PDV Claire
Ce matin est un matin comme les autres depuis ces deux semaines, Chloé a recommencé à faire le trajet avec moi jusqu'à la fac. Je l'ai mise au courant de ce qu'il s'est passé ces derniers temps avec Laura, et à ma grande surprise elle m'a énormément réconforté, je n'ai eu le droit à aucune leçon de morale, seulement à de la bienveillance. Depuis que Chloé est littéralement amoureuse de Eliott, elle est devenue plus douce et compréhensive ce qui est vraiment bien. Tout ça me donne plus envie de me confier à elle et de moins éviter ces sujets qui fâchaient par le passé.
On arrive sur le campus après plusieurs minutes de tram, la fatigue de fin de semaine et d'approche des partiels commencent à se faire sentir, on a toutes les deux une tête bien fatiguée et sortir de nos rêves devient de plus en plus compliqué. On monte alors les quelques marches de l'entrée du campus et on commence à traverser les couloirs que l'on fait de manière complètement automatique, presque comme des automates configurés à aller en J006 tous les jeudis à 8h30. En prenant l'abord du dernier couloir, une porte donnant sur une autre entrée claque avec une vitesse amplifiée par le vent automnal. Je ne peux alors m'empêcher de lever la tête, et je m'attendais à tout sauf à recroiser le regard de Laura, bras dessus bras dessous avec une femme, que je reconnais comme Audrey.
A ce moment précis, sans interrompre notre avancée vers la salle de cours, mon sang se gèle, mon cœur s'emballe et mes yeux ne peuvent pas quitter les siens. Cependant je n'ai aucune envie de venir vers elle, je sens cette rage monter en moi, et cette envie de tout détruire mais je ne laisse rien paraitre. Je reste impassible, un regard froid avant de détourner le regard. L'inquiétude et l'incompréhension de sa disparition laisse alors place à la déception et à la colère. Chloé m'a toujours dit qu'elle ne m'apporterait rien de bon et je commence à penser qu'elle avait finalement raison. Il ne s'est peut-être rien passé en soi, ce n'était peut-être qu'un bisou mais ça comptait pour moi. Je mettais attachée à elle, cette fille avait quelque chose que je n'ai jamais trouvé chez quiconque auparavant, et disparaitre pendant des semaines je n'accepte pas. Je ne comprends pas comment elle a pu faire ça, ignorer mes messages, mes appels, elle m'a laissé dans un totale ignorance face à sa disparition pour la retrouver par hasard avec une meuf. Combien de temps elle serait restée comme ça ? A faire comme si je n'avais jamais existé, comme si j'avais seulement été cette fille hétéro qu'elle s'est amusé à perturber pour la jeter ensuite. J'en viens clairement à regretter ce rapprochement qu'on a vécu, je regrette tous ces moments qu'on a passé, si j'avais su qu'elle serait capable de disparaitre du jour au lendemain je ne l'aurai jamais laissé entrer dans ma vie. Ce n'est pas une personne en qui on peut avoir confiance, et encore moins avec qui on peut entretenir une relation saine. Je ne veux plus entendre parler de cette fille, et je m'interdis de penser encore à elle à partir d'aujourd'hui.
La fin des cours sonne, enfin ! Avec Chloé et Mathieu nous attrapons nos affaires en vitesse et nous dépêchons d'aller au Veracruz, notre resto universitaire fétiche. On a le choix entre 3 plats différents, il n'y a pas énormément de places mais on peut manger dehors et la nourriture est meilleure ici que dans les deux autres restaurants du campus alors le choix est vite fait. La queue pour régler nos plateaux est toujours longue a 12h30, ce qui annonce qu'il y aura du monde dans la salle.
Une fois que nous sommes enfin parvenus à payer nos plats, on se dirige tous les trois vers le self, et comme je le disais...c'est blindé. Par chance un groupe d'amis finissent de manger, on patiente donc qu'ils sortent de table pour nous installer à notre tour. On dévore alors nos plats sans perdre trop de temps...on reprend à 13h30 et on a perdu énormément de temps dans la queue...40 minutes pour manger, aller aux toilettes et rejoindre la salle de cours au 4e étage sans ascenseur...les joies de la fac !
Pendant le repas, Chloé ne fait que nous parler d'Eliott entre 2 bouchées, ce qui a le don de nous faire rire avec Mathieu, et nous fais souvent changer de sujet sous les insultes passives / agressives de notre chère amie. Je parviens à retrouver peu à peu la complicité que j'avais avec lui. On essaie tous les deux d'oublier ce scandale au restaurant de son père, ce qui lui a valu de faire la plonge pendant 1 mois afin de « te faire comprendre qu'ici ce n'est pas un terrain de jeu et que c'est un lieu respectable petit morveux ! ». Son imitation nous pousse dans un fou rire tous les trois. Mais...d'après ce qu'il m'a dit, son père lui en veut encore et lui fait bien payer. Je me sens mal de l'avoir mis dans une situation pareille.
A l'approche des vacances de Noël nous croulons sous les devoirs à rendre pour valider notre semestre, et passer une bonne partie de ses soirées à travailler n'est pas vraiment l'idéal...Je lui propose alors de lui venir en aide si jamais il a besoin, il est mon ami et même si Laura a pu penser qu'il aurait pu me faire quoi que ce soit je ne peux pas y croire. Il acquiesce et me remercie avec un large sourire, je suis contente qu'il ne m'en veuille pas. Les plats enfin engloutis nous nous levons pour céder la place aux autres étudiants qui veulent déjeuner. On se dirige alors vers le tapis roulant pour les plateaux quand une voix masculine se fait entendre :
- Chloé !
Elle se retourne et ses yeux s'écarquillent lorsqu'elle aperçoit son Eliott debout à une table lui faisant signe de venir. Elle me supplie alors du regard de l'accompagner, dans ma bonté infinie je souffle, pose mon plateau sur le tapis et me dirige avec elle voir Eliott et ses amis. En arrivant au niveau de la table, plusieurs têtes inconnues parlent entre elles ne relevant même pas notre présence avec Chloé. Je ne peux m'empêcher comme à mon habitude de jeter un regard sur tout le monde, j'ai toujours eu ce besoin de tout vouloir regarder, tout comprendre et surtout tout contrôler dans mon environnement, je déteste que des choses puisses m'échapper. Depuis que je suis petite la moindre chose peu m'affecter avec une force surdimensionnée en comparaison aux autres personnes. J'ai une fâcheuse tendance à toujours tout prendre trop à cœur et ce n'est pas maintenant que c'est près de changer.
Une fois que mon tour d'horizon prend fin, Chloé est sur les genoux d'Eliott et une tête brune, face à lui joue avec les petits poids de son assiette. Évidemment Audrey est à côté de Laura, qui ne semble pas se sentir bien.
- Chloé ? On y va ? On va être en retard.
- Attends un petit peu s'il te plait, et puis ce n'est pas grave si on rate 5 minutes.
Eliott me regarde et semble fixer quelque chose que je porte, il s'adresse alors silencieusement à Laura. Je ne cherche même pas à comprendre et me retourne alors vers la sortie, où Mathieu nous attends. Il me fait alors des signes m'indiquant du doigt sa montre. Je lui réponds alors en haussant les épaules tout en rigolant légèrement. En reprenant ma place initiale, je remarque que Laura me fixe avec un regard noir comme celui qu'elle avait eu au restaurant envers Mathieu, je relève aussi qu'elle sert fortement la pauvre fourchette dans sa main. Si elle croit m'impressionner ou avoir encore la moindre emprise sur moi elle se trompe. Audrey, en la voyant dans cet état d'énervement se tourne vers elle et commence à lui caresser les cheveux en lui parlant sans comprendre ce qu'il se passe. Je ne peux alors m'empêcher de rire légèrement, et je sais que Laura le voit. Je dis alors à Chloé que je rejoins Mathieu et qu'on lui gardera une place à côté de nous en cours. Je prends mon sac posé entre mes jambes, lance un dernier regard inexpressif à Laura et me dirige vers la sortie.
Mrn.D
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Shadow of Love
RomanceClaire, une jeune blonde, timide et légèrement surdouée s'apprête à faire son entrée dans le monde des études avec sa meilleure amie. C'est enfin le grand jour, celui où elle pourra goûter à cette liberté qu'elle désirait tant depuis des années. So...