La première fois que j'ai tenté de me suicider, j'avais 14 ans. Suite à une peine de cœur, pour attirer l'attention de celui que j'aimais, j'ai avalé 2 paquets de médicaments. J'avais envoyé un message à quelques personnes que j'estimais, et j'ai parlé plus en détail à celui que je désirais.
Il est venu le soir même, je lui ai ouvert, et il a dit à mes parents que j'avais des « idées noires », et ce que j'avais fait. Ils se sont rassemblés dans ma chambre, me fixant, me demandant « Pourquoi tu as fait ça », les yeux humides. Il s'est assis à côté de moi et quelques dizaines de minutes plus tard, j'étais aux urgences à l'hôpital ; 14 février 2019. Je suis sortie 5 jours plus tard, du service pédiatrique pour adolescents, et, forcée, j'ai dû prendre rendez-vous avec la psychologue que j'avais déjà vu à l'hôpital. Je suis allée la voir 2 fois avec ma grand-mère, je me suis enfuie en claquant la porte au 2ème rendez-vous.
Mars, vin en cours, et agrafeuse murale. Rendez-vous avec ma mère au collège à cause de la mutilation, elle se met à pleurer, on me fait sortir. 16 mai 2019, première cigarette.
Confinement, je vais très bien, je me suis lancée dans la traduction de mangas et webcomics en ligne. Je joue avec des amis et mon frère, tout se passe bien.
Reprise, c'est dur, les gens m'insupportent, ils sont bruyants.
Je me fais une nouvelle amie dans ma classe, je reprends la cigarette.
Lundi 9 novembre – vendredi 13 novembre 2020, cigarettes quasi-quotidiennes , vodka en cours, je tape dans les murs, je me mutile à nouveau, beaucoup, je ne suis plus capable de suivre les cours, mes notes sont basses, comme d'habitude.
17 novembre 2020 – je décide de faire une seconde tentative, le plus vite possible, car je sentais mon envie de vivre revenir. Je me prends une Danette à la noix de coco et y fourre une quarantaine de cachets en prenant mon bain ; je sors. J'appelle ma nouvelle amie qui dit qu'elle ne va pas pleurer quand je le lui annonce, puis la fait lorsque je lui dit que je sens mon corps s'engourdir. Je suis désolée. Par son soutien et par culpabilité, j'appelle ma meilleure amie. Elle sait que je vais mal. Malgré mes supplications, elle envoie des messages à ma mère, mon père vient me voir « Tu sais que tu peux me parler hein ? ». Ma mère arrive à son tour, elle me demande les boîtes « 4 boîtes de médicaments, tramadol, codéine, paracétamol ». Elle s'en va, puis revient et s'adresse à mon père « Moi c'est bon je l'emmène pas à l'hôpital ». Ça m'a blessée, profondément. Je suis toujours en appel avec ma meilleure amie, je raccroche, direction l'hôpital, le même, mon père au volant de la voiture.
On arrive aux urgences, j'y passe la nuit. Une interne Annick, vient me parler le lendemain, je me confie, elle était sympa, puis c'est au tour du docteur qui me prendra en charge. Je suis de nouveau placée au service pédiatrique pour adolescents. Une semaine de calme et de sérénité passe. J'ai parlé à une psy, des internes, des infirmières, des docteurs, un psychiatre, une diététicienne. J'ai fait une rencontre avec une fille plutôt sympa. Ma mère s'est fait une entorse, elle n'est jamais venue me voir quand j'étais à l'hôpital. Mercredi 25 novembre, je sors et retourne chez moi. Mes amies m'ont appelée souvent, mon père est venu quelques fois, et suite au diagnostic du psychiatre, ainsi que mon consentement, je suis sous anti-dépresseurs. Je suis rentrée, chez moi, apaisée, gentille, et pot de colle avec mes chiens.
Je prends mon médicament tous les matins, il est goût menthe. J'ai pris l'habitude de me lever tôt, vers 9h-9h30, et c'est plutôt pas mal, quand on n'a pas les yeux complètement défoncés par les écrans devant lesquels je passe mes journées.
Mardi 2 décembre – je vais à la clinique pour une radiographie panoramique, pour les dents de sagesse, ainsi que pour une échographie. Vu que mes menstruations sont très écartées, on m'a suggéré d'en faire une, car j'aurais peut-être des ovaires polykystiques (SOPK). L'échographie a montré une compatibilité, j'ai rendez-vous avec un gynécologue le 29 décembre (il me prescrira une IRM si besoin).
Mercredi 3 décembre – rendez-vous avec la même psy qu'avant, je ne suis plus aussi désagréable, elle est même plutôt sympathique, si je le suis aussi. On a parlé une trentaine de minutes, et elle m'a donné un autre rendez-vous une semaine plus tard. J'apprends que je ne peux pas reprendre les cours le jeudi car les responsables de mon niveau et du lycée veulent un rendez-vous avec mes parents (et moi, même si je ne l'ai appris que le lendemain), avant que je retourne en cours.
Jeudi 4 décembre – le rendez-vous au lycée est demain ; je vais peut-être revoir ma meilleure amie demain, ça fait longtemps ; elle m'a dit qu'elle déménagerait bientôt dans le coin, mais que dans le futur (1 ou 2 ans), elle partirait sûrement dans le sud avec sa famille. Je n'ai pas touché à l'alcool ou la cigarette depuis mon hospitalisation, j'ai envie d'en refumer une, hâte d'être lundi. Le bac blanc de 4h en français me stresse beaucoup. Je ne connais ni mon genre ni ma sexualité.
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Vie d'un moi dépressif
NonfiksiNon-fiction d'un moi stupide, dépendant, et noir, que j'aimerais n'avoir jamais connu, et qui tente de remonter... maintenant. Je ne cherche qu'à me faire du mal. Meilleurs classements : #7 college #5 attention