Chapitre 9

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Lorsque qu'ils s'immobilisèrent, Silva jeta un regard dédaigneux sur la devanture de l'établissement devant lequel ils se trouvaient. Il descendit de la voiture, sa stature majestueuse s'imposant comme une ombre menaçante dans la rue animée. Il balaya d'un regard froid les environs, notant avec amusement le frisson de terreur qui parcourait les passants à la simple reconnaissance de l'emblème se trouvant sur les uniformes de ses hommes. Les murmures de crainte et les regards subtils commencèrent alors à se répandre comme une onde dans la foule, témoignant de la terreur qu'il inspirait. Les quelques passants qui croisèrent son regard se figèrent sur place, ébranlés, puis baissèrent immédiatement la tête avant de changer de trottoir.

Silva savoura le pouvoir qu'il exerçait.

Un sourire ironique menaça de se dessiner sur ses lèvres devant les réactions de terreur mal dissimulée, mais il le réprima rapidement, préférant conserver son masque d'indifférence. S'adossant nonchalamment contre la carrosserie de sa voiture, il tira une cigarette de son paquet qu'il pinça entre ses lèvres, voulant d'abord en fumer une, avant de se rendre à l'intérieur du bâtiment.

Une bouffée de fumée s'éleva gracieusement, dansant tout autour de lui alors qu'il contemplait le chaos ordonné dans lequel s'était plongé la rue. À l'intérieur du véhicule, Ivan était plongé dans son propre monde virtuel. Il pouvait entendre le cliquetis frénétique des touches de son clavier résonner dans l'habitacle.

Silva resta là, immobile tel un prédateur au cœur de la ville, observant les alentours d'un œil attentif tout en laissant la fumée de sa cigarette s'échapper lentement dans l'air. Autour de lui, ses gardes du corps se tenaient en formation, comme toujours intimidants et imposants.

Les volets commencèrent à se fermer timidement, les passants détournant leur regard, une atmosphère de tension palpable pesant sur l'ensemble du quartier. Tous savaient que sa présence était souvent signe de mauvais augure.

Lorsqu'il termina sa cigarette, il laissa tomber son mégot au sol avant de se diriger vers l'établissement en face. Ignorant l'écriteau indiquant que le restaurant était fermé, Vladislav lui ouvrit la porte et Silva pénétra à l'intérieur. Le bruit sourd de sa canne résonnait dans le silence, chaque coup contre le sol annonçant son arrivée intimidante.

Il marqua une pause tandis que la porte se refermait derrière lui avec le tintement d'une petite clochette, et se mit à sonder la salle d'un regard indolent.

Silva observa froidement l'intérieur du petit restaurant traditionnel, ne montrant rien du sentiment de dédain rampant dans son esprit habitué au luxe. Les tables, serrées les unes contre les autres, semblaient rétrécir l'espace déjà bien restreint de la salle, un immense contraste avec les vastes salles somptueuses et hors de prix qu'il fréquentait habituellement. Au lieu de marbre poli et de lustres scintillants, se trouvait du bois usé par le passage incessant des clients et des meubles simples. Des couverts en argent patiné ennuyant remplaçaient l'argenterie et les cristaux étincelants auxquels il était habitué.

Il s'agissait donc de l'endroit où le bas-peuple se sustentait, commenta-t-il intérieurement, réprimant difficilement son aversion.

Dos à lui, un homme aux cheveux grisâtres et à la musculature impressionnante pour son âge était assis au bar, sirotant son verre avec une désinvolture calculée. Cependant, dans le reflet des vitrines derrière le comptoir, il croisa son regard acerbe chargé de promesses et de menaces implicites. Derrière le comptoire, se tenait une femme, probablement l'épouse de ce dernier, qui le fixait avec des yeux empreints d'une haine à peine voilée.

— Tu ferais mieux de ne pas te laisser intimider par cet homme, ou je m'occuperai de lui moi-même, lança la bonne femme à son mari.

Elizaveta Deznrodnova. Une femme sans histoire à première vue. Ancienne enseignante de langue dans l'une des plus prestigieuses école de Russie, elle avait consacré sa vie à l'éducation avant de décider de prendre sa retraite et d'ouvrir son propre restaurant.

𝐂𝐚𝐩𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant