Chapitre 5

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-Bon aller le nouveau, montre un peu ce que tu sais faire.

L'air supérieur de celui qui se prend pour le nouveau chef de l'île me fit lever les yeux au ciel. Je suis Peter Pan, le seul et unique, j'ai presque créé cette île, je suis le héros d'un conte pour enfant, et je suis le seul petit garçon du monde qui ne grandira pas.

-Rufio est là pour t'aider Peter, tu n'as aucune raison d'avoir peur, me rassura Clochette.

-Tu pense vraiment que j'ai peur de lui ?! Un petit prétentieux qui a volé ma place.

-Je ne l'ai pas volé, j'ai juste pris ce que tu avais abandonné.

-Je ne l'ai pas abandonné d'accord !!! Je ne l'ai pas... je ne t'ai pas abandonné Lizzie, je...

-Battez-vous, me coupa-t-elle.

Ok je vous explique, je suis sur un terrain, entouré des garçons perdus, en face de Rufio, une épée à la main. D'ailleurs c'est la mienne qu'il a dans les siennes. Elizabeth nous regardait, assise sur sa grande chaise. Elle dégageait une telle aura, de respect, et si je ne la connaissais pas, je dirais même qu'elle est presque effrayante.

Elle est tellement différente de la Lizzie que j'ai connu. Cette Elizabeth-là, est froide, sans vie. Aucun sourire ne venait illuminer son magnifique visage. Elle ne portait plus ses belles robes blanches et légères, toujours cintrées d'une épaisse ceinture de feuilles, comme avant, qui lui donnait l'air d'un ange, elle ne coiffait plus ses cheveux bruns avec des plumes colorées. Aujourd'hui, elle portait des pantalons de cuire assortis à des corsets qui marquaient sa taille, au-dessus de tuniques noires, et sa chevelure était enfermée dans une tresse serrée. Sa prestance pouvait presque faire penser à celle d'un pirate, mais elle restait si belle. Une beauté effrayante, presque... dangereuse.

Ce n'est pas la Lizzie que je connais. Ce n'est pas la Lizzie que j'aime. Mais je ne peux que comprendre ce changement radical de personnalité. Je l'ai laissé dans sa tristesse et son désespoir, c'est tout à fait normal qu'elle ait changé suite à tout ça. Mais il était hors de question que je la laisse ainsi. Elle n'était pas heureuse. Elle n'était pas malheureuse non plus, mais elle n'était pas heureuse. Et cette perspective me semble inenvisageable. Je dois me racheter, faire revenir un sourire sincère sur son visage. Faire revenir la Lizzie que je connais. La Lizzie pleine de vie, jamais à cours d'idée de farce, de jeu, à la soif d'aventure, qui aime apporter la joie autour d'elle. La Lizzie que j'aime, plus que tout, et je serai prêt à n'importe quoi pour la revoir.

Rufio m'attaqua sans que je ne le voie venir, trop pris dans mes réflexions, et je me décalai au dernier moment. Je me défendis comme je pu, et fus heureux de constater que je n'avais pas trop perdu la main. Bon il a quand même fini par me battre mais je suis quand même resté assez longtemps l'épée en main.

Mais en plus d'être mieux entrainé que moi, Rufio était dicté par de la rage envers moi. Je le voyais dans ses yeux. Et je peux le comprendre. Il a toujours été le chef ici, il a toujours eu Lizzie que pour lui, et voilà que d'un seul coup, je reviens et tente de reprendre tout ce qu'il a. Non, pas tout ce qu'il a. Il pense que je veux prendre le contrôle des enfants perdus, je ne veux que retrouver le pardon et l'amour d'Elizabeth. Alors quand il me fit tomber au sol, le regard emplis de jalousie il leva son épée au-dessus de sa tête, et je pense que sur le coup, il l'aurait très certainement abattu sur moi, si Elizabeth n'avait pas sauté entre nous immédiatement pour bloquer son épée.

Ils se regardèrent un long moment, leur visage à quelques millimètres, seulement séparé par leurs épées croisées entre elles, en pleine bataille de regard. Lizzie me tournait le dos, mais je pouvais aisément voir le visage de Rufio se détendre peu à peu, pour finir par se rendre compte de son acte. Je ne sais pas s'il regrette son geste, mais en tout cas, il fit un pas en arrière, les bras ballants, fixant la jeune fille. Cette dernière se retourna vers moi, me regarda avec dégout et mépris et disparut une nouvelle fois dans le feuillage, tirée par une liane.

Je n'ai jamais voulu t'abandonner.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant