Chapitre 12

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Les lumières tamisées de l'auditorium se fondaient dans un halo doré tout autour de Mera, l'aveuglant presque. La scène sur laquelle elle se trouvait était vaste à l'image même de son école privée. Autour d'elle, les enfants de célébrités accompagnés de leur famille discutaient gaiement. Seule au centre de cette cacophonie, Mera était là, vêtue d'une robe en satin simple, conçue sur mesure par la maison de son père. Mais ce soir-là, elle se sentait plus seule que jamais. Debout dans un coin de la scène, son regard glissait nerveusement sur les rangs bondés à la recherche d'un visage familier. Ses camarades, tous issus de familles influentes, recevaient des sourires et des regards bienveillants de leurs parents fiers. Mais elle... elle ne voyait que l'absence de son père qui lui avait pourtant promis d'être là. Cette fois, il lui avait dit qu'il viendrait. Il l'avait serrée contre lui, dans un rare moment de tendresse, lui assurant qu'il serait là pour la voir jouer sur scène. Qu'elle serait enfin sa priorité, mais si cela ne durerait qu'un soir.

Encore une fois, son cœur de petite fille était en miette. Encore une fois, son père n'avait pas tenu sa promesse. Et encore une fois, elle était la seule à être seule, recevant les regards peinés de certains professeurs. Un poids insupportable alourdissait son cœur alors que les rires retentissaient partout autour d'elle. Les larmes commençaient à monter, mais avant même qu'ils n'aient le temps de glisser le long de ses joues, une voix familière retentit derrière elle. En se retournant, elle vit son oncle Leornardo.

Il marchait vers elle avec cette assurance froide qu'elle lui connaissait, celle d'un homme habitué à régner dans l'ombre. Sa silhouette imposante était encadrée par un costume trois pièces en laine sombre, taillé sur mesure, d'un noir si profond qu'il semblait absorber la lumière. À ses côtés, ses deux gardes du corps se tenaient comme des statues vivantes, habillés de costumes similaires, mais moins luxueux. Leurs chemises noires, déboutonnées au col, laissaient entrevoir des chaînes en or et des tatouages serpentant le long de leurs cous. Leurs vestes légèrement ouvertes révélaient discrètement les contours d'armes à feu, parfaitement dissimulées mais prêtes à l'usage.

Son regard se porta à nouveau sur son oncle qui s'arrêta devant elle, un sourire étirant ses lèvres.

— Cariño, dit-il de sa voix grave, adoucie par un souffle de tendresse. Je sais, je suis en retard. Je suis arrivé à temps pour te voir monter sur scène.

— Il n'est pas venu, répondit-elle avec un début de sanglot dans la voix. Il avait promis.

— Mais je suis là, moi. Cariño, je serais toujours là pour toi. Les grandes personnes comme moi ont beaucoup de responsabilités, mais n'oublient jamais ce qui est important.

Ce jour-là, son oncle parvint à partiellement soigner le cœur d'une petite fille brisée par des promesses non tenues.

Un bruit la tira soudainement de ce rêve vivide. Mera ouvrit les yeux, l'obscurité de la pièce de la pièce constatant avec l'éclat de ce souvenir douloureux. La jeune femme roula sur le côté, L'étreinte de ce sentiment de déception et d'une profonde mélancolie enserraient chaque parcelle de son être, tandis que les échos de son rêve tournoyaient encore dans sa tête comme des spectres indomptés.

Un faible son venant du salon attira son attention, mais elle pensa au voisin d'à côté qui s'attaquait probablement à sa journée. Mera s'étira péniblement sous ses draps soyeux, la douleur qui se diffusait dans ses bras et tout son corps n'étant que le reflet tangible de son cœur meurtri. Sans compter sur son nez congestionné et son mal de gorge qui semblait ne pas vouloir s'estomper depuis la veille.

Un thé bien chaud avec du miel, voilà ce dont elle avait besoin.

La brune s'extirpa de son lit avec peu de grâce, manquant presque de tomber en se prenant les draps dans ses pieds, mais finit par sortir de sa chambre malgré la faiblesse qui l'assaillait. Enveloppée dans un plaid moelleux, elle descendit l'escalier en colimaçon et traversa le salon sans vraiment prendre la peine de regarder autour d'elle. Elle se sentait plus seule que jamais. La sensation du sol froid sous ses pieds la gardait hors de ses pensées moroses.

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 22 ⏰

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𝐂𝐚𝐩𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant