Chapitre 3

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Émergeant lentement, la première chose qui la frappa fut son corps lourd et un mal de tête lancinant à chaque fois qu'elle bougeait. Puis l'odeur de ses draps qu'elle ne reconnaissait pas jusqu'à ce que les événements de la veille ne lui reviennent brutalement en mémoire. Elle se souvint de Maxim qui la suit ; les ombres et bruits terrifiants dans ces ruelles sinueuses ; les coups de feu ; l'odeur de la poudre à canon mélangée à celle âcre du sang ; et l'instant d'après elle se trouvait dans la chambre d'un manoir assez luxueux.

Elle se rappela avoir agi tel un pantin désarticulée après s'être calmée alors qu'elle se dirigeait vers la salle de bains avec le besoin impérieux de se débarrasser des stigmates de cette soirée. Elle était restée complètement détachée du réconfort de l'eau chaude ruisselante sur sa peau.

Une fois dans le grand lit à baldaquin qui trônait au milieu de la chambre, elle s'y était rapidement blottie et avait rapidement sombré dans un profond sommeil.

Esmeralda se redressa subitement et regretta presque immédiatement cette action à cause de ses membres douloureux et de son mal de tête. Sa gorge était irritée et une envie de tousser la prit. Elle réalisa avec résignation que les événements de la veille n'étaient malheureusement pas une invention rocambolesque de son cerveau, mais bel et bien une réalité à laquelle elle devait maintenant faire face.

Une horloge au mur indiquait six heures passées.

Elizaveta et Anatoly allaient sans aucun doute s'inquiéter de ne pas la voir se présenter à son service ce midi. Et même s'ils signalaient sa disparition à la police, pas sûr que les autorités compétentes iraient à l'encontre d'un homme aussi influent que Silva Zyrianov, pensa-t-elle amèrement.

En imaginant la réaction du vieux couple et à la dévastation qu'ils ressentiraient, une pression accompagnée d'une piqûre délicate étreignit ses yeux. Savoir toute l'inquiétude qu'elle allait leur causer lui serra le cœur tandis qu'un fort sentiment de culpabilité lui comprima le ventre avec violence.

Elle lutta contre les larmes qui menaçaient de couler et se mit à observer les lieux. Une sobriété élégante imprégnait la pièce, lui rappelant la chambre qu'elle avait habitée dans son enfance. La seule différence étant l'absence palpable de cette tension oppressante. Le grand lit à baldaquin trônait majestueusement au centre de la pièce et était enveloppé de rideaux somptueux à chaque coin, digne de la royauté. Le mobilier était constitué d'un mélange de bois poli et de métal finement ouvragé, reflétant la richesse ostentatoire du propriétaire. En face du lit, se trouvait une immense cheminée. Même le tapis semblait exsuder un luxe excessif, une délicatesse trop précieuse pour être foulée par ses petits pieds.

À l'image du mafieux, cette chambre était d'une noblesse intemporelle.

Son regard se posa ensuite sur les rideaux en velours qui tamisent la lumière du jour. La curiosité la poussa à se lever, bien que difficilement, pour explorer ce qui se cachait au-delà de ces épais drapés pourpres.

Une vue imprenable sur le vaste domaine du mafieux se dressa devant elle. Comme elle l'avait pressenti, le domaine se trouvait complètement isolé du reste du monde. Le manoir était entouré d'une forêt assez dense qui s'étendait à perte de vue. Elle pouvait même discerner plusieurs cours d'eau serpentant à travers.

Il y avait même un lac avec un quai privé où se trouvaient de somptueux bateaux, observa-t-elle.

Esmeralda, négligeant d'enfiler un peignoir, poussa les portes-fenêtres pour s'aventurer sur le balcon. L'air glacial du matin frappa son visage et s'engouffra sous son pyjama en soie. Elle frissonna, mais ne recula pas pour autant.

Son regard s'étendit vers l'entrée du domaine où se dressait un portail imposant orné de sculptures artistiques et arborant fièrement les armoiries de la famille Zyrianov, reflétant l'autorité et le pouvoir de cette dernière. Juste à côté, caché par les feuillages d'arbres, se trouvait une structure spéciale, comme une maison de gardes. Des silhouettes vêtues d'uniformes sombres accompagnés de chien de chasse étaient postés de part et d'autre du portail.

𝐂𝐚𝐩𝐭𝐢𝐯𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐦𝐚𝐟𝐢𝐚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant