𝐂𝐚𝐩𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐚

Chapitre 5

Le cœur battant, Esmeralda relut une dernière fois le contrat, ses yeux parcourant minutieusement chaque ligne, chaque clause où les modifications avaient été apportées selon ses demandes. Une petite voix intérieure faisant inlassablement l'inventaire de ce qu'elle aurait pu oublier et que le mafieux pouvait exploiter.

Elle prit le stylo pour apposer sa signature, son esprit pesant toujours le pour et le contre des avantages de cet accord. Le mafieux s'étant montré étrangement accommodant en cédant à toutes ses demandes même si cela desservait ses propres intérêts. Esmeralda se doutait bien qu'il se montrait conciliant pour arriver à ses fins. Pourtant, même avec l'évidence que ce contrat était purement en sa faveur, elle avait l'impression de faire une grave erreur.

Elle hésita plusieurs secondes. Ses doigts se crispèrent autour du stylo tandis qu'un poids grandissait dans le creux de son estomac. Dans un geste presque mécanique, sa main bougea d'elle-même et finit par signer le papier.

La petite serveuse regretta presque instantanément, un flot de doutes et de craintes comprimant son ventre. Elle se mit à mordiller nerveusement ses lèvres tout en observant le résultat de ses actions.

Qu'avait-elle fait ?

Elle prit une profonde inspiration pour essayer de calmer les palpitations effrénées de son cœur et se maudit d'avoir, encore une fois, pris une décision sans prendre le temps de bien y réfléchir.

Lorsqu'elle redressa la tête enfin la tête, son regard s'ancra immédiatement dans ceux, troublants, du russe. Captivée par l'intensité de son regard, le temps sembla se figer autour d'elle.

Esmeralda reprit néanmoins ses esprits en entendant les avocats quitter la pièce. À ce moment précis, la réalité la frappa de plein fouet.

Dans quoi s'était-elle engagée ?

— Bien, reprit Silva d'un ton impérieux, après avoir jeté un coup d'œil sur sa montre. Ce n'est pas que ta présence me déplaise, au contraire, mais je suis un homme très occupé. Je te propose donc d'aller visiter l'hôtel et de profiter des services de bien-être pendant que je termine mon travail ici.

Esmeralda acquiesça en silence, mais une bouffée d'anxiété s'empara d'elle en le voyant se lever pour la rejoindre. Ses doigts agrippèrent fermement le bord du fauteuil alors qu'il s'avançait d'un pas assuré vers elle, une main dans la poche de son pantalon, l'autre agrippant le manche de sa majestueuse canne.

— Cet hôtel m'appartient, alors ne te préoccupe pas des détails.

Silva fouilla dans sa poche et sortit une carte noire qu'il lui tendit.

— Utilise ça pour tes dépenses.

Esmeralda attrapa d'une main tremblante la carte VIP, ses doigts rencontrant la surface lisse et métallisée de l'objet.

— Merci, murmura-t-elle instinctivement tout en examinant la carte entre ses mains.

— As-tu d'autres questions par rapport au contrat ou autres choses en particulier ?

Une question lui vint subitement à l'esprit.

— Suis-je votre captive ? s'enquit-elle, ses yeux rivés sur la carte métallique dans ses mains.

— Est-ce là l'impression que je t'ai donnée ?

Elle faillit lever les yeux au ciel.

Avec le canon d'une arme braquée contre sa tête, elle n'avait pas vraiment eu le choix que d'accepter de monter dans sa voiture hier soir, se retint-elle de répliquer.

Elle retint néanmoins une réponse cynique et préféra rester silencieuse.

— Si j'avais voulu une relation basée sur la captivité, je ne me serais pas donné toute cette peine. Tu as eu le choix d'accepter ou de refuser mon offre, n'est-ce pas ? demanda-t-il d'une voix calme.