Roméo - Aliex

Chapitre 24

★
Toutes ces années dans le noir
À me demandait où on allait
Ouai je me perdais tard le soir
Je me détruisais pour réparer
★

Enfin, la porte s'ouvre, sortant le blondinet de sa rêverie.

- Bah qu'est-ce que tu fais là ? T'es pas dans ton lit mon grand ? Tu t'es réveillé plus tôt ?

Roméo reste muet mais, habituée au silence de son fils, la jeune femme ne le remarque même pas. Elle attrape la main du petit et l'entraîne avec elle.

Tout s'enchaîne très vite sans que l'enfant ne voit les choses passer. Il se retrouve habillé, devant un petit-déjeuner et, alors qu'il n'a encore rien touché, se fait entraîner par sa mère dans l'entrée pour une préparation express. Le cartable est à moitié prêt puisque que le blondinet a été incapable de parler et de bouger pour montrer à sa mère.

Quand tout ça se finit enfin, la grande dame prend fermement la main de son enfant et le tire jusqu'à l'école, le laissant courir et se traîner derrière ses grands pas d'adulte.

Roméo suit, il n'arrive plus à réfléchir. Tout se bouscule dans sa tête. La seule chose qu'il sait c'est que quelque chose cloche sévère et que le seul qui peut l'aider est Rémi. Alors il se presse de passer le petit portillon de l'école et de monter les escaliers jusqu'à sa classe, suspendu à la main de sa génitrice qui le trimballe comme un paquet de chiffon.
Là-haut, pas de Rémi en vue... C'est la maîtresse qui accueille Roméo et sa mère avec un sourire faux. Et à peine a-t-elle pris la main de l'enfant qu'elle salue rapidement la mère et l'entraine dans la classe, loin de cette femme, là où un grand bouclé l'attend patiemment.

À cette vision, le petit sent un immense soulagement retirer ces chaînes qui le paralysaient, il retrouve instantanément ses mouvements et se jette sur les jambes du brun, les enserrant en pleurant. Rémi prend immédiatement le petit dans ses bras et le berce en le serrant contre lui sous le regard inquiet de l'enseignante. Le blondinet se vide de ses larmes, celles qui avaient encore résisté à sa nuit blanche, mais cette fois, ce sont des larmes de soulagement... et de peur.

Dans les bras de son grand frère de cœur, Roméo se laisse aller quelques minutes. Puis il se souvient qu'il doit expliquer à Rémi qu'il a besoin d'aide, alors il se met à gesticuler pour ne pas avoir à parler.

- Qu'est-ce qu'il y a petit bonhomme ?

Le petit signe rapidement tout ce qu'il peut, mais cet amas de gestes précipités et indécis n'aide pas le plus grand qui tente de comprendre.

- Tu as peur ? C'est ça ? Tes parents ? Ils sont méchants ? Oui je sais mon cœur... mais maintenant t'es là avec moi et tu repartiras plus avec eux.

- Vincent...

- T'inquiètes pas pour Vincent mon ange, tu vas le voir tout à l'heure et on va rester tous les trois, d'accord ? On va aller chez moi ensemble.

Le petit hoche la tête et mime encore des tas et des tas de choses.

- Quoi tu as entendu des choses ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ta maman ? Non... Ton papa ? Il est énervé ? Et il t'as tapé ?! Non ? Qu'est-ce q... Il a tapé Vincent ?!

La tête blonde hoche énergiquement avec une bouille inquiète. Son ami ne peut retenir une mine grave et anxieuse.

- Tu as vu ça Roméo ?

L'enfant hoche à nouveau la tête avant de signer.

- Tu as entendu aussi ? De quoi ? Une bagarre ?

Roméo jette un oeil autour de lui dans la pièce avant de pointer du doigt.

- Une dinette ? De la vaisselle ? De la vaisselle qui casse c'est ça ?