y croireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant