Anam Cara T2

Chapitre 4

Alexis Gómez

-Putain mais regarde toi ! T'es laide tu ressemble à rien ! Me hurle mon double dans le reflet du miroir.

Une goutte de sueur perle le long de ma tempe. Figée d'effroi face à la scène qui se joue sous mes yeux.

-Tu me dégoute Alexis ! Sérieusement t'as aucune chance de trouver un anam cara ! Qui voudrait de toi ? Même la déesse Dana a pitié !

Avec dédain ma jumelle me scrute sous tous les angles.

-Toutes ces filles valent tellement mieux que toi... Cracha-t-elle.

Affreuse, squelettique, hideuse, nulle, bonne à rien, déchet. Ces mots tournent en boucle dans ma tête encore et encore sans jamais s'arrêter.

Soudain j'ouvre les yeux en prenant une grande inspiration.

-Ça va ? Tu m'as fais peur ! Lance Abby en sursautant.

-Oui oui. Tout va bien. Mentis-je.

Je replace une mèche rebelle derrière mon oreille et me rend compte que je suis moite de transpiration.

-Je reviens je vais me nettoyer. Fis-je en me levant.

Je passe devant quelques unes de mes camarades et les entend chuchoter sur mon passage.

-Hé regardez, c'est le fantôme. Rigole l'une d'entre elle.

Je lui jette mon regard le plus glacial et cela semble calmer ses ardeurs puisqu'elle dégluti en détournant les yeux. J'ai beau être la risée du bahut, je porte bien mon surnom de tarée. Ils savent à leur dépend que quand on me cherche trop, on me trouve. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai été collée pour m'être battue.

Je laisse passer beaucoup de fois mais il y a des jours où il ne vaut mieux pas me narguer. Je suis assez imprévisible à vrai dire.

Cependant les louves elles, n'ont pas froid aux yeux et j'évite de trop me frotter à elles. Le résultat ne serait pas le même.

J'ouvre la porte qui mène aux toilettes et me dirige vers les lavabos.

•~•~•~•~•

Lors de l'atterrissage Abby s'est cramponnée à moi comme une moule à son rocher. Darren dont nous sommes soigneusement restées éloignées nous a conduites jusqu'au parking de l'aéroport international de Memphis où étaient stationnées deux gros range rover noir. Quel cliché. Je déteste ça.

Nous-nous sommes réparties en deux groupes pour le trajet. Abby se jette sur la banquette arrière comme une petite folle ce qui m'arracha un rictus.
Cette fille n'en a rien à faire du regard des autres et c'est ce qui est génial chez elle.

Je monte à sa suite et Mona, une louve qui s'entend bien avec Abby nous rejoint. Je me sens insignifiante assise entre deux louves.
Évidemment Abby et Nolan ont hérités du gène de par leur père. Mais si je me souviens bien de mes cours de lycanthropie, il y a un autre moyen de devenir un loup-garou. Si on se fait mordre par l'un d'eux, soit notre corps est assez fort pour survivre à la mutation soit nous mourrons.

Pas très joyeux je sais.

La voiture démarre. Les buildings défilent devant mes yeux, des hommes et des femmes en costard en sortent, des personnes âgées promènent leur chien ou leurs petits-enfants. Cette ville grouille de monde.
On trouve de grandes enseignes à tous les coins de rues, c'est tout à fait différent de Dublin.
Les feux passent au rouge, permettant aux joggeurs de traverser la route.
Deux mois ici, ça va nous changer.

Quelques dizaines de minutes plus tard nous montons le long d'une petite route sinueuse et débouchons sur le haut d'une immense plaine verdoyante surplombant le centre-ville. Juste en face de nous trôné fièrement une gigantesque villa moderne, à ses côtés quelques autres habitations. Magnifique il n'y avait pas d'autres mots pour la décrire. Juste derrière se répandait une forêt dense.

-Wouaw. Siffle Abby. Il doit être bourré de fric ce type.

-On va vraiment loger là-dedans ? J'ai hâte ! S'écrie Mona toute enjouée, les yeux brillants.

-Calmez-vous les filles, vous devez montrer une bonne image de notre école ! Nous prévient Madame Walsh assise au siège passager.

Ça fallait s'en douter. Je me retiens de lever les yeux au ciel -chose que j'adore faire- et descends du véhicule. Je manque d'ailleurs de me casser la figure du haut de mon petit mètre soixante-trois. Oui je dis petit parce qu'ici quasiment toutes les filles me dépassent, et de loin.

-Bien je viens d'apprendre que l'alpha avait eu un rendez-vous important à la dernière minute, il a donc dû se déplacer à Toronto et sera là demain en fin de journée. Vous aurez donc quartier libre toute la journée de demain mais pour l'instant, je vais vous faire visiter. S'exprime Darren.

-Mais c'est des vacances en fait leur truc. Lâchais-je.

-Je ne m'en plein pas en tous cas. Glousse Abby. Des vacances tous frais payés, et dans une villa aux États-Unis en plus.

-C'est sur...

Tant que je suis loin de mes parents ça me va.
Nous suivons le bêta et découvrons avec émerveillement un hall spacieux où se trouve un grand salon ainsi qu'une cuisine salle à manger. Un grand escalier de verre en colimaçon nous mène au premier étage avec plusieurs chambres d'amis, où nous dormirons ainsi qu'une salle de jeux avec billard, flipper, table de poker et j'en passe.
Au deuxième il y a les chambres attribuées à certains membres de la meute puis au troisième, c'est l'étage réservé à l'alpha et nous avons l'interdiction formelle d'y mettre un pied.

-Et il n'y a pas de salle de bain ? Questionne l'une des filles, Caroline je crois.

-Si bien sûr. Chaque chambre comporte sa propre salle d'eau adjacente. Répond Darren.

-Nous pourrons utiliser la piscine ? Ajoute Mona.

-Oui.

-Ça, ça me plaît. Rigole-t-elle.

-Les six autres élèves anglaises ne devraient pas tarder à arriver. Je vous laisse choisir votre chambre et y poser vos effets personnels. Dit le bêta avant de déserter les lieux, non sans lancer un regard en biais à Abby.

-Je vais appeler ma mère elle va être verte de jalousie ! Lance Mona avant de filer dans l'une des chambres avec sa valise.

-Je l'aime bien mais qu'est-ce qu'elle peut être enfantine parfois. Me glisse mon amie. Bon et bien on a plus qu'à déballer nos affaires maintenant.