Le jour d'après ...

63 5 5
                                    

Cette conférence, Ben s’en souvenais comme si elle avait eu lieu hier. C’était un lundi de juillet, il faisait un temps maussade, comme la quasi-totalité de l’année ici. Il ne s’était pas rendu au travail car il avait rendu visite à son grand père mourant à l’hôpital. Ils étaient donc confortablement installés devant sa télé au moment où le professeur commença son discours…

Ce jour fut le dernier jour serein de son existence. Il se souvient avoir entendu des coups de feu à peine 20 minutes après le début du discours. Ce qui sans aucuns doutes le sauva ce sont les dernières paroles de son grand père, qui avait perdu la boule depuis plusieurs années déjà :

- « Ca y est, c’est la fin. Je le savais, et dire qu’ils m’ont tous pris pour un fou »

-« Qu’est-ce que tu racontes papy ? Quelle fin ? »

-« Le discours, tu ne t’en souviens surement pas, mais le climat n’a pas toujours été aussi rude. Depuis 20 ans le malaise des gens ne fait que croitre avec la montée des températures. Tu entends ces cris et ces coups de feu ? Ça a commencé, les gens ont pris d’assaut les magasins pour faire des réserves en attendant la fin. Promet moi que tu feras exactement ce que je te dit de faire sans poser de question !!! »

-« Qu’est-ce que tu racontes papy, faire quoi ? Je ne te laisserai pas ici de toutes façons »

-« Tu vas aller chez moi en passant par le champ derrière l’hôpital, ne prend surtout pas ta voiture et fonce chez moi. Au fond du garage il y a une trappe. Ouvre-la et enferme-toi à l’intérieur. Il y a tout ce qu’il faut pour tenir plusieurs mois. »

-« Mais, mais qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne te laisse pas seul ici. Ce n’est pas négociable, si des gens attaquent les supermarchés ils vont venir à l’hôpital et tu risques d’être blessé »

-« Je suis trop vieux pour bouger, fait exactement ce que je t’ai dit. Je me suis préparé à ce moment toute ma vie, si tu fais ce que je t’ai dit tu seras en sécurité, tu auras beaucoup plus de chances que les autres. Adieu Victor, je t’aime. Puisse Dieu te protéger ».

Avant que Victor ne puisse prononcer un mot ou faire un geste, le vieillard sorti une arme de poing et se mis une balle dans la tête.

Cette scène repassait en boucle dans sa tête depuis toutes ces années, et y resterait gravée à jamais. Mais son vieux avait eu raison, s’il ne s’était pas donné la mort Victor n’aurai jamais pu se résoudre à le laisser seul sur son lit d’hôpital.

Et comme 80% des habitants de ce pays, il serait très probablement mort à l’heure qu’il est. 

Le souvenir de ce qui s’était passé après la mort de son grand père n’était plus très clair dans sa tête, depuis le temps, et avec le stress du moment il n’avait que des bribes de souvenirs.

Il lui fallut bien 5 minutes pour reprendre ses  esprits, le corps gisant sans vie de son grand père au milieu de la pièce ne l’aidant pas vraiment.

C’est une rafale de fusil qui le ramena à la conscience, il ouvrit la porte et vit au loin un groupe d’hommes armés et cagoulés, en train de prendre tout le matériel médical possible en exécutant sans aucunes hésitations sur les gens qu’ils croisaient.

Il retourna immédiatement dans la chambre et ferma la porte à double tour. Les hommes armés ne l’avaient surement pas vu. Mais à entendre les rafales successives ils se rapprochaient à grand pas de la chambre et seraient bientôt là.

Par instinct il se rua sur l’arme échappé par son grand-père sur le sol et se dirigea vers la fenêtre. Victor était un fervent pacifiste, il n’avait jamais touché d’arme à feu. As on contact la froideur du métal lui glaça le sang, il se rappela des paroles de son grand père prononcé à de multiples reprises par son grand-père pendant son enfance :

-« Parole de vieux, la paix c’est de la connerie. Les hommes sont violents c’est comme ça et cela ne changera jamais. Tu devrais apprendre à te servir d’une arme petit, je te garantis que s’il le faut j’expliquerai volontiers ma vision de la paix à quiconque essayera de s’en prendre à ma famille. »

Le vieux avait raison, il se demanda si avoir une arme chargé et ne pas savoir s’en servir n’était pas pire que de ne pas avoir d’arme du tout, mais il le sentait il devait la prendre avec lui.

Il ne fallut que quelques secondes pour casser la sécurité qui maintenait la fenêtre verrouillée. Il ne restait plus qu’un élément qui le retenait dans ce trou à rats.

Les 5 mètres qui séparaient la chambre du vieux avec la terre ferme. Victor avait beau être un très bon sportif depuis toujours 5 mètres c’était beaucoup trop haut pour tenter le saut.

Il se mit donc à retourner la chambre méthodiquement en cherchant un moyen de se tirer de là. Quelle fut sa surprise quand il tomba dans l’armoire qui contenait les effets personnels de son vieux sur une corde faites de draps et de taies d’oreillers attachés ensemble, les uns à la suite des autres.

-« Le vieux n’était là que depuis 5 jours et il avait déjà l’intention de se tirer d’ici et il avait déjà l’intention de se faire la malle. Papy tu viens de me sauver la vie, et j’ai comme l’impression que ce n’est pas finis »

Victor pris le drap qu’il fixa solidement au lit du vieux, puis le jeta par la fenêtre et entrepris la descente.

A peine rendu à mi-chemin il entendit la porte de la chambre voler en éclats, une rafale de balles arriva instantanément après, le vieux était surement mort une deuxième fois.

Il ne fallut pas plus de 10 secondes au commando pour repérer sa tentative d’évasion, se penchant coté à coté à la fenêtre les hommes cagoulés ouvrirent le feu.  

Lâchant la corde, le choc de la chute de 3 mètres dans le vide lui parut bien  moins douloureux que la balle qui traversa son épaule droite.

La douleur était horrible, surement la pire qu’il n’ait jamais subis. Son cœur dans sa poitrine comme si il allait exploser et son sang coulant de son épaule sur son bras lui aurait très probablement fait perdre connaissance dans n’importe quelle autre situation, mais pas cette fois.

Victor trouva la force de se relever et se mis à courir, en s’éloignant dans le champ il vit au loin le parking de l’hôpital. Tous les gens essayant de l’atteindre se faisait abattre sans sommations.  

-« Tu viens de me sauver la vie une deuxième fois, le vieux. »

Je crois qu'il fera chaud demainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant