Chapitre 6

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Lorsqu'elle rouvrit les yeux, la première chose qu'elle remarqua fut l'atmosphère sombre et calme dans laquelle baignait la pièce. Les lustres avaient été éteints et mis à part le rideau se trouvant à sa gauche, les autres étaient tirés de sorte à ne laisser filtrer que très peu de lumière. Une douce couverture la recouvrait désormais, sa chaleur imprégnant chaque centimètre de sa peau. Esmeralda avait l'impression d'être enveloppé dans un nuage.

Rien ne pourrait la faire bouger de son petit cocon.

Tournant la tête vers la grande baie vitrée, elle se mit à observer le ciel maussade qui surplombait Moscou. Dans le silence feutré de la pièce, seul le rythme frénétique des touches d'un ordinateur résonnait.

Comme toujours, dans cet instant de quiétude, son esprit se laissa emporter vers le souvenir de ce jour fatidique où tout avait basculé dans sa vie. Et comme à chaque fois, elle ressentit la colère d'une trahison si profonde l'envahir peu à peu.

Esmeralda savait au fond d'elle-même que jamais, elle ne pourrait se défaire d'un sentiment aussi fort.

La tentation d'utiliser sa nouvelle connexion avec le mafieux était une idée qui grandissait de plus en plus dans son esprit.

Mais comment allait-elle procéder ? Silva Zyrianov n'était pas le genre d'homme à se laisser manipuler aussi aisément. 

Manipuler ?

Qui était-elle pour pouvoir prétendre de telles actions ?

Non. Succomber à ce genre de réflexion ne lui apporterait que des ennuis. Se permettre de telles pensées n'était donc pas raisonnable.

— Bien dormi ? s'éleva la voix du jeune mafieux, interrompant ses pensées moroses.

Ce dernier se trouvait toujours dans la même position dans laquelle elle l'avait vu avant de s'endormir. Assis avec les jambes croisées, il était complètement absorbé par ce qu'il faisait.

— Pas assez, répondit-elle sincèrement en se redressant dans une position assise.

Il détacha enfin son regard de son écran, plongeant ses iris gris foncés dans les siens.

— Eh bien, tu es désormais la protégée d'un puissant mafieux russe. Si dormir est ce que tu veux faire, alors fais-le, reprit-il d'un ton nonchalant, un sourire en coin dansant sur ses lèvres. Personne ne viendra te dire quoi que ce soit et encore moins t'empêcher de faire ce que tu veux.

Esmeralda sourit.

— Je suis désolée, je me suis endormie pendant que tu me racontais ta mésaventure avec Stanislas, dit-elle d'une petite voix embarrassée.

— C'est bon, et puis tu semblais vraiment en avoir besoin.

— Je dois couver quelque chose, probablement un rhume. Courir sous la pluie n'était pas la meilleure idée. Et si pour être honnête, ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas couru comme ça que mon corps ne sait sûrement pas comment récupérer.

— Pourquoi ne pas aller au spa ? J'ai entendu dire par Matrona que Katerina avait des doigts de fée, suggéra le blond.

— J'avais justement prévu d'y aller cet après-midi, puis de flâner dans la galerie d'art. C'est ce que j'ai déclaré à Yéléna, l'hôtesse d'accueil qui pensait m'humilier en me prenant de haut. Je l'avoue, j'ai dit ça sur un moment de faiblesse. Je voulais un peu la titiller. Mais je dois maintenir les apparences, n'est-ce pas ? répondit-elle d'une voix espiègle, laissant échapper un doux rire.

— Oh, si t'y vas, tu risques de croiser des grosses têtes comme Alexandre Dostoïevski, un auteur-compositeur qui te regarde comme si tu n'étais qu'un moins que rien à ses pieds. Ou ce diplomate saoudien à l'égo aussi imposant que son arrogance. Tu savais que la première fois que nous nous sommes rencontrés, il m'a ordonné de lui donner mon café avant de me toiser de la tête au pied avec mépris et de me dire d'aller me recoiffer. Il pensait que j'étais l'un de ses larbins ! Peux-tu le croire ça ? s'exclama-t-il, l'indignation colorant chacun de ses mots.

𝐂𝐚𝐩𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant