Chapitre 2

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Tout s'était ensuite déroulé rapidement. Sans la moindre hésitation, le mafieux tira un premier coup de feu et la balle traversa pour la troisième fois cette nuit, la boite crânienne d'un homme qui s'effondra brutalement sur le sol froid. Les supplications de l'homme restant se muèrent en silence. Dans la panique, ce dernier essaya de fuir. Sa vie s'éteignit une seconde plus tard avant même qu'il n'ait eu le temps de faire un pas.

Le silence succédant au tir était troublant.

Les regards et attitudes nonchalantes des hommes ayant assisté à la scène dénotaient la réalité impitoyable qui régnait dans ce milieu. Peu habitué à des scènes d'une telle violence et de mort, Esmeralda s'était figée le souffle coupé. Elle ne pourrait sans doute jamais oublier le visage défiguré par la terreur de cet homme avant qu'une balle traverse sa tête et qu'il ne s'écroule face contre terre dans un bruit effroyable. Cette image allait sûrement la hanter durant des semaines, voire des années.

Esmeralda fut tirée de sa léthargie quand une silhouette ténébreuse surgit soudain devant elle. Le mafieux se plaça entre elle et cette vision d'horreur.

— I chto u nas tut ?

Encore bouleversée parce qu'elle venait de voir, la brune ne saisit pas ce qu'il disait. La peur au ventre, elle releva lentement la tête.

C'était bientôt son tour. Cet homme allait la tuer. Elle allait mourir, tournait en boucle dans sa tête tel un mantra.

Quand elle croisa cette paire d'yeux hypnotiques. Son regard à la fois perçant et envoûtant semblait sonder son âme. Ses iris, l'un d'un bleu profond et l'autre d'un vert énigmatique, brillaient d'une lueur étrangement captivante. La combinaison des deux étaient renversantes.

Comment était-ce possible d'avoir de tels yeux ?

Perdue dans sa contemplation, elle ne l'avait même pas entendu s'approcher.

Ces deux pupilles la scrutaient intensément. Un éclat d'amusement pouvait se lire dans son regard tandis qu'un léger rictus dansait au coin de ses lèvres. La brune se voyait incapable de détacher son regard de celui de l'homme qui venait d'abattre des personnes de sang-froid.

Le mafieux parla d'abord russe, mais troublée par ce qu'elle venait de voir, la serveuse ne parvint pas à donner du sens à ses mots. Elle se contenta alors de le fixer avec des yeux apeurés. L'homme qui était la cause de sa présence sur cette scène de crime baissa enfin l'arme braquée sur sa tempe pour s'adresser à son chef. Cette fois, elle comprit, bien que difficilement, ce qui se disait.

— Je l'ai trouvé pendant que j'étais parti pisser et je ne savais pas quoi en faire, expliqua l'homme avant de bailler à s'en décrocher la mâchoire.

Il poursuivit, précisant qu'elle était sûrement américaine.

— Mm ? Et que viens faire un petit chaton égaré à une heure pareille dans les ruelles sombres d'Arbat ?

Épitomé de la beauté par excellence, son visage semblait avoir été sculpté par Dieu lui-même. Ses cheveux noirs, tirés en arrière, laissaient échapper quelques mèches rebelles devant ses yeux. Des éclaboussures de sang maculaient son visage, accentuant sa dangerosité. Sous son long manteau, un costume d'un noir abyssal et d'une élégance intemporelle venait mettre en valeur ses iris ensorcelants.

D'un geste gracieux, le mafieux usa le manche de sa canne pour incliner délicatement sa tête en arrière, lui offrant ainsi un meilleur aperçu de son visage. Une démonstration subtile de son intérêt pour elle.

— Il semblerait que tu te sois perdue mon chaton, reprit-il dans un parfait anglais.

Son regard s'attarda dans un premier temps sur ses lèvres avant de lentement remonter se plonger dans les siens.

𝐂𝐚𝐩𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant