Roméo - Aliex

Chapitre 10

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On nique tout c'est tout c'qu'on laisse à nos fils
On subit toutes les conséquences qui nous mènent à l'office
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- Allô ?

- Vincent ? Coucou mon grand. Comment tu vas ?

- Ça va et vous ?

- Ça va ça va, on est un peu fatigués mais c'est normal, c'est le travail. Vous avez bien de la chance de ne pas encore être dans cette spirale infernale...

Bien sûr... Et vous vous avez bien de la chance de pas avoir des enfants à élever, pense Vincent, ça serait vraiment trop fatiguant mes pauvres... Ils sont vraiment incroyables.

- Pourquoi vous appelez aujourd'hui ? D'habitude vous nous appelez toujours le week-end.

- Oui je sais je suis désolé mon grand, on...

- M'appelles pas comme ça s'il-te-plaît.

- Vincent... On était très occupés, on avait beaucoup de réunions ce weekend, on a pas eu le temps de vous téléphoner.

- Bon vous vouliez nous dire quelque chose ?

Un silence suit la question de l'adolescent, ne faisant qu'augmenter son agacement.

- Roméo va bien ?

- Oui... Enfin j'espère. Je sais pas si vous êtes au courant mais il a un peu un traumatisme quand même. Mais vous inquiétez pas surtout, je voudrais pas vous fatiguer.

- Vincent... Fais pas l'enfant s'il-te-plaît...

Voilà. Et maintenant c'est de sa faute. C'est LUI l'immature dans l'histoire, LUI qui se plaint pour rien, LUI qui ne fait pas attention aux autres,... Mais EUX, ils sont parfaits EUX, des petits anges, qui bossent dur pour subvenir aux besoins de leurs enfants...

- Je suis moins enfant que vous apparemment puisque je suis le seul capable d'élever un gosse.

Le châtain raccroche brutalement le combiné, mettant fin à l'appel. Il ne veut pas en entendre plus. De toute façon si leurs géniteurs les appelaient c'était sûrement pour leur dire que finalement ils ne pourront plus venir à Noël, qu'ils auront des réunions, sans doute à Hong Kong ou dans un coin reculé de Tokyo, mais que, de leur hôtel cinq étoiles, ils penseront bien fort à eux. Et sur les joues de leur fils aîné, ce sont des larmes de rages qui descendent, en chute libre, comme son moral depuis un an. Cette hypocrisie le met hors de lui. S'il avait pu, il aurait sûrement jeté le téléphone par terre de toute ses forces, mais cette fois-ci il se contente de le ranger dans sa poche au lieu de s'énerver. Cependant avant même qu'il ait pu le faire, il reçoit un message. Évidemment, ils n'avaient pas fini leur conversation...

Message de "Maman"

On voulait juste vous dire que finalement pour Noël nous ne pourrons pas rester un mois comme prévu. Nous passerons deux semaines avec vous car nous avons un projet important à Singapour le 2 janvier.
Bisous
Maman

Deux semaines. Ils n'auront pas vu leurs enfants depuis quatre mois, et ils vont leur accorder deux semaines... Vincent se lève de son lit. Il essuie difficilement les larmes de rage qui inondent ses joues, mais dès qu'il les efface, de nouvelles apparaissent, alors il abandonne et sors de sa chambre. En passant devant la cuisine il jette un coup d'œil désespéré à l'horloge lui indiquant qu'il reste encore deux heures à tenir avant que Rémi arrive. Cet appel a chassé tout son courage, sa bonne humeur, sa motivation... Il n'a plus envie de faire d'effort, il a envie de pleurer de tout son saoul pendant longtemps, très longtemps, et de vider toutes les larmes que son corps.