Chapitre 7

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Je descendis à la cascade pour enlever toute la nourriture qui m'acculait mon corps. Lorsque j'arrivais, une silhouette y était déjà. Je m'approchais et reconnus Lizzie. Je vous rassure elle portait toujours ses vêtements. Et une fois de plus je fus frappé par sa beauté. On ne voyait pas grand-chose, mais même en pleine nuit, elle était magnifique. Le jour, elle brille sous le soleil, la nuit, elle scintille parmi les étoiles. La pleine lune lançait ses rayons argentés sur toute la crique, et les lucioles qui dansaient autour de nous rendaient l'atmosphère encore plus magique.

J'enlevai mon teeshirt et entrai dans l'eau. Les clapotis que je créais alertèrent la jeune fille, qui se retourna vers moi. Je m'approchai d'elle et on restait là, à se regarder sans bouger, sans prononcer un mot. Au bout de plusieurs longues minutes, j'eu le courage de briser le silence :

-Je suis vraiment désolé. Même si ce n'était pas voulu je t'ai fait souffrir et... ça me tue.

Elle ne répondit rien. Maintenant plus proche d'elle je pouvais voir que ses joues étaient plus roses, et ses yeux plus pétillants que la veille. Cette bataille de purée a dû lui faire du bien. Et je me réjouissais déjà de cette petite victoire, mais c'était loin d'être suffisant.

-Je te jure que je ne suis partie que deux ans.

Elle ne prononça toujours pas le moindre mot, mais ses yeux restaient emboités dans les miens.

-Lizzie ? Parle-moi... je t'en supplie.

-Quand tu m'as dit que tu voulais aller voir Wendy, je n'ai pas pu m'empêcher d'être jalouse. Mais je n'ai rien dit parce que, je savais qu'elle comptait beaucoup pour toi et que ça faisait presque dix ans que tu ne l'avais pas vu. Mais en ne te voyant pas revenir, j'ai paniqué. Je suis retourné à Londres, chez les Darling. Et quand elle m'a dit que tu étais parti des heures avant mon arrivé, je suis immédiatement rentré, pensant que je t'avais peut-être loupé. Mais tu n'étais pas à la maison. Je t'ai cherché partout. Ensuite avec Clochette, on a parcouru toute l'Angleterre, plusieurs fois. On a même traversé l'Ecosse. Tu n'étais nulle part. Pendant cinq ans je... je ne mangeais plus, je ne dormais plus... je pleurais toutes les nuits. J'ai brulé l'arbre du pendu. Il renfermait trop de souvenirs trop douloureux. Et puis un jour, Clochette est revenu avec Rufio. J'ai voulu qu'il parte parce que... parce que personne ne peut te remplacer. Mais elle ne m'a pas laissé le choix. Et puis il était si gentil avec moi. Il séchait mes larmes sans même en savoir la cause. J'ai fini par m'ouvrir à lui. Je lui ai appris à se battre et à voler. Mais il a toujours eu besoin de poussière de fée. Et moi, depuis ce jour, je ne sais plus voler de mes propres ailes. Parce que, quand je l'ai accepté, c'est comme si je t'oubliais pour de bon. Je te remplaçais. Et puis, j'ai fini par te détester. Je pensais que tu étais partie avec une autre fille. J'étais tellement en colère. Clochette ramenait de nouveaux enfants perdus presque une fois par mois pendant deux ans, ou peut-être trois. Mais je n'arrivais pas à les accueillir comme il se doit. J'ai été si froide avec eux, ne leur donnant pas une image chaleureuse du Pays Imaginaire. Mais avec le temps, j'ai fini par me reconstruire, reconstruire une famille. Ma famille. Celle qu'on s'était promis. Je leur ai bien sûre parlé de toi. Certains avaient déjà entendu parler de Peter Pan, ce célèbre conte pour enfants. Alors j'étais contrainte de leur parler de toi. Et ça m'a fait tellement de mal. Pendant plus de vingt-cinq ans... j'ai ruminé ma colère envers toi. J'ai juré que lorsque je te reverrai, je te tuerai. Mais quand tu es arrivé, je... trop d'émotion se sont bousculées en moi.

Les larmes dévalaient ses joues. Je la pris dans mes bras et enfonçai mon visage dans son coup. Dieu que cette odeur boisée m'avait manqué. Comme la tenir contre moi m'avait tant manqué. Sentir ses cheveux chatouiller mon nez, ses petites mains posées contre la peau nue de mon dos. Et même si je n'ai jamais supporter la voir pleurer, ce soir, cela m'a fait du bien. Pouvoir la consoler me fit du bien.

-Je suis vraiment désolé.

-Moi aussi. Je suis désolée de ce que j'ai fait de l'ile. Elle était pleine de vie et de couleurs avant. Je l'ai laissé mourir. On n'a jamais refait de fêtes avec les indiens, on, on n'a jamais fait de jeux comme avant. Je suis... je suis devenu une cheffe tellement mais tellement mauvaise. Je m'en veux.

-Il ne faut pas. Tu étais triste et en colère. Ce n'est surtout pas ta faute. Du jour au lendemain tu t'es retrouvée seule, sans la moindre explication. Et pendant des années et des années tu as vécu en pensant qu'on t'avait abandonnée. Mais c'est quand même étrange, je suis sûre de n'être partie que deux ans. Sinon j'aurais quoi ? Cinquante ans aujourd'hui.

-Je ne sais pas. Clochette avait dit qu'elle pensait que l'éclipse avait...

Soudainement, comme si elle venait de découvrir tous les secrets de l'univers, elle ouvrit grand les yeux, la bouche formant un O parfait.

-Quoi ?

-Attends, attends. C'est possible.

-De quoi ?!!

-Deux ans après que tu sois partie, il y a eu l'éclipse.

-Celle qui a lieu tous les trente ans ?

-Oui. Et cette fois si, une sorte de... grand éclair à balayé le Pays Imaginaire. Mais, ce n'était jamais arrivé avant. Et pile trente ans plus tard, il y a eu la même éclipse, il y a trois jours, et une comète est tombé de l'étoile. Tu penses que...

-J'ai traversé l'étoile au moment de l'éclipse et ça m'a mené trente ans plus tard...

-Oui. Mais pour toi le voyage a été instantané.

-Alors que toi tu as vécu les... Oh mon dieu ! je suis désolé. Si je ne le l'avais pas traversée à ce moment-là tu...

-Tu ne pouvais pas savoir Peter. Ce n'est pas ta faute.

-Je m'en veux.

-Tu ne dois pas. Je suis désolée d'avoir été si dure avec toi. J'aurais dû t'écouté je...

-Ce n'est pas ta faute.

-Disons... qu'on est tous les deux en tort ?

-Oui.

On se fixa dans les yeux, sans dire un mot. Non visages se rapprochaient dangereusement. Nos lèvres étaient à quelques millimètres de l'autres quand :

-Lizzie !!! Lizzie tu es où ?!!

La jeune fille appuya sur mon crâne, me faisant rentrer complètement dans l'eau.

-Lizzie ?!

-Oui mon chou ? Qu'est-ce qui t'arrive ?

-Ça fait longtemps que tu n'as pas chanté.

-Tu veux que je chante pour vous ?

-Oui s'il te plait.

-J'arrive mon grand.

-Ouaiiiiiiiis !!!!!!

La pression qu'elle exerçait sur ma tête disparut et elle me tira le bras, me ramenant à la surface, où j'inspirai une immense gorgée d'air.

-Désolée. J'ai paniqué.

-T'inquiètes. Ch'uis un dur.

-T'es surtout un idiot, ria-t-elle. Bon je... je vais y'aller.

-Ouais. Je vous rejoins.

-D'accord. A tout à l'heure.

-Attends !!

Je couru vers la jeune fille et lui sautai dessus. Elle tomba dans l'eau, moi au-dessus d'elle, et se retrouva entièrement mouillée.

-Maintenant on est quitte, riais-je avant de partir en courant.

-Tu ne perds rien pour attendre Peter Pan !!!

Je n'ai jamais voulu t'abandonner.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant