Chapitre 4

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Chaque mot prononcé par Lizzie me brise un peu plus le cœur. Chaque mot me laisse penser que c'est impossible de le briser encore plus. Et pourtant, chaque mot me prouve le contraire.

-Quoi ?! Mais Liz... Elizabeth. Tu ne peux pas faire ça, sans moi l'ile ne serais pas ce qu'elle était.

-Et qu'est-ce qui va m'en empêcher ?! Tu as perdu ta couronne en abandonnant ton ile, ton royaume. Moi je suis restée tout ce temps, malgré ma solitude et ma tristesse.

-Je ne te reconnais plus. Comment tu as pu m'oublier aussi rapidement ?! Comment tu as pu me remplacer par ce, ce type en deux ans.

-Tu es partie plus de trente ans Peter !! Je viens de passer bien plus de vingt ans à ruminer ma colère, à chercher la raison de ton départ !! De ton abandon !!!!

-Je n'ai jamais voulu t'abandonner !!!!!

-Arrêtes !!!! De !!!!!! Mentiiiiiiiiiiiiiiiir !!!!!

A son cri, la terre se mit à trembler, les nuages se collèrent soudainement au-dessus du Pays Imaginaire, plongeant l'ile dans l'ombre et le tonnerre gronda férocement. Tous les enfants perdus se recroquevillèrent au sol en se prenant la tête dans leurs bras. Rufio courut vers elle et la pris dans ses bras en lui frottant le dos tendrement. Cette image me brisa de nouveau le cœur et me fit serrer les points. Alors il peut vraiment me remplacer dans son cœur. M'a-t-il déjà remplacé ?

Lorsque tout redevint comme avant, Elizabeth se détacha du jeune homme.

-Dans trois jours, mort au vif, je ne veux plus jamais te voir.

Elle fit demi-tour et lança :

-Trouvez lui une cabane. Et le plus éloigné de la mienne.

Elle prit une liane dans sa main, tira dessus et elle fut emmené par la corde et disparut dans le feuillage. Rufio et moi nous regardions les yeux dans les yeux en nous lançant des regards noirs, entouré de tous les enfants perdus. L'un d'eux, de six ans peut-être, brisa cet échange en me prenant joyeusement la main et trottina vers une cabane perchée dans un arbre. Enfin si on peut appeler ça une cabane. C'est plutôt un petit lit poser sur un petit planché composée de trois planches et avec un petit toit d'un mètre de hauteur. Mais c'est vraiment adorable et confortable. Et le fait qu'il y en ait partout dans les arbres apporte une atmosphère légère et joyeuse. Je comprends pourquoi ils ne sont pas à l'arbre du pendu. Ils sont une bonne trentaine, ils ne seraient jamais tous rentrer.

-C'est ta cabane Peter.

-Merci petit. C'est quoi ton nom ?

-La Puce.

-C'est toi qui l'as choisi

-Ouais. Lizzie a dit qu'on devait oublier notre ancien nom. Comme les enfants qu'il y'avait avant. Tu les as connus toi ! Tu peux me raconter comment c'était quand tu étais encore ici !!

-Tu es sûre que tu veux savoir ?!

-Oui s'il te plait !!!

-Oui aller Peter !!

Le reste des enfants perdus avaient surement dû nous suivre discrètement, se cachant derrière les troncs ou dans les buissons, car ils sortirent de nulle part et s'assirent autour de moi.

-Mais Lizzie ne vous a rien raconté ?!

-Tous ce qu'on sait c'est qu'il y'avait d'autres enfants avant nous et que Peter Pan nous a abandonné.

-Moi je suis sûre que c'est pas vrai. Que tu voulais pas la laisser toute seule, avoua La Puce en montant sur mes genoux.

-Alors pas où commencer... Quand on était plus jeune avec Elizabeth, on s'est rencontré une nuit dans un grand parc fermé. Clochette est venu nous voir et elle nous a emmené au Pays Imaginaire. Une fois arrivé, on s'est installé dans un grand arbre avec le tronc creux. Il s'appelait l'arbre du pendu. Et nous sommes allés chercher des enfants tombés de leur poussette quand la gouvernant ne regardait pas. Il y'avait La Guigne, notre second, La Plume, chargé des plans de bataille, Bonzique, Le Frisé et Les Jumeaux. On s'amusait à faire des chasses au trésor et des caches-caches dans toute l'ile. Des fois on aller faire la fête chez les indiens. Et on adorait chercher des embrouilles aux pirates. L'eau de la mer était toujours bleu turquoise transparente et les buissons étaient couverts de fleurs colorées et tous les jours le soleil brillait. Un jour, je suis allé à Londres, et j'ai entendus une histoire provenant d'une chambre d'enfant. Quand je suis revenu ici, je leur ai raconté l'histoire et tous les jours je retournais dans l'autre monde pour écouter de nouvelles histoires. Jusqu'à ce qu'un jour, mon ombre se cache dans leur chambre. Quand je suis retournais la chercher, la fille, Wendy, était réveillée et je l'ai emmené au Pays Imaginaire avec ses deux petits frères, Michael et John. Le Capitaine Crochet les a kidnappés et quand je suis allé les chercher, j'ai réussi à le battre et le crocodile Tic-Tac l'a avalé tout rond. Wendy et ses frères sont rentrés chez eux avec les enfants perdus et avec Elizabeth nous vivions heureux. Jusqu'à ce que je me retrouve enfermé dans un orphelina.

-C'est vrai ?! L'eau était bleue ?!

-Oui. Le Pays Imaginaire a bien changé aujourd'hui, il n'est plus ce qu'il était avant.

-Et depuis que tu es revenu ça empire, me jeta Rufio en arrivant devant nous.

-Rufi ! Tu as entendu son histoire ?!

-Elle est fausse. Il ne faut pas l'écouter.

-Mais c'est Peter Pan, dit un petit garçon à la peau noir

-J'ai l'épée de Pan ! Je suis le chef Pan maintenant ! Vous pensez vraiment que ce gars-là va me la prendre ? A moi ? Rufio.

-Mais Lizzie dit que c'est lui.

-Lizzie ne sait rien. Elle est trop aveuglée par la tristesse et la colère. Elle est tellement naïve qu'elle est persuadée que c'est lui.

-Mais qu'est-ce qu'il fait ici si c'est pas Peter Pan hein ?!

-On s'en fiche Pockets. Maintenant je suis là moi. On n'a plus besoin de lui.

-Mais tu ne l'as jamais connu. Elizabeth et Clochette disent que c'est lui.

-Elles ne savent rien !!

-Je pense pouvoir reconnaitre le garçon avec qui j'ai passé toute ma vie, nous coupa durement une voix dans le dos du jeune garçon.

-Elizabeth...

- Préparez l'entrainement, ordonna-t-elle en coupant Rufio.

Puis elle repartie comme elle était venu. Tous les garçons se levèrent et partirent sauf La Puce qui restait sur mes genoux.

-Et Lizzie, c'était ton amoureuse avant ?!

-Arrêtes de poser des questions idiotes et va rejoindre les autres ! ordonna Rufio.

-Oui c'était mon amoureuse mais tu dois pas le dire, lui chuchotais-je.

Il plaqua ses mains sur sa bouche et partie en courant. Je me levais pour faire face au « chef Pan ».

-Le fameux Peter Pan. Elizabeth m'a dit beaucoup de mal de toi.

-Ah oui ?! Parce que toi elle ne m'en a pas parlé du tout.

-Le lâche qui abandonne son ile et la fille qu'il prétend aimer.

-Je ne lui ai jamais menti à ce sujet. Et je ne l'ai pas abandonné.

-Alors comment tu expliques le fait que tu n'aies pas prit une ride alors que tu as disparu pendant trois décennies ?

-Je ne saurais l'expliquer mais je ne saurais pas non plus mentir à Elizabeth.

-Tu parle d'un ami. Elle a t'en pleuré pour toi. Elle a versé tant de larmes que tu ne mérites même pas.

-Aucun garçon ne mérite ses larmes. 

Je n'ai jamais voulu t'abandonner.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant