Volé

Danny : Chapitre 7

Elle vient de partir, je ne l'ai pas retenue. Je ne lui ai même pas dit au revoir. Je n'avais plus les mots, elle me les a volés en exposant notre vie idéale. Ce qu'elle m'a dit vient de me toucher le cœur de plein fouet. Elle a remué tous mes sentiments enfouis.

Je n'ai pas menti j'ai bien été amoureux d'elle. Il y a dix ans et onze mois. J'étais persuadé que ce n'était pas réciproque, mais je me trompais. Je suis sorti presque sans arrêt avec des filles pour passer à autre chose. Ça ne marchait pas trop mais je continuais. Clarisse a été celle qui, il y a cinq ans m'a le plus permis d'oublier mes sentiments qui me suivaient encore et encore pendant de nombreuses années. Mais je ne les oubliais pas vraiment, je faisais juste semblant de ne pas les voir, de ne pas sentir mon cœur battre quand elle était là. Je m'étais même persuadé que je ne l'aimais plus. Je suis devenu aveugle face à ça, j'essayais de me concentrer uniquement sur ma relation, sur Clarisse. 

Lise, je l'aime. Je l'aime bien trop.

Quand elle referme la porte elle se tourne vers moi. Elle a quitté sa robe pour un short et un débardeur. Elle me fixe, essayant de déterminer ce qu'il se passe dans ma tête.

- Il s'est passé quoi ? Pourquoi tu ne lui as pas dit un seul mot ?

- Elle m'a dit qu'elle m'aimait. Elle a juste dit avant que t'arrives "je t'aime".

Je fais une chose que je n'avais pas faite depuis longtemps. Je laisse une larme couler de mes yeux. Clarisse vient se blottir dans mes bras.

- Elle est partie. Je n'ai même pas eu le courage de la retenir. Je ne lui ai pas dit au revoir.

- Je sais. Je suis désolée.

- Je n'ai pas pu lui dire que je regrettais tout ça.

- Ça va aller ?

Je n'ai même pas de réponse à ça. C'est ma meilleure amie. Onze ans de ma vie passés avec elle. Alors non ça ne va pas du tout aller.

- On était meilleurs amis. J'ai tout vécu avec elle. On a fait les quatre cents coups. Et tout s'envole en l'espace d'une heure.

- Tu peux encore la rattraper.

- J'en ai envie. Mais c'est trop tard.

Lise m'aurait dit que ce n'est jamais trop tard. Elle m'aurait bougé. Mais la vérité c'est que je crois que je ne peux plus rien faire pour elle, je ne sais même pas quoi faire. Et j'ai peur terriblement peur, car si je la rattrape je crois que je ne pourrais pas m'empêcher de l'embrasser. Clarisse se détache de moi.

- On fait quoi Dan maintenant ?, me demande-t-elle.

À vrai dire j'en ai aucune idée, il y a une pensée qui me traverse l'esprit écrasant toute forme de réflexion, sauf que ce n'est pas possible. 

Je ne peux pas la rattraper, abandonner Clarisse pour Lise et demander cette dernière en mariage.

C'est pour ça que je la balaie et alors je réponds ma roue de secours, la seule chose sage qui me passe par la tête.

- Dix-huit heures. On peut encore se marier il n'est que quinze heures trente.

- Ou on ne se marie pas, réplique-t-elle.

Je la dévisage, j'essaye de comprendre pourquoi. Elle pose sa bague de fiancée sur la table. Sans vraiment savoir pourquoi je pose la mienne à côté de la sienne.

- Je suis prêt à me marier avec toi.

- Moi aussi.

- Alors ?