CHAPITRE 6. SOUFFRANCE.

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10/janvier/2024.

Présent.


St George. Utah.


18:30.



~Le seigneur est mon berger.~


Isadora.

Les fesses solidement et inconfortablement clouées sur ma chaise, le regard perdu dans le vide, les coudes posés sur ma portière de sorte à ce qu'on ne voit pas mon visage, les yeux fermés, je sombrai lentement dans l'éternel gouffre qu'était le passé. Cela m'arrivait à chaque fois que je relisais sa lettre. En clair à chaque début de mission.

Je savais ce que je faisais en la lisant: Je me tuais.

En parcourant ce vulgaire bout de papier, rempli néanmoins de souvenirs atrocement douloureux, je subissais, silencieusement, les durs coups de poignard qu'était ses mots. Je  m'enterrais sous une épaisse couche de culpabilité. Je laissais le désespoir me gagner en le laissant ainsi reprendre ses droits.

Reprendre ses droits sur ce qui ne m'appartenait plus, sur ce que je ne contrôlait plus, sur ce qui m'avait quitté à cet instant fatidique et qui ne reviendra, malheureusement plus jamais: Mon âme.

En d'autre termes, je m'étais moi-même perdue. J'avais sombré dans l'abîme violent qu'était la tristesse et m'y était rapidement noyée.

Rien de m'aidait à me révéler, puisque tout tout me rappelait ce moment. Tout me rappelait sa mort.

Son sang me poursuivait comme mon ombre. Son visage rempli de douleur me persécutait dans mes plus sombres cauchemars. Et sa vie, filant peu à peu entres mes doigts, me faisait amèrement regretter la mienne.

Je m'efforçais à tout oublier. Je voulais tout oublier! Mais je n'y arrivais pas...
C'était impossible, la tâche était bien trop profonde. Cette tâche indélébile marquant mon être, cette marque définissant à présent ma vie, c'était celle de la mort.

Et nul ne peut sauver ce que la mort s'est déjà appropriée.

« La moche au bois dormant, on est arrivé. » me lança Lhysa, tout en déverrouillant sa ceinture.

Mon regard remonta de ses talons aiguille argentés, pour passer sur la fente s'arrêtant à la moitié de sa cuisse. Sa robe longue vert émeraude, en velours était magnifique. J'adorais le fait qu'elle soit centrée sur sa taille. Mais aussi, qu'elle fasse des plis autour de celle-ci. Les petits boutons à la fin de ses manches rajoutait de l'élégance à sa tenue. Et le décolleté plongeant dont elle était munie, rappelait le cote provocateur de mon amie. Qui était tout aussi ravissante que sa robe, par sa queue de cheval en désordre. Son maquillage doré sublimant ses iris verts. Et son brillant à lèvres. Ouais. Elle était belle. Seulement, jamais je ne lui dirais.

W.A.R.R.I.O.R.S.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant